Le football féminin en Italie : un essor mesuré
La croissance du football féminin en Europe est donc en constante augmentation : en 2017, le nombre de licenciées à augmenté de 7,5% par rapport à l’an passé, soit de 1 270 000 à 1 365 000. L’Italie suit alors la même règle, avec une augmentation du nombre de joueuses de 7% depuis 2013, qui sont aujourd’hui 23 665 dont 10 918 de plus de 18 ans.
Un net regain d’intérêt…
Une forte poussée du mouvement faisant la promotion du football féminin est donc visible en Italie. Existant depuis 1968, la Serie A féminine ainsi que l’équipe nationale féminine dites les Azzurre ont subi des modifications récentes qui ont permis entre autre la montée en puissance de leur communication. Ainsi, en Serie A femminile, les équipes sont désormais au nombre de 12, connaissent 4 équipes relégables en fin de saison et respectent un certain nombre de contraintes afin d’être reconnues comme clubs de football féminin à part entière, comme celle de comporter un certain nombre de footballeuses de moins de 12 ans dans leurs rangs. Aussi, la Serie A féminine comporte désormais des équipes dérivant des grosses écuries masculines, comme la Juventus, la Fiorentina (vainqueur de la saison passée), l’Atalanta ou encore Sassuolo. L’arrivée de ces grands noms a eu une réelle influence sur l’audience du football féminin en Italie et également sur les jeunes filles pratiquant ce sport, qui peuvent aujourd’hui faire des joueuses de ces clubs des modèles, étant plus médiatisées qu’auparavant. Il faut penser au fait qu’aujourd’hui encore en Italie, dans les villages et dans les petites villes, il n’y a pas d’équipes de foot féminines et les filles intéressées à ce sport jouent avec les garçons. En parallèle à l’apparition de ces grands noms d’équipes, la saison 2017/2018 est la première à être sponsorisée (par la chaîne de pâtisserie « I dolci sapori « ). Mais ce qui a eu le plus d’influence sur le développement de la Serie A féminine, c’est sa retransmission en direct sur la page Facebook de la Lega nazionale dilettanti, sur le site calciofemminile.lnd.it ainsi qu’en clair sur Raisport.
…malgré des freins encore nombreux
Le football féminin italien est encore loin d’autres pays d’Europe comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne, pays qui enregistrent tous deux plus de 100 000 licenciées. Ce retard s’explique en grande partie par un manque de normalisation du statut des joueuses au niveau national ou international, ce qu’explique Luisa Rizzitelli de l’Associazione Nazionale Atlete dans une interview à IoDonna : « En Italie, il est bon de le rappeler, nous sommes en proie à une situation indigne, due à la loi 91 de 1981, qui porte sur le sport professionnel et qui demande à la CONI [Comitato Olimpico Nazionale Italiano] et à toutes les autres fédérations de décider quelles disciplines peuvent être considérées comme étant sportives, avec tout ce que cela comporte comme droits et devoirs. Et bien, jusqu’aujourd’hui, aucune discipline féminine n’est professionnelle. Donc aucune femme aujourd’hui en Italie, qui joue un mondial ou au niveau olympique, ne peut-être considérée comme une sportive professionnelle« . Cette situation, aberrante dans un pays européen, produit alors logiquement un cruel manque de moyen de la fédération (le budget pour le football féminin de la FIGC est de 4,2 millions d’euros contre près de 10 millions en France) ainsi qu’un nombre de licenciées moins important que partout ailleurs. Le maigre palmarès de l’équipe nationale féminine, qui n’a jamais remporté une compétition internationale, est alors facilement explicable. Une pétition tourne néanmoins actuellement afin que les matchs des azzurre soient retransmis sur la Rai.
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