DOSSIER : la diaspora italienne, Cristante une histoire canadienne

Par Christophe Mazzier publié le 30 Juin 2021
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Alors que cet Euro 2020 nous tient en haleine, nous allons faire une pause, un instant pour discourir de la trajectoire de ces Italo-canadiens, rendue propice pour garnir notre dossier Diaspora par la conjonction de la présence d’un binational italo-canadien dans l’effectif de Mancini, Bryan Cristante, et par l’achèvement du mois de juin au pays à la feuille d’érable, qui célèbre tous les ans le mois de l’ « Italian Heritage Month » au Canada, en souvenir de l’apport de cette immigration pour le pays.

La recherche d’un paradis extra territorial

L’immigration italienne au Canada connait deux grosses périodes. La première a lieu à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème puis après la seconde guerre mondiale jusqu’à la fin des années 60. Les premières vagues d’émigration du sol italien vers celui américain coïncident avec l’avènement de la machine à vapeur et des trajets transatlantiques, qui sont devenus plus sûrs et surtout moins chers. Tout comme aux Etats-Unis, l’extension des voies ferrées et l’expansion économique canadienne vont créer une demande de main d’œuvre exponentielle.

Si le rêve des Amériques fait de l’œil aux personnes les plus démunies qui y voient, dans les retours de certains immigrants ayant fait fortune au delà des mers, un eldorado, de nombreux articles de l’époque mettent en lumière un système bureaucratique « mafieux ». D’une « route vers l’or », recrutant surtout dans un premier temps dans les campagnes du sud de l’Italie, de Calabre, des Abruzzes, de Molise et de Sicile, et qui ancre ses bureaux à Chiasso à la frontière italo-Suisse, jusqu’aux villes de Montreal ou Toronto, pour les plus chanceux, et dans le nord sauvage du Canada pour les plus démunis.

Une immigration dynamique

Ce système des Padroni (agents de recrutement), que l’on retrouve aussi aux Etats-Unis, est tellement sans scrupule (dessous de table des entreprises du territoire, conditions de travail inhumaines, prostitution des femmes, des droits de passage pour les familles très élevés… ) qu’il pousse même l’Etat italien à envoyer des émissaires pour effectuer des rapports qui permettront de lutter contre ces méthodes migratoires abusives.

Ensuite, la crise économique des années 30 passe par là, le réseau de solidarité italien permettra aux Italo-canadiens de s’en sortir, il faudra attendre la fin de la seconde guerre pour revoir une immigration qui va exploser jusqu’à devenir en 1958 la première colonie étrangère du territoire devant même les cousins Anglais. Le dynamisme de cette communauté va amener à rebaptiser, grâce aux forces centripètes, les quartiers de Little Italy, notamment à Toronto qui accueille la plus forte proportion du contingent, et plus particulièrement la famille du père de Bryan Cristante.

Un soccer dynamisé par les Italiens

Parce que si les Italiens ont amené leurs bras aux constructions et mines nord-américaines, ils ont aussi apporté leurs pieds et ont permis de développer le Soccer. Jusqu’en 1997, il n’était pas rare de voir dans le championnat canadien, l’équipe de Toronto Italia (devenu Toronto Falcons en 1997) ou le London Marconi, ou les Sudbury Italia, glaner des titres de champions.

Si Bryan a un prénom américain, il le doit donc à son père qui est né au Canada, d’ascendance italienne, alors que sa mère est italienne. La question du choix de l’équipe nationale s’est posée pour le joueur de l’AS Roma, à qui Octavio Zambrano, le sélectionneur des rouges et blancs de l’époque, faisait les yeux doux jusqu’à sa première sélection, avec la Nazionale, offerte par Ventura, alors qu’il avait 22 ans, en remplacement de Pellegrini.

Si Bryan est né dans le Frioul, il s’agit d’un retour aux origines pour son père qui comme 35% des migrants d’après-guerre avait des aïeuls au sein de ce territoire du nord. Toutefois, la mariage n’a pas toujours été un long fleuve tranquille entre Canadiens et les citoyens originaires d’Italie. Le 27 mai dernier, le premier ministre canadien Trudeau s’est excusé publiquement, auprès de la communauté transalpine, pour l’enfermement dans des camps de 600 hommes italo-américains et la mise sous surveillance de 31 000 autres car ils étaient catégorisés comme étrangers ennemis lors de la Seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui, la communauté italo-canadienne compte 1,3 million de personnes d’ascendant italien, l’une des plus fortes proportions au monde.

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