Calciostory : Vérone, la Juventus et la tragique disparition de Gaetano Scirea

Par Boris Abbate publié le 30 Déc 2017
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Vérone, 3 Septembre 1989. Dans un lourd Dimanche d’été, l’Italie entière fête le retour du Calcio. La première journée disputée une semaine plus tôt n’a réservé aucune surprise, hormis le nul de la Juventus face à Bologna, et tous les autres favoris l’ont emporté. Alors, quand elle se déplace au Bentegodi la journée suivante pour y affronter l’Hellas, la Juventus n’a plus le droit à l’erreur.

Un match plutôt facile

Mais cette équipe de Vérone ne fait plus vraiment peur en Italie. Elle reste bien sur un historique Scudetto, acquis 4 années auparavant, c’est vrai, mais le groupe de Bagnoli n’a plus les moyens de titiller les gros du championnat. Une faiblesse dont va rapidement profiter la Juventus dans cette rencontre, car en moins de 11 minutes, le match est déjà plié. Totò Schillaci envoie une première mine dans la lucarne du portier véronais dès la 4 ème minute, avant de conclure une superbe action collective sur une offrande du Portugais Rui Barros. Entre temps, l’Hellas a bien l’occasion de revenir au score, mais Iorio se montre imprécis, et le coup de grâce arrive à la demi-heure de jeu, quand un de ses coéquipiers reçoit un second avertissement.

A 10 contre 11, la Vielle Dame déroule, rate plusieurs fois le 3-0 par Barros, Galia et Schillaci, mais parachève finalement son oeuvre grace à Fortunato et Marocchi en deuxième période. La réduction du score des Veronesi en fin de match est anecdotique, et la Juventus s’impose tranquillement au Bentegodi, ce qui redonne le sourire à son entraineur, Dino Zoff. Un Dino Zoff qui est cependant resté bien seul sur son banc aujourd’hui. Son adjoint, Gaetano Scirea , se trouve en effet en Pologne, à des centaines de kilomètres de Vérone, pour observer le Gornik Zabrze, futur adversaire de la Vielle Dame en coupe de l’UEFA. Et en Italie, on est bien loin d’imaginer ce qu’il se passe aux alentours de Varsovie.

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L’enfer au même moment

L’élégant Gaetano avait mis un terme à sa carrière de joueur quelques années auparavant pour se consacrer pleinement au métier d’entraineur. C’était sûr et certain, tout semblait déjà écrit : un jour, Scirea deviendrait le nouvel entraineur de la Juventus. Pour cela, « Gai », comme on le surnommait, devait apprendre le métier et se former pendant quelques années aux cotés de son grand ami Dino Zoff. Chose qu’il exécute à la perfection, y compris ce 3 Septembre quand il est envoyé en Pologne pour superviser le Gornik Zabrze. Scirea avait déjà vu évoluer le club polonais auparavant, et à l’instar de Zoff, il n’était pas très convaincu d’un nouveau déplacement en terres polonaises. Mais Boniperti avait insisté, ce qui est tout à fait compréhensible pour un club comme la Juventus où la culture du détail est une obsession.

Gaetano assiste donc à la rencontre, et en tant qu’adjoint appliqué et méticuleux, il prend soin de graver quelques notes sur son carnet, avant de reprendre la route. Il ne faut pas trainer, l’Italien doit être de retour avant la tombée de la nuit à Turin. Un avion l’attend à Varsovie, et il faut environ 3h de route pour rallier la capitale polonaise depuis Zabrze. La route n’est pas très bonne, parfois dans un salle état, et quand le chauffeur de la Fiat 125P place quelques bidons d’essence à l’arrière du bolide pour gagner du temps, personne n’est surpris. Le cortège prend la route, double quelques voitures, mais finit par percuter une camionnette à pleine vitesse. Le choc est léger, mais suffisant pour propulser la 125P hors de la chaussée. La voiture déboule et s’enflamme très vite. Scirea, un interprète et le chauffeur de la Fiat y laisseront la vie. C’est le drame, et en Italie, l’information tarde à arriver.

La nouvelle à l’arrivée du Vecchio Comunale

Pendant ce temps, la terrible nouvelle n’est toujours pas arrivée jusqu’à la Juventus, qui s’apprête à quitter Vérone. Il y a bien ces quelques rumeurs entendues sur le trajet en bus lors de l’arrivée aux péages, mais aucun membre du groupe bianconero n’y prête attention. Mais lorsque la délégation turinoise arrive à Turin pour déposer les joueurs au Comunale, tout le monde comprend que quelque chose de grave est arrivé. Une centaine de journalistes s’est postée à l’arrivée du bus. Dino Zoff en sort le premier, et demande clairement ce qu’il se passe. La réponse qu’on lui donne lui glace le sang. Assommé, il panique, essaye de reprendre ses esprits, puis jette un dernier coup de pied dans la taule du bus avant de prendre la fuite, en larmes.

Plus tot, dans la soirée, l’Italie entière avait appris la nouvelle alors qu’elle répondait à l’appel de la célèbre émission La Domenica Sportiva, ou Sandro Ciotti avait interrompu les programmes pour relayer l’information. Plus qu’un immense joueur de football, Scirea était avant tout un grand homme, à la personnalité unique, dont la classe et la sobriété ont marqué toute une époque. Un gentlemen, qui avait aussi bien tout raflé avec la Nazionale qu’avec la Juventus, dont il était le capitaine. Un garçon à la simplicité exemplaire, souvent comparé à un ange, qui ce jour là en rentrant de Pologne, était parti rejoindre les siens beaucoup trop tôt.




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