Troisième édition de la Coupe du Monde et elle se joue en France, la dernière avant le second conflit mondial, l’Italie tenante du titre double la mise en conservant son trophée. Une performance que seule le Brésil réalisera dans l’histoire du football par la suite.

Alors que la Fifa avait promis l’alternance entre les continents européens et sud-américains pour l’organisation du Mondial de football, c’est finalement la France qui l’emporte, ses nombreux représentants présents dans l’organigramme de la FIFA ont pesé. L’Argentine fâchée (l’Allemagne était la troisième candidate) déclare du coup forfait pour cette édition tout comme l’Uruguay pour les mêmes raisons que quatre ans plus tôt. Ainsi seul le Brésil et Cuba représentent l’Amérique.

Qualifications

Pour la première fois, le pays organisateur et le tenant du tire sont exemptés de qualifications, l’Italie se contentera de matches amicaux, elle n’en perdra pas un seul et arrive à la Coupe du Monde sur une série de 18 matches sans défaites, trois ans d’invincibilité, championne du monde et même championne olympique en titre. Le mythique Vittorio Pozzo est toujours à sa tête, la victoire en 1934 n’était pas un feu de paille.

Phase finale

Outre la seule présence du Brésil parmi les cadors latinos, quelques cracks européens sont absents. Nous somme à quinze mois de la seconde guerre mondial et son préambule a déjà fait des dégâts. La fabuleuse équipe d’Autriche n’existe plus (quatrième au Mondial 34, médaille d’argent aux J.O de Berlin), annexée par le troisième Reich d’Hitler, l’Espagne est empêtrée dans sa guerre civile, toute compétition sportive est suspendue, enfin l’Angleterre ne daigne toujours pas participer à la Coupe du Monde. L’Italie est donc favorite avec le Brésil, les nations de l’Est comme la Tchécoslovaquie et la Hongrie sont les outsiders.

Silvio Piola auteur du but décisif contre la Norvège

Le format est toujours celui d’un tableau tennistique qui démarre au stade des huitièmes de finale. L’Italie peut donc défendre un titre acquis dans le scepticisme le plus total quatre ans auparavant, mais les excellents résultats entre les deux Coupes du Monde ont mis tout le monde d’accord. Elle hérite de la Norvège en huitièmes (qui a sorti la Yougoslavie en qualifications), le match se dispute à Marseille et on pense que l’Italie ne va faire qu’une bouchée des nordiques. Si Giovanni Ferrari ouvra le score, les norvégiens emploient Olivieri et égalisent même à la 83ème par Brustad, il s’en fut de peu d’une victoire norvégienne mais l’arbitre refuse justement pour hors-jeu un second but norvégien. Place aux prolongations avec Silvio Piola qui marque très vite et l’Italie se qualifie dans la douleur.

Échange de fanions entre les deux capitaines, l’Italien Meazza et le Français Mattler

En Quarts de finale, la Squadra Azzurra (ou plutôt Nera au vu de la couleur du maillot voulue par le régime fasciste) se voit opposée au pays organisateur la France qui a disposé de la Belgique, le match se déroule à Paris dans le mythique Stade Colombes. La France est également accrocheuse car si Gino Colaussi ouvre la marque grâce surtout à une bourde du portier Di Lorto, Heisserer égalise vite, mais en seconde période l’inévitable Piola s’offre un doublé et les demis à l’Italie. Voilà les azzurri qui affrontent le Brésil, tombeur de la Tchécoslovaquie en quarts. La présomption de Ademar Pimenta est rentrée dans l’histoire de la Coupe du Monde, le sélectionneur brésilien pense que ce match sera une formalité, il réserve l’unique vol disponible entre Marseille (lieu de la demie) et Paris (lieu de la finale) et offre un match de repos à son meilleur joueur (et meilleur buteur de la compétition) Leonidas. Pozzo et les italiens lui feront payer ce comportement.

Silvio Piola toujours entre deux défenseurs brésiliens

Même si l’Équipe d’Italie est accueillie à coups de “Macaroni” par le public marseillais, cela n’influe pas sur son mental, un but de Colaussi et un penalty de Meazza (l’élastique de son short rompu, il prit sa course d’élan en tenant son short) et l’Italie est en finale, le Brésil n’y a vu que du feu et n’a plus que ses yeux pour pleurer. L’adversaire en finale est la Hongrie, tombeuse de la Suède en demi, à Paris et malgré une nouvelle fois un public soutenant l’adversaire de l’Italie, les azzurri ne vont faire qu’une bouchée des magyars. Un doublé de Colaussi et un but de Piola et elle mène déjà 3-1 à la mi-temps, Sarosi réduit le score mais Piola aussi s’offre un doublé en toute fin de match. Victoire nette et sans bavures, la Nazionale conserve son titre et est de nouveau sacrée championne du monde. Une équipe remplie de champions qui s’impose de façon méritée, asseyant alors sa suprématie sur le foot mondial de l’époque, qui sait sans la seconde guerre mondiale ce qu’aurait encore pu gagner cette génération.

Les matches

Huitième : 05.06.1938 (Marseille) Italie-Norvège 2-1 a.p (Ferraris, Piola / Brustad)

Quart : 12.06.1938 (Paris) Italie-France 3-1 (Colaussi, Piola x2 / Heisserer)

Demi : 16.06.1938 (Marseille) Italie-Brésil 2-1 (Colaussi, Meazza s.p / Romeu)

Finale: 19.06.1938 (Paris) Italie-Hongrie 4-2 (Colaussi x2, Piola x2 / Titkos, Sarosi)

L’effectif italien

Gardiens : Ceresoli (Bologna) · Masetti (Roma) · Olivieri (Lucchese)
Défenseurs : Foni (Juventus) · Monzeglio (Roma) · Rava (Juventus)
Milieux : Andreolo (Bologna) · Chizzo (Triestina) · Donati (Roma) · Genta (Genoa) · Locatelli (Inter) · Meazza (Inter) · Olmi (Inter) · Perazzolo (Genoa) · Serantoni (Roma)
Attaquants : G. Ferrari (Inter) · Bertoni (Pisa) · Biavati (Bologna) · Colaussi (Triestina) · Ferraris II (Inter) · Pasinati (Triestina) · Piola (Lazio
Sélectionneur : Pozzo

Cette Italie ne comprenait qu’un seul oriundo en la personne de Michele Andreolo. On retrouve pas moins de 5 pensionnaires de l’Inter (ou Ambrosiana-Inter à l’époque), 4 de l’AS Roma, 3 de Bologna et de la Triestina, 2 de la Juventus, 1 du Genoa, Pisa, la Lucchese et de la Lazio (Piola). Monzeglio, Ferrari et Meazza sont les seuls à être sacrés doubles champions du monde.

L’équipe-type

Pozzo avait ressorti son crédo tactique de la Coupe du Monde 1934, de fortes individualités au service d’un collectif impressionnant, le duo Colaussi/Piola inscrit 9 des 11 buts de l’Équipe d’Italie.