Que ce soit par choix ou par confusion, il faut admettre que Prandelli n’a toujours pas de tactique prédéfinie pour aborder le Mondial. Défense à trois ou à quatre, attaquants de pointe ou de mouvement, milieux techniques ou physiques, il a presque tout essayé depuis sa prise de fonction aux commandes de la Nazionale en Juillet 2010. Nous vous proposons une analyse des possibilités qui s’offrent au sélectionneur. Après le 4312 et le 433, le 352 pour finir.

SYSTÈME ANTI “TIKI-TAKA”

Prandelli a commencé à s’intéresser à la défense à trois quelques jours avant Italie-Espagne, premier match de l’Euro 2012. La Juventus championne avec ce schéma, le Napoli troisième cette année là, bon nombre de joueurs du groupe italien connaissaient ce système sur le bout des doigts. Sous la pression médiatique, le sélectionneur délaissait son 4-3-1-2 pour un 3-5-2. Barzagli indisponible, il en a profité pour expérimenter De Rossi en position de libéro. Une belle intuition. Ce fut une franche réussite, la Nazionale tenant tête aux champions du monde et même à deux doigts de les battre, le schéma fut reconduit face à la Croatie mais bien vite abandonné au cours de ce second match. Retour du 4-3-1-2 made in Prando’, il faut dire que Cesare avait travaillé deux ans sur son schéma… Il n’allait pas laisser Conte et Mazzarri modeler sa Nazionale. On connait la suite, deux bons matchs face à l’Angleterre et à l’Allemagne, des équipes au jeu direct, mais une défaite monumentale en finale face aux mêmes Espagnols, avec 4-3-1-2 donc. Le bon Prandelli reconnaissait son erreur un an plus tard en resortant du placard la défense à trois face à la Roja en Coupe des Confédérations. Une nouvelle fois, l’Équipe d’Italie posait de sérieux soucis à Xavi & Co. Défaite aux tirs aux buts, certes, mais que d’occasions créées (et manquées) par les azzurri, le tout sans Balotelli (blessé) et avec un Gilardino fantomatique. Coïncidence ? Certainement pas. Le 3-5-2 (ou 3-4-2-1) qu’a proposé le sélectionneur italien a l’avantage de couvrir un maximum de terrain notamment en phase défensive. Le jeu de passe “handball” d’origine barcelonaise ne trouve alors plus aucune faille, les latéraux italiens sont “libres” de rester en quasi marquage individuel sur les ailiers Espagnols tandis que l’axe est complètement verrouillé par trois défenseurs axiaux et trois (voire quatre) milieux de terrains. Cela oblige l’adversaire à centrer, du pain béni pour les centraux italiens, ou frapper de loin. Le “Tiki-taka” peut alors se dérouler sans jamais (ou presque) inquiéter Buffon. La projection en phase offensive est très rapide avec des Maggio ou Candreva, et lorsqu’on oblige les espagnols à défendre, ils deviennent prenables. Ce système semble donc parfait pour affronter ce type d’adversaire qui mise beaucoup sur la possession de balle, le jeu rapide et les décalages. Espagne, Brésil, les bêtes noires de l’Italie, en somme.

À UTILISER AVEC PARCIMONIE

Cependant, ce système reste trop marginal pour être mis en place de manière permanente. Lorsque Prandelli l’a utilisé face à la Croatie à l’Euro donc, ou en Bulgarie trois mois plus tard, son équipe n’a pas réussi à imposer son jeu comme elle peut le faire avec le 4-3-1-2 (analysé ici) ou le 4-3-3 (ici). En quatre rencontres disputées avec la défense à trois, le bilan est de zéro victoire et zéro défaite (Espagne-Italie 2012 : 1-1; Italie-Croatie 2012 : 1-1; Bulgarie-Italie 2012 : 2-2; Espagne-Italie 2013 : 0-0). Il semblerait que, face à des formations contre lesquelles la Nazionale doit faire le jeu, ce système ne soit pas adapté. Prandelli aime dominer l’entre-jeu avec des joueurs techniques, mobiles et “interchangeables”. Or le 3-5-2 est trop rigide pour répondre à cette demande. Mais il offre une rigueur tactique diablement efficace, parfaite pour contrer des équipes quasi injouables.

ACTEURS ET ÉQUIPES TYPES

Quelque soit le schéma, vous remarquerez que Prandelli joue le plus souvent avec quatre vrais défenseurs, même en 3-5-2 ou 3-4-2-1. Cela permet, encore une fois, de pouvoir modifier sa disposition en cours de match si besoin. D’autant que cette tactique n’est pas du tout rodée en Équipe d’Italie, il est bon de se garder une issue de secours (passage à la défense à quatre en un claquement de doigts). Souvent, lorsqu’un défenseur joue sur le flanc droit, c’est un milieu latéral qui occupe le couloir gauche, et inversement. Mais si De Rossi évolue en libéro, on pourra voir deux arrières latéraux sur les ailes. La liste des 23 ne demande donc pas à être modifiée en profondeur si le sélectionneur décide de jouer ainsi. C’est simplement une possibilité de plus pour lui. Le 3-4-2-1 propose deux milieux offensifs faisant la liaison entre le milieu et l’attaque, tandis que le 3-5-2, plus offensif, permet d’installer deux vrais attaquants, dont un créatif (comme l’était Cassano à l’Euro 2012). Voici donc les deux options de formation les plus probables.

Le 3-5-2

Le 3-4-2-1

Voir aussi : Les options tactiques de l’Equipe d’Italie : le 4312
Voir aussi : Les options tactiques de l’Equipe d’Italie : le 433