“Personne n’a été aussi grand que Gaetano, parce que les autres, y compris Beckenbauer et Baresi, étaient des défenseurs qui avançaient, Scirea était un défenseur en défense, un milieu au milieu du terrain et un attaquant en attaque.”

Ce passage d’un article paru dans la Gazzetta Dello Sport pourrait être un bref profil de Gaetano Scirea né à Cernusco sul Naviglio (vers Milan) le 25 mai 1953. A ses commencements, à 14 ans, dans l’équipe de San Pio X, Scirea était un attaquant, un pur numéro 9, il signe son premier contrat pour les couleurs de l’Atalanta après une forte concurrence pour s’attacher ses services, de Como au Varese. A Bergamo, dans les équipes de jeunes, Gaetano touche à tout les rôles, ailier droit, milieu offensif, attaquant, milieu axial. Il marque beaucoup de buts en étant très astucieux et intelligent sur le terrain. Mais avec la conception du football total, les footballeurs doivent assimiler les mouvements du milieu de terrain. En Primavera (-20 ans) atalantina il lui arrive plus d’une fois de couvrir les avancés des ailiers et de jouer globalement plus en retrait. C’est en 1972 et face à Cagliari qu’il débute en équipe première, à la place du blessé Savoia, Scirea fini par jouer 20 matchs mais évolue en tant que libéro seulement 5 fois, les autres fois un peu ailier, un peu milieu de terrain.

La Juventus qui cherche un digne successeur du grand Sandro Salvadore voit en Scirea un héritier potentiel. Son entourage lui fait savoir qu’il est suivi par Romolo Bizzoto un observateur de la Juve mais lui croit à une blague. La Juve est bel et bien intéressée et s’attache ses services au printemps 1974. Gaetano parti avec son frère à Turin pour aller signer le contrat raconte : “Une fois arrivé, je me rappelle ne pas avoir voulu descendre de la voiture.” Son frère a du employer la force pour le faire descendre tel était la crainte de rencontrer les dirigeants et surtout le président de la Juve de l’époque, Giampiero Boniperti. A Villar Perosa son compagnon de chambrée est ni plus ni moins que Roberto Bettega. Ses premiers pas avec le maillot bianconero, ce sera contre Varese en Coupe d’Italie, le 28 Aout 1974.

Ses débuts sous le maillot bianconero sont d’ailleurs un mauvais souvenir pour Gai : “Le premier match en Coupe UEFA, je me fais mal à la cheville, à peine eus-je le temps de savourer ce moment que j’ai du m’absenter pendant deux matches.” Mais ce n’est qu’un moment passager, il jouera 89 matches d’affilé et participera aux émotions et aux joies des scudetti, celui des 51 points et de la victoire en Coupe de l’Uefa (saison 1976-1977). A chaque match sa prestation est toujours à la hauteur de la situation. “Être libéro est un rôle compliqué où la concentration doit toujours être à son maximum. Vous devez contrôler tout le monde et personne. Vous devez posséder un instinct exceptionnel. Comprendre quand l’ailier part à l’attaque et prendre tout de suite l’attaquant qui reste seul en tenant compte de l’espace où peuvent venir des contre-attaques. Après quand vous intervenez , vous devez non seulement libérer la surface de réparation mais poser le jeu d’une manière à faire repartir vos coéquipiers ; facile à dire, mais essayez de le faire, quand le jeu va vite et tout le monde est en condition pour vous mettre en difficulté”.

Il fera parti du cycle de Trapattoni qui gagne tout ce qui est possible de gagner pendant une décennie, au final, 14 ans de Juventus un choix de vie qu’il commente ainsi : “Bien sûr que j’aurais pu moi aussi en fin de contrat partir pour gagner plus d’argent ailleurs mais une équipe comme celle-là il en existe une seule. Je préfère conclure ma carrière à la Juventus. Ici j’ai l’exemple de Zoff, un homme qui m’a enseigné de ne jamais regarder derrière soi.” Scirea a tout gagné : 7 scudetti, 2 Coupes d’Italie, Supercoupe, Coupe intercontinentale, Ligue des Champions, Coupe de l’UEFA et Coupe des Coupes sans oublier le Mundial espagnol en 1982 où il fut un des grands protagoniste de la compétition et de la victoire finale, comment oublier sa passe décisive pour Tardelli pour le 2-0 après une sublime avancée ? Pendant 10 années il sera d’ailleurs un joueur incontournable de la génération Bearzot dans une Nazionale à forte consonance juventina.

Il était un défenseur qui avait les pieds d’un milieu offensif, il n’a jamais été expulsé durant sa grande carrière et n’a reçu que 2 cartons jaunes dont un parce qu’il ne respectait par la distance du mur. Pour une grande partie de l’opinion publique italienne il est considéré comme le plus grand défenseur que l’Italie ait pu connaître. Gaetano Scirea c’était l’agilité, la classe, la technique, le charisme et l’élégance, un style unique. C’était un libéro moderne qui faisait repartir l’action à merveille grâce à sa technique, il avait une vision de jeu impressionnante pour un défenseur toujours propre dans ses interventions, il possédait un sens de l’anticipation impressionnant et le fait qu’il n’a jamais été expulsé le prouve. Scirea n’était pas un défenseur rugueux, il ne se collait jamais aux attaquants parce qu’il avait cette particularité de prévenir le mouvement du ballon et de son adversaire.

Gai met un terme à sa carrière à la fin de la saison 1987/1988 après une ultime rencontre face à la Fiorentina à bientôt 35 ans, il totalise 337 matchs en championnat et 552 au total (ainsi que 32 buts), un record qui aura duré de longues années avant que Del Piero ne passe le cap contre le Milan vingt ans plus tard. Après avoir pris sa retraite, les dirigeants lui proposent le poste de collaborateur de Dino Zoff, il accepte et devient observateur pour le compte personnel de son ancien coéquipier devenu entraîneur. Il refuse en même temps une offre de la Reggina qui lui propose d’être un entraîneur à part entière.

Le 3 septembre 1989, Scirea devait aller observer le prochain adversaire de la Juve au premier tour de la Coupe de l’UEFA 1989/90, l’équipe polonaise du Gornik Zabrze, Scirea part de Cracovie avec un chauffeur local qui à cause de la situation de la crise économique et de la politique instable de la Pologne avait quelques jerricanes d’essence de secours dans le coffre. Durant le trajet la voiture eut un accident, elle a été tamponnée avec violence et les jerricanes d’essence prirent feux. Le chauffeur et Scirea coincés dans la voiture sont condamnés. Ils meurent carbonisés. Scirea laisse sa femme et son fils âgé de 5 ans.
Beaucoup de tournois de jeunes et de prix fair play ont été intitulé à Scirea les années qui suivirent sa mort en mémoire à son style et à son comportement toujours exemplaire sur et en dehors du terrain. Les supporters de la Juve suite au transfert du Stade Communale au Stade Delle Alpi baptisent en son honneur le secteur sud du stade : Curva Gaetano Scirea.

Ses saisons

1972-74 : Atalanta Bergamo
1974-88 : Juventus

Son Palmarès

1 Coupe du Monde (1982)
1 Ligue des Champions (1984/85)
1 Coupe des Coupes (1983/84)
1 Coupe de l’UEFA (1976/77)
1 Coupe Intercontinentale (1985)
1 Supercoupe d’Europe (1984)
7 Championnats d’Italie (1974/75, 1976/77, 1977/78, 1980/81, 1981/82, 1983/84, 1985/86)
2 Coupes d’Italie (1978/79, 1982/83)

ainsi que 78 sélections et 2 buts en Equipe d’Italie (1975-86).