C’est à Milan que Calciomio avait rendez-vous avec sa madrina Alessandra Bianchi, ça tombe bien, sa Roma va fort en ce début de saison, l’occasion de parler donc du club de son cœur mais aussi de son nouveau projet, l’application #foot.

Ciao Alessandra, alors 84 ans pour voir un entraineur français en Serie A, ça valait le coup d’attendre non ?

Comme on dit “meglio tardi che mai”, vive la France encore plus que d’habitude !

Et quelle a été ta réaction quand il a été nommé ?

Personnellement, j’avais des doutes même si je connaissais son travail à Lille, je me suis renseigné auprès des confrères pour en savoir plus, on m’a confirmé que c’était un bosseur qui a un super rapport avec la plupart de ses joueurs, capable de créer un groupe et qui a le souci du moindre détail. Mes doutes concernaient surtout l’accueil à Rome puisque l’on sortait de deux ans d’enfer, tout le monde attendait un entraîneur déjà réputé qui pouvait changer les choses, finalement c’est un coach totalement méconnu en Italie qui a débarqué. Je me demandais s’il allait avoir le temps de travailler, d’apprendre la langue et surtout vu que les tifosi n’ont plus de patience, la première erreur pouvait lui être fatale. Après Luis Enrique et Zeman, c’était un troisième pari d’affilé.

Et alors pourquoi ça marche avec lui et pas avec Luis Enrique et Zeman alors que les conditions sont sensiblement les mêmes ?

Je crois que l’approche est totalement différente, il ne s’est pas présenté avec arrogance et a demandé de l’aide à ses joueurs, lesquels croient en son projet. Luis Enrique le premier match officiel, il exclut Totti et on est éliminé de l’Europa League, il s’est tout de suite mis en guerre contre Rome en touchant – pas que le symbole – mais le meilleur joueur. Au final il a payé aussi des erreurs qui n’étaient pas les siennes et les joueurs auraient même voulu qu’il reste. Zeman, j’étais absolument contre, je ne crois pas à son utopie, il était déjà passé à Rome, c’est le coach qui a fait perdre quatre derbies sur quatre dans une saison, un record dont je me serais passé, mais surtout, je n’aime pas sa conception du foot. Tout à l’attaque, on s’en fout de la défense, Garcia prouve le contraire comme tous les coachs gagnants finalement. Tu passes par la solidité défensive et après il y a le reste, c’est prouvé dans l’histoire. On pouvait éviter ce pari, les résultats étaient là en 30 ans de carrière.

Comment as-tu vécu la finale de la Coupe d’Italie ?

Comme tout supporter de la Roma, c’était une énorme déception, surtout la façon de perdre sans réagir, je n’ai pas vu une finale spectaculaire et une équipe écraser l’autre, ça a fait encore plus mal aux gens, tu peux perdre, mais tu dois mouiller le maillot. D’ailleurs là où Garcia a fait du bon travail, c’est d’avoir redonné de l’enthousiasme à un environnement blessé et critiqué, en réussissant à tourner la page. Si un scudetto arrive après une telle déconvenue, il aura sa statue à Rome à côté de Jules César.

C’est la plus forte Roma que tu as vu ?

Une des plus…pétillantes, plus forte non, je ne peux pas oublier celle de Capello qui gagne le titre ou celle de Spalletti et ses 11 victoires d’affilé ainsi qu’un jeu génial, c’est une Rome surprenante qui arrive à changer de visage, s’il faut être moche pour battre le Chievo, on n’hésite pas à l’être, s’il faut un beau visage pour affronter le Napoli, on a un beau visage.

Dans cette lutte qui est partie pour durer, qui crains-tu le plus entre la Juventus et le Napoli ?

La Juve, elle a plus l’habitude, des joueurs plus méchants entre guillemets et Conte qui est un entraineur plein de rage et d’envie de gagner, très hargneux. Le Napoli me plait beaucoup, Benitez a trouvé l’environnement qui lui correspond, ce qui n’était pas le cas à l’Inter, mais la Juve a le coté caractériel qui fait la différence.

Il n’y a presque plus d’italiens à la Roma, ça ne te gâche pas un peu le plaisir ?

C’est un peu partout pareil désormais, après tous les joueurs deviennent romains quelque part. Je suis aussi ravi que De Rossi soit resté, je l’ai toujours défendu et l’âme romaine est importante, il y a également Florenzi qui arrive et qui est plus qu’un espoir, puis évidemment Totti, on a ces trois là de trois générations différentes, c’est déjà beaucoup. Maintenant le club a des propriétaires américains, on a gagné trois titres dans notre histoire, deux avec des coaches étrangers. Et puis pas exemple si je vois Benatia qui sauve un but contre le Chievo, je ne pense pas à sa nationalité marocaine.

Un mot sur Totti encore au top ?

C’est le Capitaine avec un C majuscule, point.

Parle-nous donc de ton nouveau projet #Foot.

Il s’agit du premier magazine sur application en France, c’est Nicolas Gettliffe avec qui j’avais travaillé à Onze Mondial qui m’a appelé dans l’équipe, moi je vais jouer numéro 10 ! Ça me plait énormément, car c’est la possibilité de faire découvrir aux français des histoires différentes, et pas seulement pour l’Italie, faire connaitre des personnages, des lieux légendaires ou inédits avec le recul nécessaire pour offrir aux lecteurs une autre vision du foot. L’intention n’est pas de se situer sur la même ligne éditoriale que les médias historiques, déjà formidables pourvoyeurs d’information et d’analyse à chaud, mais il s’agit de raconter de belles histoires et montrer l’envers du décor avec un regard décalé, objectif et respectueux. Ce sera lancé le 18 Novembre prochain…à propos j’attends beaucoup de gens sur mon compte Twitter qui sera lancé à l’occasion !

Le mot de la fin ?

J’embrasse tous les calcionautes dont je suis très fier d’être la marraine. Merci à vous !

Grazie a te Ale’, se vedemo

Les questions des calcionautes

Joel Torcheux : une dernière coupe du monde pour Francesco Totti ?

Je pense que quand tu quittes ta sélection sur un titre de champion du monde, tu as fini au top. Maintenant, ça dépend de sa condition physique, égoïstement je voudrais qu’il se concentre sur la Roma, un Mondial, c’est une énorme dépense physique, mais je peux comprendre l’envie du joueur de vivre une telle compétition au Brésil avec un sélectionneur qui l’apprécie.

Thomas Chelstowski : L’Inter peut-elle prétendre à se qualifier pour la Ligue des Champions ?

Oui bien sûr, Mazzarri est un entraineur costaud avec un caractère qui ne fait peut-être pas l’unanimité mais il a les idées bien claires. Génétiquement, c’est une équipe capable de tout.

Yohann Petit : Pensez-vous que Massimiliano Allegri soit un entraineur compétent ?

Il n’est pas le seul responsable de la situation, rappelons qu’il a gagné un scudetto même s’il y avait Ibra et que le jeu ne convainquait pas tout le monde, mais il a perdu de nombreux cadres qui étaient des piliers de l’équipe, il se retrouve avec Mexès-Zapata en défense par exemple. Son plus gros défaut est peut-être de ne pas savoir dire non à ses employeurs, au contraire d’un Capello.