DOSSIER : La diaspora italienne, les frères Revelli
Suite du tour du Monde de Calciomio à la rencontre des footballeurs enfants d’immigrés italiens. D’une diaspora qui a semé çà et là des talents du ballon rond. Comme les frères Revelli, Patrick et Hervé, qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire de l’AS Saint-Etienne dans les années 1970. Un troisième frère, Daniel (1940-2019) ayant joué une saison en Division 1 à l’AS Aix, composait également cette fratrie de footeux.
Les enfants des bassins miniers
L’histoire de la famille Revelli en France débute comme des centaines de milliers d’autres. Les Revelli quittent le Piémont en quête d’un monde meilleur. Direction les bassins miniers de la Meuse. L’aîné Daniel naît en 1940 à Bouligny, Hervé en 1946 à Verdun. Puis toute la famille refait ses valises pour le Sud de la France, mais toujours à la mine. Cette fois, le bassin de Gardanne, dans le Pays d’Aix. C’est à Mimet que naît Patrick en 1951. Leur destin est quasiment scellé : ils deviendront, comme quasiment tous les garçons du coin, des Gueules noires. A moins qu’un élément ne les extirpe des fonds. Ce sera le ballon rond.
Leur père mineur aussi se débrouille pour leur trouver des jobs et leur éviter la mine. Tous les fils Revelli signent leur licence à l’AS Gardanne. Qui sait s’ils étaient dans les tribunes en 1960 pour vivre l’exploit du club des mineurs évoluant alors en PHB avec Isidore Pardo, père de Bernard, pour capitaine : battre Toulouse (3-2) en seizièmes de finale de Coupe de France.
A Saint-Etienne, pour y vivre un rêve éveillé
Si le défenseur Daniel restera jouer au foot dans le Sud, les attaquants Hervé (en 1964) et Patrick (en 1968) intégreront les équipes de jeunes de l’AS Saint-Etienne qui est déjà, à cette époque, un grand de l’Hexagone. Coïncidence ? C’est une nouvelle fois dans un pays minier que les Revelli atterrissent.
Alors, qui c’est les plus forts? Evidemment c’est les Verts ! Et les frères Revelli vont y être pour beaucoup. Très vite, ils s’incorporent dans le groupe pro et deviennent des pièces maîtresses des années « Herbin-Rocher » qui fera chavirer la France entière, de Geoffroy-Guichard à la triste finale de Glasgow.
Hervé Revelli c’est tout simplement 7 titres de Champion de France, 4 Coupes de France et cette fameuse finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions perdue face au Bayern (0-1) de Beckenbauer. A cause, dit la légende persistante, de poteaux carrés. A titre individuel, l’avant-centre a décroché deux titres de meilleur buteur et un titre de meilleur joueur de D1. Il est à ce jour le meilleur buteur de l’Histoire des Verts, avec 274 réalisations.
Quant à Patrick, reconnaissable grâce à ses cheveux longs et ses énormes moustaches qui lui vaudront le surnom de « Gaulois », il glane 4 titres de Champion, 3 Coupes de France et… la finale de Glasgow !
Parmi les meilleurs joueurs français de l’époque, les Revelli porteront à plusieurs reprises le maillot de l’Equipe de France. Surtout Hervé : en 30 sélections, il marque 15 buts. Pour le petit frère Patrick, les capes sont au nombre de 5. Dommage qu’alors, la France jouait dans l’arrière-cour du football mondial.
En 1976, la défaite a été traumatisante. La descente « triomphante » sur les Champs-Elysées ne suffit pas à redonner de l’élan à cette génération dorée. Tous partent, ou presque. Hervé quitte « Sainté » en 1978 pour terminer tranquillement sa carrière à Châteauroux en 1983. Pour Patrick, la page verte se tourne la même année. Il vivra quatre belles saisons dans un autre bastion ouvrier : Sochaux. Il y récoltera un titre honorifique de vice-champion en 1980 et une demi-finale de la Coupe UEFA en 1981. Puis raccrochera les crampons en D2 à Cannes en 1984.
Une fois leur carrière terminée, les deux hommes reviendront dans la région stéphanoise. Qui entraînera des clubs amateurs ou des équipes de jeunes, qui aura le rôle d’ambassadeur de l’AS Saint-Etienne, qui entrera en politique. Les Revelli, toujours porteurs d’un caractère en acier trempé, « comptent » encore dans le Forez et la passion des supporters à leur égard est intacte. Une juste récompense pour ces fils de mineurs italiens qui ont réussi à voir la lumière.
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