Serie A suspendue : une machine de 3,5 milliards d’euros à l’arrêt

Par Grégory Canale publié le 19 Mar 2020
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Avant même l’arrêt total du football européen, la suspension de la Serie A a été décidée dès le 10 mars. Le gouvernement italien n’a eu d’autre choix que de mettre le pays en pause, pour combattre la pandémie de coronavirus. Cette période ne restera pas sans conséquence sur la santé économique du calcio. Elle reprenait pourtant des couleurs ces dernières années.

Ce que pèse le football italien

Le football, pratiqué par 4,6 millions d’Italiens, a été contraint à une sortie provisoire jusqu’à mai au moins. Le sport roi dans la péninsule représente 0,19% du PIB national, d’après une étude de la FIGC et du cabinet d’audit PwC. Les Serie A, B et C pèsent 3,5 milliards d’euros. Une marque en constante augmentation : +6% entre les saisons 2016/2017 et 2017/2018. La hausse grimpe même à 24% depuis l’année 2016.

Et cela ne comprend pas tous les secteurs gravitant autour du milieu comme les diffuseurs ou encore les paris sportifs, qui génèrent à eux seuls 9,1 milliards d’euros. La valeur du football italien est calculée à partir de plusieurs données. Dans le détail, ce sont les droits télévisés – d’un montant d’1,31 milliards d’euros – qui représentent la plus grosse part du gâteau. Viennent ensuite les gains générés par les clubs (777 M€), les contrats de sponsoring (575 M€) et les recettes liées aux stades (341 M€).

Une affaire lucrative pour l’État également. En dix ans, le calcio a versé près de 11 milliards d’euros de contributions fiscales. À cette valeur s’ajoute aussi l’impact socio-économique du football en Italie. Il est estimé à 3 milliards d’euros par la FIGC et l’UEFA. Dans la péninsule, le ballon rond fait travailler 98.000 personnes. C’est donc une grosse machine qui s’est enrayée avec la suspension de l’ensemble des championnats transalpins.

Un impact sans précédent sur les clubs

Difficile pour l’heure d’estimer l’étendue des dégâts. Dans son édition du 7 mars 2020, la Gazzetta dello Sport avait enquêté sur les conséquences d’un mois de matches de Serie A à huis clos. Une formule d’abord décidée par les autorités, avant la suspension totale des compétitions. Le quotidien avait estimé à 20 M€ les pertes totales des clubs, rien que pour la billetterie et les abonnements. L’addition sera donc encore plus salée avec plusieurs mois d’arrêt. D’autant que les recettes des stades, chiffrées au total à 250 M€ par an, représentent environ 12% du chiffre d’affaires des équipes professionnelles.

Un coup de massue qui intervient au moment même où le championnat s’offrait une cure de jouvence dans ses tribunes, avec une affluence moyenne de 27.000 spectateurs cette saison. Du jamais vu en 20 ans. L’argument aurait pu être de taille pour renégocier à la hausse les droits TV avec les diffuseurs. Mais leurs ventes pourraient bien être ralenties désormais avec le contexte pandémique actuel. Tout comme les investissements des clubs, notamment concernant les projets de nouveaux stades tant attendus.

C’est aussi la valeur des joueurs qui va subir les conséquences de la suspension jusqu’à nouvel ordre. Pendant plusieurs semaines, les footballeurs vont être éloignés des terrains et des caméras, et leur cote sera forcément revue à la baisse. Un exemple : Sandro Tonali. Son très bon entame de saison à Brescia et l’intégration réussie en Nazionale a fait grimper son prix de vente à 70 M€. Mais il ne pourra pas transformer l’essai sans l’Euro 2020 et sa valeur marchande sera moindre.

Lo Stato au chevet du calcio

Les clubs italiens, et surtout ceux avec les plus petits budgets, risquent donc de se diriger vers une crise économique. Pour tenter de l’endiguer, l’État italien va intervenir. Le ministre des Sports Vincenzo Spadafora l’avait promis dès le 12 mars : « Nous sommes en train de légiférer pour suspendre provisoirement les contributions fiscales et les cotisations sociales des clubs ».

C’est désormais chose faite. Le décret « Cura Italia » permet aux acteurs du sport, entre autres, d’interrompre ces versement à partir du 20 mars et jusqu’au 30 avril prochain. Pour le football italien, cela représente une économie non négligeable de près de 100 M€ au total. Sera-ce suffisant pour éviter au calcio une dégringolade financière ? Pas sûr.




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