Sassuolo – Juventus, synergie ou soumission ?

Par Thomas Sghedoni publié le 26 Fév 2016
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La tentation est grande de regarder le club Emilien comme une filiale, une équipe B de la Juve, une primavera 2.0, statut peu enviable et encore moins glorieux. Pourtant, quand on y regarde de plus près, cette stratégie est probablement la meilleure qui soit pour un « petit » du Calcio, dans l’optique de se tailler une place au soleil. Prenons le cas classique du joueur qui explose au sein d’un petit club : à la fin de la saison, il partira. Peut-être pas à la Juve, peut-être même pas en Italie, mais il partira. Le fonctionnement actuel du foot fait que la moindre pépite est scrutée puis cannibalisée par les géants de ce business sport. Il reste alors deux solutions : subir cet état de fait au nom du sport, ou l’accompagner en faisant un peu de Realpolitik.

– En le subissant, il sera peut-être possible de gratter quelques millions de plus lors du transfert, peut-être de le retenir un an de plus au risque de le démotiver, mais le joueur partira rapidement et sans autre contrepartie que le montant du transfert. Cela laisse de plus, en général, peu de temps au club pour se retourner puisqu’entre l’éclosion et le départ, une saison se passe (demandez à Pescara ce qu’ils en pensent) ce qui contraint le vendeur à naviguer à vue.

– En revanche, en accompagnant, on accepte le fait que le joueur ira faire les beaux jours d’un club plus huppé et que c’est inéluctable. En se mettant d’accord dès le départ, on évite du coup de perturber le joueur et on lui laisse le temps de se développer, on connait longtemps en amont les échéances ce qui permet au club de préparer à l’avance et en profondeur les remplacements. On connait également les rentrées de fonds ce qui aide à la planification du budget. Au-delà de ces avantages directs, une telle synergie a d’autres avantages. La place donnée aux jeunes dans l’équipe, les qualités reconnues de la formation et la facilité d’accéder à un club comme la Juve par la suite font grimper en flèche l’attractivité de l’institution. Cela lui permet de recruter la fine fleur de la jeunesse Italienne et de disposer d’un effectif d’une qualité supérieure à ce qu’il pourrait faire seul. Sans compter que les bons joueurs ne devenant pas excellents (coucou Berardi) restent au club faire ses beaux jours, tout comme les seconds choix du grand peuvent faire le chemin inverse (coucou Peluso). Par ailleurs, comme il est dans l’intérêt de la Juve que les meilleurs jeunes signent à Sassuolo, le club met la main à la pâte (enfin, au chéquier) pour son fidèle Robin, ce qui est loin d’être négligeable.

Une telle stratégie n’est pas sans défauts. Les bianconeri peuvent se lasser et trouver une autre équipe plus conciliante (il semblerait toutefois que Sassuolo développe un partenariat du même esprit avec l’AS Roma pour contrer cette éventualité). D’autre part, s’ils continuent sur leur lancée, les neroverdi se verront bientôt confrontés à un plafond de verre, les éléments lui permettant de passer le dernier stade, à savoir se battre pour l’Europe de manière crédible, partant pour ces clubs Européens justement. Néanmoins, on peut penser que se stabiliser comme candidat ponctuel à l’Europe League pour un club d’une ville de 40 000 habitants serait déjà un exploit notable. La stratégie pouvant de toute façon toujours être infléchie si cette première étape était réussie. Dur dur d’être un petit club !




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Thomas Sghedoni

Rédacteur Sassuolo



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