Du Brésil à la Russie, en passant par la France, la sélection nationale italienne est connue sous le nom de Squadra Azzurra, ce qui signifie « l’équipe azurée ». Mais d’où vient l’usage de la couleur bleue sur les maillots italiens ?

C’est une maison bleue

Le bleu ne figure pas sur le drapeau tricolore italien qui est vert, blanc, rouge, mais cette couleur était présente entre 1861 et 1946 sur le drapeau du Royaume d’Italie en bordure de l’écu de la Maison de Savoie, qui était la dynastie régnante. Cette bordure bleue servait à séparer la croix blanche sur fond rouge des autres parties blanche et rouge du Tricolore. Le bleu était important pour la famille de Savoie depuis 1366, lorsque le comte Amédée VI de Savoie utilisa l’image de la Vierge sur fond bleu comme l’un de ses étendards. La Maison de Savoie a quitté le trône depuis 1946 et l’Italie est devenue une république, mais par tradition le bleu est resté la couleur dominante des représentants de l’Italie dans la plupart des sports, du basket au rugby.

Bleu de travail

Les Italiens portaient un maillot blanc au cours de leurs deux premières parties en 1910. Dès le troisième match de son histoire, en 1911, l’Équipe d’Italie de football adopta le bleu. Depuis, le maillot principal est resté bleu, en dépit d’une parenthèse noire vers la fin de la période fasciste. Mais quel bleu ? Le bleu d’azur (azzurro) est supposé être un bleu clair qui doit cependant être plus foncé que le bleu ciel (celeste). En réalité, le bleu choisi pour les maillots a beaucoup varié selon les compétitions et les équipementiers. Il était très clair en 1911, plus sombre en 2006 et bizarroïde lors de la Coupe des confédérations 2009. La marge d’interprétation de cette couleur se retrouve aussi au niveau des clubs de Serie A avec un maillot azzurro de Napoli qui est vraiment clair, qui s’oppose aux rayures très foncées des nerazzurri de l’Inter Milan.

Ce rêve bleu

Si l’ Équipe d’Italie est connue sous son surnom de Squadra Azzurra partout dans le monde, ce n’est pas toujours le cas en Italie, même si certains commentateurs sportifs l’utilisent régulièrement. Les Italiens parlent en effet beaucoup de la Nazionale, la sélection nationale. C’est un peu comme la Seleção, sauf que les Italiens insistent sur l’épithète. De plus, l’azzurro peut être mis à toutes les sauces : la Nazionale azzurra, gli Azzurri pour désigner les joueurs, etc. Les espoirs italiens sont parfois appelés les Azzurrini, ce sont les équivalents des Bleuets français. Attention à l’orthographe ! L’erreur « squadra azzura » (sic) est tellement répandue qu’elle a la priorité sur Google.fr. Certaines personnes se trompent également en parlant de « la squaddra » (sic). Il faut en fait écrire squaDra aZZuRRa. Un moyen mnémotechnique pourrait être de penser à François Mitterrand : n’y a pas de redoublement dans son prénom, mais deux t et deux r dans son nom de famille.

Force bleue

“Blue is the colour”, dit l’hymne de Chelsea. Dans son essai Bleu : Histoire d’une couleur, l’historien Michel Pastoureau tente d’expliquer comment – d’après de nombreux sondages – le bleu est-il devenu la couleur préférée des Schtroumpfs et des Occidentaux. Il montre que le bleu s’imposa à partir du XIIe siècle, lorsqu’il commença à être associé à la Vierge : c’est la couleur mariale qui était aussi présente sur l’étendard d’Amédée VI de Savoie. Il y a néanmoins une limite à la suprématie de cette teinte dans le monde du sport puisque Guy Roux affirmait en commentant un match de la Coupe du monde 2006 qu’une étude prouvait que les maillots bleus foncés étaient les moins visibles par les spectateurs présents au stade pour les matchs en nocturne.

Allez les Bleus

Des journaux francophones mentionnaient le surnom de la sélection italienne dès la fin des années 1920 et le début des années 1930. Le quotidien L’Ouest-Éclair du 18 mai 1927 parlait de « la squadra italienne » de football, tandis que l’hebdomadaire sportif Match du 5 avril 1932 écrivait « la squadra azzurra ». Les fautes de frappe étaient déjà fréquentes à l’époque : en parlant de cyclisme, l’hebdomadaire L’Écho sportif de l’Afrique du Nord dans son édition du 22 juillet 1932, publiée à Oran, mentionnait ainsi « la « squaddra » italienne » (sic), mais cette erreur était rare à l’époque. En revanche, les lecteurs pouvaient lire « la Squadra Azurea » (sic) dans L’Ouest-Éclair du 11 avril 1932 et du 4 décembre 1937, mais aussi dans Match le 5 juin 1934. L’Ouest-Éclair du 13 décembre 1934 tenta même « la Squadra-Azurea » (sic) et aussi « squadra azuera » (sic) dans son numéro du 11 juin 1934.