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Calciopoli : pouquoi la Juve a été blanchie ?

13 février 2012 à 15h30         Pierre Galafassi
Calciopoli : pouquoi la Juve a été blanchie ?

Calciopoli : pouquoi la Juve a été blanchie ?

Juventus Turin Juventus 

Après un rappel des faits nécessaire pour ne pas prendre nos lecteurs au dépourvu, entrons maintenant dans le vif du sujet avec ces fameux attendus de la sentence de novembre dernier. Commençons par la Juventus et examinons pourquoi elle a été totalement blanchie dans ce procès. Sont directement cités des extraits du dossier de presque 600 pages des attendus de la sentence du procès civil de novembre dernier.

Comme d’habitude, Calciomio se concentre sur la Juventus (et donc parallèlement sur son ancien directeur général Luciano Moggi), non pas par désintérêt pour les autres clubs concernés dans cette affaire (la Lazio, le Milan et la Fiorentina notamment), mais parce que la Juventus fut l’équipe au centre de ce procès et celle qui subit la condamnation la plus lourde il y a six ans. La seule qui perdit également des titres et qui sont aujourd’hui au centre de nombreuses discussions. Il s’agit là d’un travail d’investigation très sérieux et très documenté concernant une page importante de l’histoire du football italien, et non d’une prise de position partiale et subjective en faveur de la Juventus.

Page 84: Le juge statue que “il dibattimento in realtà non ha dato conferma del procurato effetto di alterazione del risultato finale del campionato di calcio 2004-2005 a beneficio di questo o quel contendente”.
« le débat, en fait, n’ a pas apporté la confirmation de l’altération du résultat final du championnat de football 2004-2005 au bénéfice de telle ou telle équipe».

Ça commence donc très fort. Pour le tribunal, le championnat 2004-2005 était régulier.

Pages 549-550: le juge explique la non-responsabilité civile de la Juve en ces termes:
“Sul versante passivo, il tribunale stima che non può essere accolta la domanda nei confronti del responsabile civile Juventus s.p.a., sotto il profilo della frattura del rapporto organico con il datore di lavoro, generata dall’esercizio da parte dell’imputato Moggi di un potere personale avente manifestazioni esteriori esorbitanti dall’appartenenza alla società, noto come tale ai competitori, messi infatti in allarme, così come ampiamente dimostrato dagli atti del processo, dalle caratteristiche del suo potere, da tutti indistintamente i competitori primieramente collegato all’universo dei calciatori rappresentati dalla GEA”.
«Au plan du passif, le tribunal estime que les demandes (de dommages) à l’encontre du responsable civil Juventus s.p.a. ne peuvent être acceptées, du fait de la séparation du rapport organique avec l’employeur causée par l’exercice de la part de l’accusé Moggi d’un pouvoir personnel ayant des manifestations extérieures indépendantes de son appartenance à la société, (pouvoir personnel), connu en tant que tel par les compétiteurs, alarmés, comme les actes du procès l’ont amplement démontré, par les caractéristiques de son pouvoir, et attribué indistinctement par tous les compétiteurs, principalement au groupe de footballeurs représentés par la GEA…»

La Juve est déclarée non responsable et non impliquée, ce qui contredit formellement le jugement du tribunal sportif de 2006 et l’opinion soutenue jusqu’à présent par la FIGC et propagée de 2006 à ce jour par la Gazzetta dello Sport notamment. Le tribunal estime que Moggi aurait agit pour son propre compte et ses actions éventuellement punissables pénalement auraient une relation, non pas avec la Juve (considérée non responsable) mais avec l’agence de joueurs GEA (dont le fils de Moggi était un dirigeant associé). Sur ce plan le tribunal contredit un jugement pénal précédent de la cour d’appel de Rome déclarant Moggi non-coupable «d’association de malfaiteurs»  dans l’affaire GEA. Elle contredit tout autant la FIGC qui a très lourdement condamné la Juve sur une hypothèse de responsabilité directe et objective que le juge de Naples n’a pas retenu.

Dans les mêmes pages, le juge envoie quelques boulets rouges de très gros calibres aux enquêteurs: “Ne può essere trascurato il dato del ridimensionamento della portata dell’accusa che deriva dalla parzialità con la quale sono state vagliate le vicende del campionato 2004/2005, per correre dietro soltanto ai misfatti di Moggi, dei quali sono state accertate modalità, quanto alle frodi sportive, al limite di sussistenza del reato di tentativo, con conseguente ulteriore difficoltà dell’aggancio alla responsabilità del datore di lavoro, fornitore dell’occasione all’azione criminosa”.
« On ne peut pas non plus négliger le fait que la portée de l’accusation soit fortement réduite par la partialité avec laquelle les évènements du championnat 2004-2005 ont été considérés, pour courir exclusivement après les méfaits de Moggi, dont les modalités ont été prouvées, en ce qui concerne les fraudes sportives, à la limite inférieure de l’existence de tentative d’ infractions. Ce qui constitue une difficulté supplémentaire pour impliquer la responsabilité de l’employeur en tant que fournisseur de l’occasion d’une action délictueuse».

Donc, aucune infraction sportive caractérisée n’a été commise par Moggi, mais il subsiste à son encontre un soupçon de tentative de fraude, suffisant selon le juge pour justifier sa condamnation. Le tribunal n’a confirmé aucune implication ni avantage pour son employeur (la Juventus). La partialité de l’enquête est clairement dénoncée dans les attendus et fait évidemment allusion aux témoignages refusés par les enquêteurs en 2006, affirmant déjà que tous les dirigeants de clubs discutaient avec les «désignateurs arbitraux» (ce qui d’ailleurs, en soi, n’était pas punissable par les règlements FIGC, seuls des contacts illicites avec des arbitres l’étaient), les invitaient à des repas privés, etc.. Pas seulement Moggi. Celui-ci n’était même, ni le plus insinuant, ni le plus insistant. Ces témoignages de 2006 furent amplement confirmés par les écoutes des carabiniers, certaines annotées par eux comme très graves (trois «moustaches» rouges), mais cachées par leur hiérarchie aux juges sportifs de 2006, puis à la cour de Naples jusqu’à leur redécouverte à partir de 2010 par la défense de Moggi. Toutes ces écoutes sont connues du public, ont été largement diffusées et sont accessibles aux éventuels sceptiques (son et texte).

La critique ci-dessus, faite aux méthodes des enquêteurs, aussi inhabituelle soit elle dans les attendus d’un jugement, n’est pas la seule. En ce qui concerne l’accusation de tirage au sort truqué (pour désigner les arbitres), inventée de toute pièce par la «Gazzetta dello Sport» avec son fameux gros titre en première page «Voici comment ils truquaient les tirages au sort», le juge est sévère pour le p.m:
“Incomprensibilmente il pubblico ministero si è ostinato a domandare ai testi di sfere che si aprivano, di sfere scolorite, e di altri particolari della condizione delle sfere, se il meccanismo del sorteggio, per la partecipazione ad esso di giornalista e notaio, era tale da porre i due designatori Bergamo e Pairetto, nell’impossibilità di realizzare la frode”.
Page 90, le juge ajoute: “Che il sorteggio non sia stato truccato, così come hanno sostenuto le difese, è emerso in modo chiaro durante il dibattimento”.
«Il est incompréhensible que le ministère public se soit obstiné à interroger les témoins au sujet de sphères qui auraient pu s’ouvrir, de sphères décolorées, et d’autres détails concernant l’état de ces sphères, alors que le mécanisme même du tirage au sort, du fait de la participation au tirage de journalistes et de notaires était tel qu’il rendait impossible aux deux désigneurs arbitraux Bergamo et Pairetto de frauder».
et aussi:
«Que le tirage au sort n’ait pas été truqué, a été clairement mis en évidence par les débats, comme l’a soutenu la défense». L’action des enquêteurs est aussi qualifiée «d’expédient mal réussi par l’accusation» (“malriuscito espediente dell’accusa”).

Un autre boulet de très gros gros calibre dans le fragile échafaudage de l’accusation est le suivant, page 85:
“La difesa è stata, se non in diritto, almeno in fatto, molto ostacolata nel compito suo proprio dall’abnorme numero di telefonate intercettate, oltre centosettantunmila, e del metodo adoperato per il loro uso, indissolubilmente legato a un modo di avvio e sviluppo delle indagini per congettura, emerso al dibattimento”.
«La défense a été, si ce n’est en droit, tout au moins dans les faits, beaucoup gênée dans son travail, par le nombre exceptionnel d’écoutes téléphoniques, plus de 170 000, et par le modus operandi du traitement adopté pour leur utilisation, indissolublement lié à une manière d’initier et de mener les enquêtes par conjectures, mis en évidence par les débats»

Allusion évidente à la sélection très orientée des témoins et des écoutes par l’accusation. Les droits de la défense étant bafoués par le fait que seuls les témoignages et écoutes utiles au théorème «Moggi coupable et seul coupable» aient été retenus par les enquêteurs et soumis à la cour (et au procès sportif). Le juge a aussi un mot «aimable» pour certains témoins clef de l’accusation:
” Vanno sgonberate da inutile esagerazioni come le vane parole pronunziate da alcuni testimoni, tra questi Martino e l’ex arbitro Nucini…”
“… la inconsistenza di Nucini vagliata per tempo dal PM di Milano”.

« il faut se débarrasser des inutiles exagérations, comme par exemple les vaines paroles prononcées par certains témoins, parmi lesquels Martino et l’ex-arbitre Nucini…»
«… l’inconsistence de Nucini établie par le PM de Milan…».

Pour mémoire, Nucini était à l’époque des faits (2002-2005), un arbitre en exercice, qui avait -selon ses propres propos- proposé au président de l’Inter (Facchetti) de lui servir de « cheval de Troie» ou «d’agent provocateur » pour trouver des preuves contre Moggi en échange d’une aide pour obtenir un emploi. Facchetti, bien que méfiant, avait accepté cette offre de service, au lieu de la dénoncer à la FIGC et à la justice. Nucini s’était, par la suite, répandu dans une presse très complaisante, en accusations variées qu’il n’avait pu confirmer sous serment à Naples. L’allusion au p.m. de Milan est une autre pierre dans le jardin du p.m. de Naples Narducci, qui avait utilisé au procès ce témoin pourtant préalablement jugé non fiable par sa collègue de Milan.

Entre parenthèses, recruter un arbitre en exercice dans le but d’espionner, voire d’impliquer, un concurrent est il un acte dont la FIGC aurait dû se préoccuper ? Quelle serait la juste sanction sportive pour cet acte ? Le dossier de Moggi contient il une seule faute prouvée, d’une telle gravité ? Laquelle ? Nous laissons au lecteur le soin de se donner une réponse fondée sur des faits.

Selon le p.m. Narducci, Moggi aurait influencé un certain nombre de parties du championnat 2004-2005,

- En faisant désigner des arbitres à sa botte en influençant la «grille» des 4-5 arbitres pré-sélectionnés pour chaque match par le désignateur arbitral, puis en truquant le tirage au sort désignant l’un de ces arbitres pour le match.

- En faisant distribuer des cartons jaunes ou rouges par « son arbitre» dans un match précédent un match de la Juve, afin d’empêcher un joueur de disputer ce match.

- Ou en faisant commettre par «son arbitre» une erreur d’arbitrage favorable à son équipe.

Pour chacune des quinze hypothèses de fraude de ce type (chefs d’inculpation B, F, G, I, L, M, O, Q, S, U, V, Z, A5, A7, A10), le juge contredit le p.m. et statue que la Juve est complètement hors de cause.

- Dans sept de ces cas parce que la Juve n’était, ni directement, ni indirectement, d’aucune façon intéressée au résultat du match et ne pouvait en aucun cas en tirer un avantage quelconque. (Chefs d’inculpations L, S, U, V, A5, A7, A10).

- Pour les huit autres cas, des parties dont le résultat pouvait, directement ou indirectement, intéresser la Juventus, le juge dans ses attendus réfute systématiquement les hypothèses du p.m. et statue que les matches en questions n’ont pas été influencés en faveur de la Juve à qui on ne doit rien reprocher.

Exemples:
Chef d’inculpation B.  Udinese-Brescia 26. 09. 2004.

Match qui devait selon le p.m. Narducci (et l’inévitable Gazzetta) démontrait l’existence des «cartons téléguidés» par Moggi destinés à faire manquer le match contre la Juve à des joueurs du futur adversaire des bianconeri. Contrairement à la théorie de l’accusation, le juge note dans ses attendus:

pag. 116: “I diffidati da Dattilo hanno poi giocato la successiva partita con la Juventus”. ”Con ragione l’arbitro Dattilo ebbe a prendere la decisione di espellere Jankulovski, poichè aveva tirato un pugno in faccia a un competitore” e comunque “la decisione fu presa da Dattilo su segnalazione dell’assistente Camerota Ciro”.

«..les joueurs ayant écopé d’un carton (jaune ndr) ont joué la partie suivante contre la Juve»…«l’arbitre Dattilo eut raison de mettre un carton rouge à Jankulovsky, car celui-ci avait donné un coup de poing en pleine figure à un adversaire» et d’ailleurs « la décision d’exclusion fut prise par Datilo après que le juge de ligne Ciro Camerota lui eut signalé les faits».

Chef d’inculpation F.  Juventus-Lazio. 05. 12. 2004

Selon Narducci, (et la Gazzetta) l’arbitre Dondarini aurait été désigné pour ce match par manipulation du tirage au sort. Le juge désavoue très durement le p.m.

“ ..il sorteggio truccato è un mal riuscito espediente dell’accusa per generalizzare l’ipotesi accusatoria, e, dunque, un tal elemento non può essere utilizzato neppure per questa partita”.

Et le juge précise : pag. 123: “In nessun errore ebbe ad incorrere Dondarini, a danno di questi o quelli”.

« Le tirage au sort truqué est un expédient mal réussi de l’accusation pour généraliser l’hypothèse accusatoire, et, par conséquent, un tel élément ne peut pas être utilisé, non plus, pour ce match.»

«(L’arbitre) Dondarini n’a commis aucune erreur dans ce match ».

Dans trois parties (Chefs d’inculpation O, Q, et Z) le p.m. avait supposé une erreur arbitrale en faveur de la Juve, n’en mentionnant aucune en faveur de son adversaire. Mais les débats ont montré et le juge a statué que, dans ces trois matches, des erreurs arbitrales de même importance et de même nombre avaient été commises aux dépends des deux adversaires et que les matches étaient réguliers. Le cas Q est particulièrement croquignolet: Le fameux Colonel Auricchio avait naivement admis à la barre avoir construit son hypothèse accusatrice uniquement sur signalisation de la Gazzetta dello Sport (doute sur la position du joueur Fava de l’Udinese), de n’avoir tenu aucun compte de la signalisation par Tuttosport d’erreurs de même importance en défaveur de la Juventus (explication: «Tuttosport est partial, mais pas la Gazzetta») et de n’avoir pas visualisé le match!

A venir “Pourquoi le tribunal a condamné Moggi ?”

Pierre Galafassi

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