DOSSIER : Les plus grands duels franco-italiens : Italie-France 1938 (amical)

Par Sébastien Madau publié le 23 Mar 2021
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Depuis plus d’un siècle les confrontations entre formations italiennes et françaises offrent des rencontres de légende. Des duels souvent épiques, qui ont contribué à la légende de ce sport. Calciomio vous propose de revivre ces parties mémorables, avec lors de ce rendez-vous la victoire de la Nazionale (1-0) face à la France en 1938 à Naples. Une partie tendue – la 17e entre les deux pays – précédant de quelques mois l’entrée en guerre au cours de laquelle les deux Nations seront ennemies.

Un match sur fond de montée du fascisme

En premier lieu, cette rencontre a trait de revanche pour les Français. En effet, quelques mois auparavant, le 12 juin à Colombes, les Bleus avaient été éliminés par les Azzurri (3-1) en quart de finale de la Coupe du Monde. Les hommes de Vittorio Pozzo filaient alors vers leur deuxième titre mondial consécutif, après le sacre à domicile de 1934.
Mais lorsque Français et Italiens s’affrontent à nouveau au mois de décembre suivant, beaucoup d’eau a passé sous les ponts. Surtout en géopolitique. L’axe Rome-Berlin est plus solide que jamais et le 5 septembre, le pouvoir fasciste a fait promulguer les honteuses lois raciales bannissant les juifs italiens de la société transalpine. A cette période, le sentiment anti-Français est grand en Italie. En effet, l’Hexagone sort de deux années de Front populaire (1936-1938) . L’expérience a capoté mais elle a suffi à exacerber le sentiment « anti-rouges » du Duce.

La foule conspue Ben Barek

Il n’en fallait pas plus pour la foule napolitaine en délire pour donner à cette partie une lecture toute particulière. Les tribunes du stade Partenopeo sont pleines à craquer. Un joueur français s’attire plus que ses co-équipiers les foudres des tifosi : Larbi Ben Barek. Tout d’abord parce que son talent met sous l’éteignoir plusieurs défenseurs italiens. Ensuite, à cause de sa couleur de peau. Celui que l’on surnommera « La Perle Noire » se souviendra longtemps de sa premier sélection avec l’Equipe de France.

A vrai dire, le public français n’avait pas été beaucoup plus accueillant lors des matchs de la Nazionale en France durant le Mondial. Les sifflets du public venaient notamment sanctionner des joueurs italiens, bourrés de talents footballistiques, mais qui avaient le tort pour eux d’endosser un maillot noir rappelant les chemises mussoliniennes de la même couleur. Sans parler du salut romain effectué lors des hymnes. Et si les joueurs italiens misaient sur le soutien de la forte et influente diaspora italienne en France, c’était sans compter sur le fait qu’elle était majoritairement composée d’exilés antifascistes.

Sur le terrain, car oui il y a bien eu un match malgré le contexte extra-sportif pesant, l’Italie l’emporte malgré l’absence de son joyaux Giuseppe Meazza, sous les yeux de Vittorio et Bruno Mussolini, les fils du Duce. Amedeo Biavati inscrit le seul but du match à la 32e minute en battant le portier français René Llense. Ce dernier a remplacé dans les buts français le jeune Laurent Di Lorto, provençal d’origine italienne qui avait raté son match contre l’Italie en Coupe du Monde et s’était attiré les critiques du public français. Cela sera sa dernière apparition en bleu. Ce match sera d’ailleurs également le dernier pour le double champion du Monde Giovanni Ferrari. Mais plus largement, les matchs de cette période seront quasiment les dernières grandes sensations sportives vécues par toute une génération de footballeurs dépassés par les enjeux géopolitiques et la folie de la guerre.

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Feuille de match
Match amical, dimanche 4 décembre 1938, Stade Partenopeo de Naples.
Italie : A. Olivieri, Foni, Rava, Serantoni, Andreolo, Locatelli, Biavati, Demaria, Piola, Giovanni Ferrari, Colaussi. Sélectionneur : Vittorio Pozzo.
France : Llense, Vandooren, Mattler, Bourbotte, Jordan, Diagne, Aston, Ben Barek, J. Nicolas, Heisserer, Veinante. Sélectionneur : Gaston Barreau.
Arbitre: Jan Langenus (Belgique).

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