DOSSIER : La diaspora italienne, Enzo Scifo

Par Christophe Mazzier publié le 19 Fév 2019
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Calciomio vous emmène à la rencontre de ces joueurs nés en dehors de l’Italie, issus de la Diaspora italienne, qui ont laissé une empreinte indélébile dans les cœurs des tifosi.
Créateur, numéro 10 à l’ancienne, le « petit Pelé du Tivoli », surnommé ainsi en référence aux origines siciliennes de ses parents, sera l’un des piliers de l’équipe de Belgique pendant 4 coupes du monde, compétition dans laquelle il marquera 18 buts pour 84 matchs.

Une immigration Belge

Ses parents sont arrivés de Sicile en Belgique dans les années 50 comme beaucoup de « Gueules noires ». A cette époque, l’Italie et la Belgique nouait un partenariat économique, en échange de la mains d’oeuvre transalpine, le Royaume envoyait du charbon dans la péninsule.

Vincenzo, dit Enzo, Scifo, voit le jour en 1966 en Wallonie. Ses débuts de petit prodige, il les commence en trafiquant sa licence en équipe de jeune pour jouer avec son grand frère dans un club local. Il est recruté par Anderlecht en 1982 pour s’y imposer à tout juste 17 ans en 1983. Il y glane 3 titres de champions de Belgique, est élu meilleur joueur et soulier d’or du championnat à 18 ans.

En 1984 il est appelé en équipe nationale belge. Il aurait pu jouer pour la Nazionale mais il choisit les Diables Rouges. Il participera donc à l’euro 84 avec la Belgique (l’Italie est éliminée en qualification). Il les guidera jusqu’en demi-finale en 1986 au Mexique, et se fera éliminer par le futur champion du monde, l’Argentine. Pendant cette compétition, il sera élu meilleur jeune du tournoi. A l’issue du Mondial, tous les grands clubs européens vont se l’arracher.

Une première expérience italienne mitigée

Il va débuter son expérience italienne en 1987, à l’Inter, orpheline d’un Karl-Heinz Rummenige parti au Servette de Genève, et qui a fini 3ème du dernier Championnat. Il y signe un contrat de 3 ans. Son acclimatation est difficile au côté des Passarella, Bergomi, Ferri et autres Serena, les nerazzuri vont terminer la saison à une décevante 5ème place. Scifo n’a pas la confiance de Trapattoni et l’Inter décide de le prêter en fin d’année afin qu’il s’aguerrisse dans une autre équipe. Cette expérience au sein de la Beneamata sera la 1ère et dernière d’Enzo malgré un bilan plus qu’honorable de 44 matchs et de 6 buts marqués.

La relance à Auxerre

En prêt il posera ses valises en France à Bordeaux. Malheureusement il arrive dans un vestiaire à l’ambiance délétère, et les blessures l’empêchent d’atteindre la plénitude de ses moyens. Guy Roux sentant le bon coup le relance la saison suivante, et va lui permettre de rebondir. En 1991, à l’issue de ces 2 années réussies à l’A.J. Auxerre pendant lesquelles Enzo Scifo aura montré tout son talent de meneur de jeu, il doit revenir à l’Inter, avec qui il a signé un nouveau bail. Toutefois malgré les promesses du club, il est désormais barré par un trio allemand Brehme-Matthaus-Klinsmann, qui occupent les 3 places dévoyées aux étrangers.

Cette situation pousse Scifo au bras de fer avec l’Inter car il ne veut plus être prêté et dénonce les engagements des dirigeants interistes à le faire jouer. C’est la rupture. Malgré des offres de nombreux clubs européens, il choisit le Torino qui rachète son contrat cette année-là.

Le Torino lui ouvre grand les bras

Sur le papier les Grenats sont séduisants, Enzo se retrouve au milieu de joueurs tels que Martin Vasquez, Gigi Lentini, Casagrande et il capitano Cravero. Deux belles saisons et puis s’en va. Ils atteignent une finale de Coupe Uefa perdue, au désavantage des buts à l’extérieur, contre une belle Ajax d’Amsterdam, dans laquelle évolue un certain Denis Bergkamp, et une finale de coupe d’Italie gagnée contre la Roma en 1993. Il sera, pendant cette expérience grenat, l’un des rouages d’un milieu de terrain technique et de caractère. Il inscrira la bagatelle de 20 buts en 80 matchs sous les ordres de Mondonico.

Une fin de carrière gâchée par les blessures

En 1993, il quitte Turin pour poser ses valises à Monaco. La 1ère année il atteindra la demi-finale de la Champions League, défait par le Milan AC et participera, malgré les blessures, en 1997, à l’épopée de l’équipe emmenée par Tigana, au titre de champion de France. Ensuite il retourne en Belgique à Anderlecht.

Lors de la saison 2000-2001, après avoir étalé toute sa classe et sa science du placement sur les terrains européens, joué plus de 484 matchs et participé à 4 phases finales de coupe du monde, les blessures le contraignent d’arrêter sa carrière de joueurs, à Charleroi, à 36 ans suite à une infection contractée lors d’une intervention chirurgicale en 2000 à l’épaule droite.

Lors de son transfert à l’Inter en 1987, Platini dit de lui : « C’est le seul joueur européen qui peut se prévaloir d’être mon héritier ». Numéro 10 à l’ancienne, il n’aura pas, hormis une technique et une vision de jeu au dessus de la moyenne, remporté de ballons d’or mais il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands joueurs de sa génération.

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