Spalletti, outsider à vie ?

Par Andrea Chazy publié le 09 Mar 2017
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Lorsqu’on demande aux amateurs de football de citer leur entraîneur italien de référence, très peu sortiront sans même réfléchir le nom de Luciano Spalletti. Pourtant, le palmarès du natif de Certaldo est loin d’être vierge : trois titres de champion consécutifs en Russie avec le Zénith accompagné de deux Supercoupes, deux Coppa d’Italia et une Supercoppa. Un CV qui reste insuffisant, dans un pays riche en fin tacticiens et entraîneurs de renoms où il ne fait pas encore totalement l’unanimité.

Loin des grands coachs, mais pas tant que ça

La scène remonte au 26 février 2016. Un mois après avoir remplacé Rudi Garcia à la tête de l’AS Roma, Luciano Spalletti est mis en difficulté par certains journalistes italiens, qui remettent en cause ses qualités de tacticien. Agacé par les multiples critiques qui s’abattent sur lui, il s’empare d’un laser en conférence de presse, et décide de décortiquer le jeu de Mohamed Salah. Un véritable cours de tactique auquel l’audience ne s’attendait pas vraiment, Spalletti terminant sa démonstration excédé : « Cela fait des années que vous me prenez pour un con avec les bonnes façons de jouer. Ça, c’est une bonne façon de jouer. » Si les relations entre la presse et l’entraîneur romain n’ont pas toujours été bonnes, le coach transalpin sait qu’il souffre de la comparaison par rapport à d’autres coachs du même âge, ou même plus jeunes. Né comme lui en 1959, Carlo Ancelotti a gagné la Serie A avec le Milan AC en 2004, sans oublier la Champions League et les autres titres nationaux acquis en Espagne, Allemagne ou même en France. Il en va de même pour Allegri, Mancini ou l’extraterrestre Conte, tous plus jeunes que lui, mais qui ont déjà en terme de résultats plus « prouvé » que l’actuel coach de la Roma. Un déficit de reconnaissance qui s’explique aussi par le temps mis par Spalletti à performer au plus haut niveau. Car si tous ont commencé petit, lui a pris son temps, un peu trop peut-être.

Conférence de presse et craquage de Spalletti !

De la Serie C à la Serie A, en attendant les sommets ?

S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas enlever au seigneur Spalletti, c’est bien l’ascension que ce dernier a connu, d’abord sur le terrain, puis ensuite en tant qu’entraîneur. L’essentiel de sa carrière de joueur s’étant déroulé en Serie C à La Spezia, dont il a été capitaine, il n’est alors pas étonnant de voir Luciano commencer à entraîner à Empoli en 1995, un club toscan, comme lui, en Serie C là aussi, comme lui. Ses trois saisons sont d’ailleurs excellentes, avec deux montées consécutives mais dénotent totalement des expériences qui vont suivre. Pour connaître pareil succès, il faudra alors attendre le début des années 2000 et l’Udinese, club dans lequel il restera en tout 4 saisons et qu’il emmènera en Champions League. Un parcours noble, mais qui voit sur la même période Ancelotti tout rafler avec le Milan ou encore Mancini, qui ne justifiait pas d’une plus grande expérience que lui, arriver à la tête de l’Inter. Spalletti est un diesel, pas une Ferrari, mais ça n’effraie pas la Roma qui le débauche du Frioul pour lui donner les rênes du club.

Les stats de Spalletti en tant qu’entraineur. Une moyenne de points par match qui augmente toujours !

L’AS Roma : là où il a tout réussi (ou presque)

Dans sa lancée de l’Udinese, Luciano Spalletti trouve enfin à la Roma une équipe qui correspond à ses envies, à savoir lutter pour le Scudetto mais aussi jouer la Champions League, les deux critères qui font progresser un entraîneur et qui le rangent dans une certaine catégorie. Ce qui n’était pas forcément une vérité absolue sur le moment, le club de la Louve ayant terminé la saison en 8ème position en 2005. Mais en terme d’image et d’aura, Spalletti passe alors un cap : il entraîne à la tête d’un grand club italien, à qui il redonne ses lettres de noblesse, notamment en réalisant la meilleure saison du club en terme comptable (82 points en 2007/2008), que Rudi Garcia dépassera finalement en 2013/2014. Mais à l’instar du Français, c’est au niveau des titres que le bât blesse : s’il a fait mieux que l’actuel coach de l’OM (qui n’a rien gagné) avec 2 Coppa d’Italia et une Supercoupe d’Italie en 4 ans, il est à chaque fois tombé sur une équipe plus forte que lui en championnat. Cette saison, Spalletti avait lâché une bombe en déclarant : « si je ne gagne pas le titre, je m’en irai ». Avec 8 points de retard sur l’ogre turinois à 11 journées de la fin, on voit mal son équipe ne pas finir au mieux deuxième. Un beau parcours, mais qui ne restera pas dans l’histoire indéfiniment.

Si la perspective de remporter le championnat s’éloigne à chaque journée, celle de remporter l’Europa League reste en revanche totalement crédible. Son équipe est cohérente, parfois excellente dans le jeu, et les concurrents qui se dressent sur sa route sont à sa portée. Alors que le projet de grand stade vient d’être validé par la mairie pour 1,3 milliard d’euros, une victoire en C3 serait perçue comme un signal plus que positif pour le projet romain, surtout s’il est complété par une deuxième place en championnat. Cela permettrait peut-être à Spalletti de rester, mais aussi de lui enlever cette étiquette de Poulidor italien dont il a vraiment du mal à se détacher. L’aventure commence à Lyon, où sa Roma était déjà venu gagner en 2007. C’était il y a 10 ans, toujours en 1/8ème de finale. Avec un seul détail de taille : c’était en Champions League.




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Andrea Chazy



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