La Vieille Dame avait entamé une reconstruction il y a de cela un an et on peut dire que le ravalement de façade lui a octroyé une seconde jeunesse. Plus favorite que jamais à sa propre succession, et ce malgré la suspension de son fer de lance, Antonio Conte, elle tentera également d’être, avec le Milan, le porte-drapeau de l’Italie au sein du “gotha” européen.

L’OBJECTIF : Le scudetto

Avec un mercato plus que satisfaisant, la Juventus s’est renforcée dans tous les secteurs. Déjà très convaincante la saison passée, elle pourrait accentuer sa domination sur la Botte avec l’aide bien involontaire de l’affaiblissement de ses principaux prétendants. Le retour en Champions League sera la grande inconnue, mais qui sait, la Juve pourrait bien être la (demi ?) surprise de la compétition.

LE MERCATO

Arrivées : Lucio (lib. Inter), Rubinho (lib. Palermo), Pogba (f.c Manchester), Caceres (opt. Seville), Giovinco (rch. Parma), Giaccherini (rch. Cesena), Asamoah & Isla (cop. Udinese), Bendtner (p. Arsenal), Iaquinta (r.p Cesena)

Départs : Elia (def. Werder), Krasic (def. Fenerbahce), Del Piero (f.c FC Sydney), Manninger & Grosso (f.c), Libertazzi (cop. Novara), Chibsah (cop. Parma), Borriello (r.p Roma), Estigarribia (r.p Maldonado).

p. = en prêt / r.p = retour de prêt / cop. = en co-propriété / def. = définitif / rch. = rachat d’une copropriété / f.c = fin de contrat / opt. = option d’achat levée après un prêt / res. = résiliation de contrat / ret. = retraite / lib. = libre de tout contrat / entr. = entraîneur

Ils n’ont fait que passer : Leali (acheté à Brescia et prêté à Lanciano), Boakye (acheté en copropriété au Genoa et prêté à Sassuolo), Masi (acheté à la Pro Vercelli et prêté à la Pro Vercelli), Motta (rentré de Catania et prêté à Bologna), Martinez (rentré de Cesena et prêté à Cluj), Ziegler (rentré de Fenerbahçe et prêté au Lokomotiv Moscou), Pasquato (rentré du Torino et vendu en copropriété à l’Udinese), Gabbiadini (acheté en copropriété à l’Atalanta et prêté à Bologna), Troisi (recruté gratuitement et vendu en copropriété à l’Atalanta), Giandonato (rentré de Lecce et prêté à Vicenza), Pazienza (rentré de l’Udinese puis vendu à Bologna), Bianco (racheté à La Spezia et prêté à Carpi), Kirev (rentré Politehnica Timisoara et vendu à Recas), Boniperti (rentré de Carpi et prêté à Empoli), Castiglia (racheté à la SPAL et vendu en copropriété à Vicenza), Alcibiade (racheté à la Nocerina et prêté à la Carrarese)

Un mercato sous le signe (ou le spectre) du top player. Des signes il y en aura eu, mais de top player, du moins sur le papier, il n’y en a toujours pas. Les grandes manœuvres pour enrôler un serial buteur ont échoué. Le seul couac de ce mercato pour la Vieille Dame qui a littéralement vampé les joueurs cet été. Razzia sur le secteur jeune, renforts de choix dans l’entre-jeu et retour de l’enfant de Turin à la maison (Giovinco), on peut sans risque parler d’un très bon mercato pour la Juventus. Outre les confirmations de la saison dernière (Caceres et Giaccherini), les supporters peuvent déjà se réjouir de la venue d’Asamoah, véritable bulldozer dans son nouveau rôle sur le couloir gauche. Ils attendent également avec impatience le retour à la compétition de son compère chilien, Mauricio Isla. L’avenir et la probable succession de Pirlo ont été préparés avec l’arrivée de Pogba en provenance de Manchester United. Lucio et son improbable transition Inter-Juve est là pour apporter un peu de bouteille à la défense bianconera et Giovinco s’est vu accorder un billet de retour avec pour objectif de dynamiter un peu plus le front de l’attaque piémontaise. Côté départs, la Juventus a perdu une partie d’elle-même avec l’envol de Del Piero vers l’Australie. Mais elle a aussi bien travaillé en dégraissant les déceptions de cette dernière saison. Exit Elia, Krasic, Pazienza, Estigarribia, Motta, Manninger et Grosso.

LA RECRUE PHARE : KWADWO ASAMOAH

Déjà impressionnant avec l’Udinese, il assomme tout sur son passage. Trop précieux pour le laisser sur le banc en doublure de Vidal ou de Marchisio, Conte l’a testé dans le couloir gauche, une réussite. Percutant, décisif et intraitable, la piste d’un renfort dans le couloir a été abandonnée, il fera la paire avec De Ceglie. Le directeur général de la Juventus, Beppe Marotta, parlait d’un top player “sur le terrain”, il ne s’est pas trompé avec Kwadwo. S’il poursuit sur sa lancée, on voit mal comment la Juventus pourrait être prise à défaut dans l’entre-jeu.

LA RECRUE FARCE : NICKLAS BENDTNER

Oui, nous avons hésité. Des noms, des noms !! Et comme on est sympa, on va balancer. Lucio aurait pu avoir ce titre honorifique, recruté pour rien en provenance de l’Inter avec qui il avait rompu son bail au préalable, il n’est pas vraiment la recrue idéale derrière. Mais était-ce l’ambition de ce recrutement ? Certainement pas, donc on lui lâche l’oreille. Et le choix s’est donc porté sur Bendtner, le poulain dont Wenger ne savait plus quoi faire. Une expérience raté à Sunderland plus tard, il ne fait toujours pas partie des plans d’Arsenal. La Juventus frappe à toutes les portes pour enrôler un buteur et le temps presse, c’est souvent un coktail dangereux. Loin d’être celui que les tifosi attendaient, il arrive tout de même en prêt avec option d’achat, un moindre risque et le bénéfice du doute du coup…

LE(S) ENTRAÎNEUR(S) :  CONTE (ET CARRERA)

Le titre de cette sous-partie annonce la couleur : c’est compliqué. Conte devait poursuivre son aventure sur le banc de la Juventus après les miracles réussis la saison passée, mais le Calcioscommesse est passé par là et c’est des tribunes qu’il suivra son groupe. Et s’il peut diriger ses hommes librement en semaine, ce sera Massimo Carrera son relais (ou son porte voix) sur le banc de touche. Une formule assez complexe et un sérieux handicap à première vue pour les bianconeri. Toutefois, avec une Supercoupe dans la poche et deux victoires en championnat jusque là, la machine n’a pas souffert de ce coup de bâton dans les roues.

L’EFFECTIF

Dans les buts, le nouveau capitaine de la Juventus (on ne craque pas maintenant !), Gianluigi Buffon, tiendra son rang, celui de meilleur gardien du monde. Ses pépins physiques sont désormais loin et il a prouvé être digne de ce titre officieux la saison passée en étant à la tête de la meilleure défense d’Europe. Il sera encore assisté de Marco Storari, un gardien dans l’ombre d’un plus grand encore, ça résume bien le niveau de ce portier et la chance de la Juventus d’avoir deux joueurs de cette dimension à ce poste. Le bouche trou, pardon, la troisième roue du carrosse se nomme Rubinho, il vient là pour faire le nombre et remplacer Manninger.

Derrière on ne change pas une équipe qui bloque, le trio Barzagli-Bonucci-Chiellini sera de nouveau au rendez-vous, épaulé par un Lucio en quête d’une seconde jeunesse, d’un Caceres multifonction et d’un Marrone impressionnant dans ce nouveau rôle de vice Bonucci. Sur les flancs, Lichtsteiner continuera de faire le piston à droite et Asamoah semble être destiné à jouer son pendant à gauche, laissant à De Ceglie un rôle d’alternative pour l’instant. On peut aussi ajouter sur ces deux postes les noms d’Isla, Padoin, Giaccherini, Pepe ou encore Caceres, qui sont capables de jouer les pompiers de service assez facilement.

Au milieu, Andrea Pirlo, dit Mozart pour les puristes, sera encore à la baguette, toujours escorté par ses deux hommes à tout faire : Marchisio et Vidal. Pourront se greffer sur ce rôle de Bodyguard : Asamoah, Padoin, Marrone, Giaccherini ou encore Isla. Pour suppléer Pirlo en cas de pépin, la Juve pourra compter sur Marrone et Pogba, qui a déjà montré de très belles choses et une étonnante maturité pour son âge.

Devant, la Juve ne pourra pas compter sur Iaquinta. Ni sur Van Persie, Suarez, Dzeko ou Borriello. Mais elle pourra s’appuyer sur un duo créatif composé de Vucinic et de Giovinco. Les points d’appuis seront donc plus bas, ce qui pourra permettre aux avaleurs d’espaces et aux spécialistes de l’incursion de jouer les troubles fêtes dans les défenses. Matri et Quagliarella se contenteront de jouer les alternatives à ce système, à eux de saisir les opportunités et de retrouver une constance qu’ils ont tous deux abandonné après six mois. Le meilleur pour la fin : Bendtner, voilà, voilà. A lui de mettre à profit sa grande taille sur un mauvais rebond, ou une partie de billard sur un corner, sait-on jamais.

L’ÉQUIPE TYPE

Pas de bouleversement dans l’organisation de la Juventus, Conte s’appuiera sur le même 3-5-2 (ou 5-3-2 en phase défensive) que la saison passée. Seuls les nouveautés Asamoah et Giovinco viendront enrichir cette formation type de début de saison. Une animation qui a déjà fait ses preuves, entre solidité et contrôle total du jeu, elle semble être la plus appropriée pour mettre en exergue les qualités de chacun. A ne pas exclure toutefois un passage en 4-3-3 avec les retours de Pepe et d’Isla, Conte n’hésitant pas parfois à changer de tactique pour contrarier son adversaire.