La Nazionale a-t-elle snobé Sassuolo ?

Pour Giorgio Squinzi, le propriétaire de Sassuolo, ça ne fait aucun doute, Conte les a méprisés. Il a ainsi déclaré sur Radio Crc : «Nous sommes l’équipe la plus « italienne » du championnat mais Monsieur Conte n’a réservé aucune attention à Sassuolo. Nous avons parfois joué l’un des plus beaux football du championnat mais il faut croire que ça n’a pas suffit. En plus de Acerbi, Sansone et Berardi, il y a aussi Missiroli, Consigli et Magnanelli qui sont de grands joueurs». Entre chauvinisme partisan et véritable oubli malheureux, tachons d’y voir plus clair chez ces joueurs de Sassuolo, tauliers à leur poste et qui auraient pu prétendre au voyage.

Andrea Consigli : Auteur d’une grosse saison (malgré une énorme boulette face à la Fiorentina) et artisan indéniable de la qualification en Europa League, sa non-sélection est pour autant parfaitement logique. Gigi et Sirigu sont intouchables, et ce malgré la drôle de saison vécue par le Parisien. Derrière, la blessure de Perin a un peu rebattu les cartes, mais le poste de 3ème gardien, étant si particulier que la sélection d’un joueur de vestiaire qui connait la maison, en l’occurrence Marchetti, ne souffre d’aucune contestation.

Francesco Acerbi : A l’image de son gardien, sa saison a également été de grande qualité, et il aurait pu être récompensé par une sélection. Il a malheureusement vu Ogbonna, lui aussi auteur d’une bonne saison à West Ham, lui passer devant. On peut ici effectivement se demander si le fait de jouer en Premier League, un championnat dont la réputation n’est plus à faire, n’a pas joué en faveur du second. Dans tout le cas, le duel Acerbi – Ogbonna a du être très serré et les deux choix auraient été justifiables. On peut en revanche mettre en doute le choix de ne pas prendre 5 centraux, connaissant la formation de l’équipe en 3-5-2, en lieu et place d’empiler les joueurs de couloir à droite.

Federico Peluso : Car effectivement, le déséquilibre de joueurs de couloir est assez frappant, avec une large prédominance pour la droite. Il est notable de voir que contre l’Ecosse, Darmian a joué à gauche alors qu’il joue à droite en club avec Manchester United. Néanmoins, sa non sélection est justifiable car il existe des latéraux Italiens à son poste peut-être meilleurs, comme Luca Antonelli. En revanche, sa non-sélection au profit d’un De Sciglio fantomatique, c’est beaucoup plus discutable.

Francesco Magnanelli / Simone Missiroli : Giorgio Squinzi n’est, dans le premier cas, pas objectif. Il l’aime sa bandiera, et c’est vrai que c’est un excellent joueur. Mais on ne peut pas dire qu’il soit indéniablement meilleur que ceux qui ont été sélectionnés. En Serie A, quand le niveau monte vraiment dans les grands matchs, on le sent un peu à la peine, alors pour un Euro… De plus, Motta, même en dedans, à l’expérience pour lui, Sturaro la jeunesse et Giaccherini ses habitudes sans jamais avoir déçu. Simone Missiroli, quant à lui, n’a juste pas assez joué cette saison à un niveau suffisamment bon, entre blessures et suspensions, pour y prétendre sérieusement.

Domenico Berardi / Nicola Sansone : On touche ici le cœur du problème. Devant l’indigence de l’attaque, avec notamment des Eder et Immobile plus que moyens, comment se passer de deux des plus gros talents du championnat ? (Pavoletti peut aussi se poser des questions). Berardi jouant plutôt à droite, étant réputé foufou et n’ayant jamais été sélectionné, on peut expliquer sa non-sélection par un besoin de têtes froides et l’abondance de joueurs de ce côté-ci du terrain. En revanche, l’absence de Sansone est elle proprement incompréhensible. Son talent ballon au pied et face au but, ainsi que sa capacité à prendre son couloir et à répéter inlassablement les efforts, il est évident que la Nazionale se prive ici d’un atout de poids.

Squinzi, comme tout bon président qui désire valoriser ses joueurs, a effectivement exagéré. Mais il n’a tout de même pas tord de pointer certaines incohérences, la plus évidente étant celle concernant Nicola Sansone, difficilement justifiable.

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