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Dossier Calciopoli : Pourquoi Moggi est considéré coupable

13 février 2012 à 18h00         Pierre Galafassi
Dossier Calciopoli : Pourquoi Moggi est considéré coupable

Dossier Calciopoli : Pourquoi Moggi est considéré coupable

Juventus Turin Juventus 

Après un rappel des faits nécessaire pour ne pas prendre nos lecteurs au dépourvu, et une première partie sur la Juventus, abordons maintenant le cas de Luciano Moggi, l’ancien directeur général des bianconeri et protagoniste principal de cette affaire.

Comme d’habitude, Calciomio se concentre sur la Juventus (et donc parallèlement sur son ancien directeur général Luciano Moggi), non pas par désintérêt pour les autres clubs concernés dans cette affaire (la Lazio, le Milan et la Fiorentina notamment), mais parce que la Juventus fut l’équipe au centre de ce procès et celle qui subit la condamnation la plus lourde il y a six ans. La seule qui perdit également des titres et qui sont aujourd’hui au centre de nombreuses discussions. Il s’agit là d’un travail d’investigation très sérieux et très documenté concernant une page importante de l’histoire du football italien, et non d’une prise de position partiale et subjective en faveur de la Juventus.

Luciano Moggi n’a pas su convaincre les juges de sa complète innocence. Voici pourquoi. En ce qui le concerne, sa condamnation en première instance à cinq ans et quatre mois de prison, est expliquée par l’opinion du juge suivant laquelle: « Il reato di tentativo di frode sportiva … non ha necessita della conferma, che il dibattimento in verità non ha dato, del procurato effetto di alterazione del risultato finale del campionato 2004/05 a beneficio di questo o quel contendente…»
«le délit de tentative de fraude n’a pas besoin de l’ exécution, que les débats en vérité n’ont d’ailleurs pas apporté, de la modification du résultat final du championnat 2004-2005 au bénéfice de tel ou tel concurrent».

Ergo, Moggi n’a pas fraudé, mais il aurait pu le faire et l’a peut être tenté, en ayant eu les moyens et cela suffit au juge. Ces moyens, c’est cette hypothétique association à but délictueux dont l’hypothèse se base sur l’opinion des juges décrite ci-dessous:
«… vengono in rilievo gli incontri con i designatori fuori dalle sedi istituzionali e in prossimità delle partite, a casa Pairetto (più volte, ndr), a casa Giraudo, a casa Bergamo…»
«… on peut citer les rencontres (de Moggi) avec les désignateurs arbitraux, en-dehors des lieux institutionnels, aux domiciles de Pairetto (à plusieurs reprises), de Giraudo, de Bergamo…»
Et le juge reproche à Moggi «ses rapports beaucoup trop libres avec les représentants de la FIGC»
«suoi rapporti disinibiti con i rappresentanti della Figc»…

Certes, mais les témoignages et les écoutes n’ont ils pas montré au tribunal que les représentants du Milan AC (Meani et Galliani), de l’Inter (Facchetti et Moratti)etc… en faisaient autant, voire pire, comme l’a reconnu le rapport Palazzi? Le juge aussi en a conscience, comme le montre l’extrait suivant, mais n’a pas cru devoir donner de d’importance à cet aspect qui pourtant semblerait plaider en faveur d’une manière de faire générale et non pas exclusive à Moggi. Naples est le procès de Moggi pas celui des autres crocodiles du marigot, grâce surtout à la sélection des témoignages et écoutes, opérés en 2006 par les enquêteurs et relevé par la juge qui utilise le terme «partialité». (…»della parzialità con la quale sono state vagliate le vicende del campionato 2004/2005, per correre dietro soltanto ai misfatti di Moggi…)

Mais il déclare aussi dans ses attendus:
“il rapporto diffusamente amichevole degli arbitri con Moggi, che non perde valore indiziante, solo perché dagli atti emerge il rapporto di altri arbitri non imputati e addirittura di taluno degli arbitri imputati, come De Santis, altrettanto amichevole con dirigenti sportivi curanti interessi diversi da quelli di Moggi, ad esempio Meani, ben potendo configurarsi l’esistenza dell’associazione”.
«Les rapports généralement amicaux de Moggi avec les arbitres, ne perdent pas leur valeur d’indice seulement parce que des actes (du procès) émergent les rapports d’autres arbitres non accusés et même d’arbitres accusés, comme De Santis, pareillement amicaux avec d’autres dirigeants défendant des intérêts différents de ceux de Moggi, par exemple Meani, l’hypothèse d’une association restant imaginable.»
La juge écrit «hypothèse imaginable», pas «fait prouvé».

Bon, c’est elle la juge et cette décision aussi doit être acceptée par tous. Le bât blesse, il semble, du fait qu’aucune écoute et aucun témoignage n’implique Moggi dans une action illicite (au sens de l’article 6 de la FIGC), lors de ces fameuses discussions avec les désignateurs arbitraux, alors que plusieurs communications indubitablement illicites (y compris par exemple la naïve suggestion faite par Facchetti au désignateur de contourner le tirage au sort) ont été versées au dossier du tribunal, qui impliquaient au moins deux autres équipes de pointe (et à rayures). Un fait reconnu par la FIGC elle-même (rapport Palazzi de mi- 2011).

Beaucoup plus important aux yeux du tribunal, pour soupçonner une possibilité ou les moyens d’une fraude potentielle, est l’affaire des SIM suisses. Il est d’ailleurs fondamental de rappeler que tout ce qui est lié aux cartes SIM ne fut pas pris en compte lors du procès sportif de 2006, puisque c’est une affaire qui sortit en 2007.
«..viene in rilievo il ben più pregnante e, nella visione del tribunale, decisivo, elemento dell’uso delle schede straniere, delle quali è risultata la disponibilità procurata da Moggi a designatori e arbitri…viene in rilievo il continuo e prolungato chiacchierare sulla rete telefonica nazionale che, ad avviso del collegio, effettivamente può configurare la trasmissione del messaggio potenzialmente idoneo a spingere i designatori, e talora anche gli arbitri, a muoversi in determinate direzioni piuttosto che altre…»
«On peut mettre en évidence un élément bien plus important et déterminant du point de vue du tribunal, celui de l’utilisation des SIM étrangères, qui a permis à Moggi d’en donner la disponibilité aux désignateurs, et  aussi aux arbitres…En évidence, les constantes et prolongées discussions sur les lignes téléphoniques nationales, qui, de l’avis du collège (des juges) peut effectivement permettre la transmission de messages potentiellement capables de pousser les désignateurs arbitraux et peut-être les arbitres, à agir dans un sens plutôt que dans un autre…»
Il est évident que le tribunal n’a pas suivi les défenseurs de Moggi qui soutenaient que leur client (directeur sportif et recruteur de son équipe) distribuait les SIM suisses (six prouvées et reconnues) à ses observateurs et à des agents de joueurs afin de se protéger des écoutes illégales de ses concurrents. Et ce, bien que le juge mentionne “forme molto odiose di spionaggio” en allusion à la vaste affaire d’espionnage industriel (procès toujours en cours) par Telecom Italia, et dans lequel des témoignages, y compris une déposition de Tronchetti-Provera, (alors patron de Telecom Italia et toujours membre du C.A. de l’Inter), et de Mme Plateo employée de T.I., impliquent Moratti dans des écoutes illégales au détriment de la Juve, de Moggi, de deux de ses co-accusés, d’un cadre de la FIGC et d’un joueur de l’Inter, ces quatre derniers ayant porté plainte au civil fin 2011 contre Moratti et Télécom. Certains pensent que les avocats de Moggi, trop confiants, ont eu tort de ne pas appeler à la barre de Naples, contrairement à leur intention initiale, des «personnes informées des faits» du dossier Telecom, comme par exemple Tronchetti-Provera et Plateo.

Pour le juge, l’usage de SIM suisses -qui n’est évidemment pas un délit en soi – donnait cependant à Moggi la possibilité d’en commettre un. Bien que

1. un cadre d’une autre équipe de pointe (et à rayures) du Calcio ait acheté des SIM, à la même époque et au même vendeur suisse, d’après le témoignage même de ce dernier. Ce qui n’a (très justement d’ailleurs) entrainé aucun soupçon de fraude à l’encontre de ce collègue de marigot de Moggi

2.les carabiniers aient opéré en Suisse sans commission rogatoire, de l’aveu à la barre du carabinier Nardone, chargé de cette partie de l’enquête. (Ce qui à l’évidence n’a pas beaucoup choqué le juge, qui au contraire estime dans ses attendus que l’on peut se servir des informations obtenues)

3. les carabiniers aient faussement prétendu à la barre que les SIM ne pouvaient pas être mises sur écoutes pour justifier le fait qu’ils n’aient pas pu déposer au procès le moindre enregistrement de conversation suspecte de Moggi utilisant ces fameuses SIM et donc n’ont pas pu prouver qu’il s’en soit servi pour des buts illégaux, quels qu’ils soient.

4. qu’il n’a pu être prouvé que Moggi avait donné de telles SIM à des arbitres en exercice

5. que le tribunal ait critiqué durement «les méthodes évidemment artisanales» («Metodo pacificamente artigianale») du carabinier Di Laroni chargé de la partie des enquêtes concernant les SIM et ses erreurs grossières démontrées aux débats de Naples.

cela n’a pas complètement suffit pas, aux yeux du juge, à décharger Moggi de tout soupçon:
«il processo… confezionato con il ricorso a dosi massicce di intercettazioni… non ha “patito totale disfatta nell’urto con il dibattimento, … da cui non sono emersi, contrariamente a quanto sostenuto dal coro delle difese, fatti di totale annullamento della portata probatoria del discorso telefonico».
«Le procès basé sur le recours massif aux écoutes téléphoniques n’a pas rencontré une défaite totale dans le choc du débat… contrairement à la thèse partagée par les défenses….. (Le débat) n’a pas apporté de faits permettant d’annuler totalement la portée probatoire des informations téléphoniques …»

Parmi les autres attendus intéressants, on peut noter que le juge confirme que le fameux enfermement de l’arbitre Paparesta dans son vestiaire par Moggi n’a jamais eu lieu et n’était qu’une vantardise ironique de ce dernier, alors que cela fit très rapidement la une des journaux italiens:
«Pur se è risultato non vero quello che lo spavaldo Moggi andava dichiarando in giro, e per telefono, cioè di aver chiuso l’arbitro Paparesta nello spogliatoio… nondimeno va valutata la reazione di Paparesta a quella che era pur sempre stata una protesta fuori misura di Moggi per gli errori dell’arbitro, di non inserimento cioè del comportamento furioso nel referto arbitrale, reazione che va interpretata come un effetto del timore reverenziale nei confronti della persona».
« Bien que l’histoire racontée à son entourage et au téléphone par un Moggi vantard, prétendant avoir enfermé l’arbitre Paparesta dans son vestiaire était fausse, il faut cependant tenir compte du fait de la réaction de Paparesta à ce qui était tout de même une protestation excessive de Moggi pour les erreurs de l’arbitre, et aussi du fait que ce comportement furieux n’ait pas été noté dans le rapport de l’arbitre, réaction que l’on peut interpréter comme un effet de la peur respectueuse que lui inspirait cette personne ».

Oui, bon, mais pour en rester à ce thème des réactions excessives de dirigeants aux erreurs arbitrales, et pour ne citer que ce championnat 2011-2012, et une seule équipe (de pointe et à rayures toujours), il est probablement présent à la mémoire de nos lecteurs que son entraineur s’était laissé aller à insulter un arbitre, avec récidive quelques matches plus tard, et que son président avait exigé publiquement par voie de presse qu’un certain arbitre ne puisse plus jamais exercer dans un match de son équipe, sans que ceci ne lui attire les foudres de la FIGC. Où est la différence ? Le niveau des décibels ou la créativité des termes employés ont ils été comparés par les experts en insultes ? D’autant qu’aujourd’hui, les arbitres sont désignés arbitrairement et non plus par tirage au sort.

Le résumé (et non le raccourci !) des faits donne:
- qu’en première instance, Moggi est condamné par le tribunal

- que ce même tribunal ne relève aucune responsabilité ou fraude imputable à la Juventus.

A venir “Calciopoli, et maintenant ?”

Pierre Galafassi

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