Avec la finale de la Coupe des clubs champions 1972, l’Europe est témoin des derniers soubresauts de ce qui fut la Grande Inter. Ivanoe Fraizzoli est devenu le président de l’Inter Milan en 1968, Giovanni Invernizzi est l’entraîneur depuis la saison 1970-1971 et Peppino Prisco en est toujours vice-président.

La qualification :

C’est la cinquième participation de l’Inter en Coupe des clubs champions. Elle n’a plus participé à la compétition depuis la finale de 1967 perdue contre le Celtic Glasgow. L’arrivée de l’Inter en finale cette année-là constitue un miracle en soi puisqu’elle passe laborieusement toutes les étapes, sauf la première contre l’AEK Athènes durant laquelle elle a su prendre une avance considérable à l’aller et la gérer au retour. Son huitième de finale contre le Borussia M’gladbach est rocambolesque, en effet, au match aller qui a lieu à Mönchengladbach, les nerazzurri subissent l’une des plus cuisantes défaites de l’histoire de leur club, puisque les Allemands l’emportent 7-1 ! Sauf qu’un incident est survenu à la 29′, alors que le score était de deux buts à un. Roberto Boninsegna, le buteur de la soirée pour l’Inter est heurté à la tête par une canette de coca lancée par un supporter allemand. Comme dirait Thierry Roland : « Il suffit d’un ou deux excités. » Boninsegna est blessé et Ghio le remplace pour le reste de la rencontre. L’Inter dépose un recours devant l’UEFA et son avocat et vice-président Peppino Prisco convainc les instances du football européen : le résultat est annulé et la partie doit être rejouée sur un terrain neutre après le match de San Siro. L’Inter se prépare mieux et l’emporte 4-2 chez elle. Le match retour se joue retour à Berlin-Ouest et se termine par un 0-0. Le jeune gardien de l’Inter Ivano Bordon – d’habitude remplaçant de Lido Vieri – est le grand protagoniste de ces matchs. L’Inter remporte par la suite le match aller de son quart de finale face au Standard de Liège, mais perd le match retour ; les interistes ne franchissent ce tour que grâce à un but marqué à l’extérieur. En demi-finale, les nerazzurri retrouvent leurs vieilles connaissances du Celtic et ça donne deux matchs sans but et l’Inter passe aux tirs au but après les prolongations.

1er Tour:
Inter-AEK Athènes 4-1
AEK Athènes-Inter 3-2

8ème:

Inter-Borussia Mönchengladbach 4-2
Borussia Mönchengladbach-Inter 0-0

Quarts:

Inter-Celtic 0-0
Celtic-Inter 0-0 (4-5 TAB)

1972 : L’Ajax fait le ménage (Hiver).

L’Inter est opposée à l’Ajax d’Amsterdam pour le grand soir. Ce 31 mai 1972, les tenants du titre jouent la finale dans leur pays, mais dans le stade de leurs rivaux de Rotterdam. Les cadres de l’Inter n’ont pas atteint les âges canoniques des stars du Real 1964 – Facchetti et Mazzola ont 29 ans – , mais dix ans au plus haut niveau, ça use les souliers. Cinq joueurs interistes seulement ont participé à des finales de Coupe des clubs champions, ils auraient pu être plus nombreux, mais Mario Corso a été suspendu des compétitions européennes pour un an pour avoir donné des coups de pieds à l’arbitre du match de Mönchengladbach qui s’était soldé par un 7-1. Du côté amstellodamois, il y a des joueurs extraordinaires tels que Rudi Krol, Johan Neeskens et bien entendu Johan Cruijff. Les néerlandais ont aussi révolutionnés la manière de joueur au football et même si l’entraîneur inventeur du « football total » Rinus Michels a quitté Mokum pour rejoindre le Barça, ses idées continuent à vivre sous la férule de son remplaçant roumain ?tefan Kovács.

Comme d’habitude, les nerazzurri jouent la défensive et les joueurs de l’Ajax ne trouvent pas la clé du match. Les Néerlandais marquent un premier but de la main, qui est justement annulé et le score est toujours nul et vierge à la mi-temps.

Le tournant du match intervient aux retours des vestiaires avec un choc entre le gardien de l’Inter Bordon et l’un de ses propres défenseurs, tandis que Cruijff récupère tranquillement un centre et marque dans le but vide. Les joueurs de l’Ajax, rapides et mobiles, savent dorénavant qu’ils peuvent déjouer les plans défensifs des Italiens. C’est encore Cruijff qui inscrit le second but de son équipe à la 78′. Il le marque de la tête, ce qui est loin d’être sa spécialité.

L’Ajax tient son deuxième titre consécutif. Les supporters de l’équipe d’A’dam envahissent le terrain immédiatement après coup de sifflet final et les joueurs de l’Inter courent en direction des vestiaires. L’Europe salue la victoire d’un football offensif qui a mis à mort le catenaccio de façon définitive. Les joueurs de l’Ajax sont des J.E.D.I., c’est-à-dire des Jeunes Endurants Dynamiques et Intelligents et leur façon de joué a changé le monde du football. Est-ce la victoire totale du jeunisme ? Réponse : non. Du côté de l’Inter, on essaye un peu de faire porter le chapeau aux jeunes et inexpérimentés Bordon et Oriali. Au fil des ans, ces deux joueurs entreront néanmoins dans la légende de l’Inter Milan. 1972 marque finalement l’épilogue de la Grande Inter. C’est en réalité une mauvaise saison pour le club qui termine à la cinquième place de la Serie A.

AJAX-INTER 2-0 (0-0)

BUTEUR : Cruijff (47′, 78′)

AJAX : Stuy ; Suurbier, Hulshoff, Blankenburg, Krol ; Neeskens, Haan , Mühren ; Swart, Cruijff, Keizer. Entr: Kovács.

INTER : Bordon ; Bellugi, Giubertoni (20′ Bertini), Burgnich, Facchetti ; Oriali, Bedin, Frustalupi ; Jair (58′ Pellizzaro) , Mazzola, Boninsegna. Entr: Invernizzi.

ARBITRE : Robert Helles (France).

AVERTI : Boninsegna (84′).