“Toldone”, le grand Toldo, le numéro 1 le plus souriant de la planète vient de raccrocher ses gants à 38 ans. Cette décision a mis fin à près de vingt ans de carrière, essentiellement partagée entre la Fiorentina (où il a joué le plus de matchs) et l’Inter Milan, ce qui rappelle un peu le parcours de Giuliano Sarti, le gardien italien des années 1950 et 1960.

Francesco Toldo ne quitte cependant pas le monde du foot et son premier poste dans les coulisses de l’Inter sera de renforcer l’image de l’Inter Campus, une initiative qui vise à promouvoir le football auprès d’enfants issus de milieux sociaux défavorisés, en Italie et dans le monde. Pour l’anecdote, l’Inter Campus s’adresse aux 8-13 ans, or c’est justement à l’âge de 13 ans que Toldo a été mis pour la première fois dans les buts. Dans ses plus grands matchs, Toldone avait la fureur d’un berserk. Voici un choix de ces trois plus grandes prestations, une par équipe. Il y a bien sûr eu d’autres performances exceptionnelles de la part de Toldo, mais celles qui ont été retenues ont le mérite supplémentaire d’avoir toutes été joués sur le terrain de l’adversaire.

Les tifosi de la Nazionale ne retiennent généralement que l’Euro 2000 vraiment équipe du joueur et surtout jour où Toldo a qualifié son pays pour la finale de l’Euro 2000. Il s’agit donc de la demi-finale Pays-Bas-Italie, à Amsterdam, devant un public à 80 % orange. Le grand Italien para rien de moins qu’un pénalty pendant le match, puis deux tirs au but après un bon 0-0. Toldo était un gardien qui lisait à merveille la trajectoire des penalties. Il faut aussi se souvenir d’un match Arsenal-Fiorentina, puisque le joueur lui-même classait ce match d’octobre 1999 devant sa performance face aux Pays-Bas. Toldo n’avait pas encaissé de but et il avait réalisé un arrêt à la limite du possible sur Nwankwo Kanu, qui se demande probablement encore comment son ballon n’est pas rentré… Avec un but de son ami Batistuta, cette rencontre avait permis à Toldo et à la Fiorentina de passer la première phase de groupes de la Ligue des Champions.

Mais s’il y a un match durant laquelle Francesco Toldo était en état de grâce, c’était le match retour du quart de finale de la Ligue des champions 2003, à Valence, où Toldo a défendu la qualification bec et ongles, en n’encaissant pas plus de deux : « à un moment donné, ça a commencé à ressembler à une séance d’entraînement rien que pour moi », disait-il. En face se trouvait l’équipe qui était alors entraînée par Rafael Benítez, qui se sentit très frustré par le jeu défensif de l’Inter et il ne fut pas le seul, car pendant la rencontre Toldo se rua vers un de ses propres coéquipiers pour l’engueuler copieusement… En effet, Luigi Di Biagio n’était pas placé puisqu’il essayait de parler à l’arbitre juste avant la mi-temps, tandis qu’au même instant les joueurs de Valence jouaient rapidement un coup franc qui a conduit Toldo a faire pas un, pas deux, mais trois arrêts décisifs d’affilée ! Sitôt la balle sortie en six mètres le gardien accourut vers Di Biagio qui a dû entendre parler du pays. Ce fut bien l’une des rares fois où le gardien n’avait pas l’air sympathique !

L’Inter n’a pratiquement joué que des matchs de fous contre Valence, surtout ceux qui se sont déroulés au Mestalla. Lors d’un quart de finale retour de Coupe de l’UEFA 2002 à Valence, Toldo avait perdu son self-control et récolté deux cartons jaunes. Comme il n’y avait plus de remplacements possible, le milieu de terrain espagnol Francisco Farinós avait été contraint de prendre la place du gardien pendant les sept dernières minutes de ce match contre son club formateur. Toldo était également là en 2007 pour la rixe de fin de match.

Francesco Toldo était enfin un homme important dans les vestiaires de l’Inter, pour son expérience et sa bonne humeur communicative, au même titre que son ancienne doublure chez les nerazzurri Jimmy Fontana.

Par ses performances, sa classe, ainsi que son image de mec cool et sympa – denrées qui se font rares dans le football contemporain – Toldo est devenu une icône du football mondial que l’on retrouve même dans au moins un tome du manga japonais Captain Tsubasa sous le nom à peine voilé de Toledo et plus souvent dans le méconnu Viva! Calcio, toujours aux côtés d’autres grands footballeurs italiens. Ces doubles de papier forment un véritable Panthéon du foot où Toldone a évidement sa place.