Racisme dans les stades, ça bouge !

Par Florian Giunta publié le 06 Oct 2019
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De quoi cette réunion à la FIGC, la Fédération Italienne de football, du lundi 30 septembre est-elle le nom ? Celui d’un besoin un peu « cosmétique » pour le président Gabriele Gravina de maquiller une relative impuissance alors que les cris racistes pullulent dans les stades italiens ? Une réelle volonté de lutter contre un phénomène qui risque à moyen ou long terme de nuire à l’économie du calcio dans la péninsule ? Les deux sûrement. Cependant, c’est peut-être la fin du déni que l’on a beaucoup regretté et la fédération envoie le ballon rond dans le camp des clubs.

Une nouvelle philosophie, un nouveau contexte

A condition que les clubs se soient retroussés les manches, il en est fini de leur responsabilité automatique. Finies les sanctions aveugles de fermeture de curve par exemple lorsque l’arbitre ou un représentant fédéral a rédigé un rapport mentionnant des cris de singe ou bien des chants racistes. Le président Gravina est explicite : « la responsabilité a un nom et un prénom ». Si le club parvient à démontrer qu’il a mis tous les moyens en oeuvre pour déterminer qui sont le ou les coupables, il ne sera pas sanctionné. La responsabilité est d’abord individuelle. Mais le club devra apporter des preuves formelles de ses actions. L’exemple loué est le cas récent de la lutte de l’AS Roma contre les insultes racistes dont a été victime Juan Jésus. Le club a signalé à la police et à Instagram les messages racistes d’un supporter romain et celui-ci a été condamné à vie d’interdiction de stade.

La lutte contre le racisme semble être devenue un sujet pour les autorités sportives et le départ de Matteo Salvini du gouvernement n’y est peut-être pas pour rien. En effet, Gravina ne botte plus en touche sur la question et intègre même la nouvelle ministre de l’intérieur du gouvernement Conte II, Luciana Lamorgese, dans l’équation : « Nous rencontrerons la Ministre pour cibler les compétences respectives des clubs et de la sécurité publique ».

Les clubs devront être proactifs

Quelles sont les prescriptions de la FIGC ? Tout d’abord une mesure qui n’engage pas beaucoup. Les clubs doivent rédiger un code éthique. Cela ne restera que de l’affichage tant que le président de la Lazio, Claudio Lotito, par exemple, pourra tranquillement affirmer « Ce n’est pas systématique que des buu correspondent à un acte raciste »… Une mesure semble concrète (mais contraire à la démagogie dont font preuve de nombreux clubs envers leurs groupes d’ultras), celle de l’adoption d’un barème disciplinaire sanctionnant les « actes illégaux » au stade. Ainsi, les clubs devraient-ils être en capacité de punir eux-même un supporter inconvenant ? Oui, répond la fédération en le privant de son abonnement par exemple. Deux initiatives sont encore peu concrètes mais sont ambitieuses. En premier lieu la recommandation de constituer un « organisme indépendant » ayant des pouvoirs de contrôle. Une telle structure apporterait de la crédibilité à cette lutte et déchargerait les directions d’une certaine pression. En second lieu, le signalement des situations à risque. Cela induit un travail en profondeur du club afin de connaître ses tribunes et ceux qui les animent. Cela ne sera possible qu’en développant rapidement et massivement des moyens technologiques performants. Dans un parc de stades vieillissants où les investissements sont peu nombreux, la perplexité s’impose. 

A défaut d’être un moment « historique » comme l’a décrété Gravina, ces décisions  indiquent une nouvelle ère. Mais l’UEFA ayant ses propres critères d’évaluation, ces mesures ne dépasseront pas les frontières de la botte. De plus, est-ce que ce seront vraiment les manifestations de racisme qui seront les plus fliquées ? La FIGC ne cache pas que ce sont tous les actes délictueux qui sont visés comme ceux mis en lumière récemment par l’opération « Last Banner ». La passivité des autorités sportives a été beaucoup moquée et ce volte-face est salutaire. La duplicité du gouvernement italien semble être révolue. Aux clubs, désormais, de montrer qu’ils peuvent s’emparer de la question.




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