C’est au tour de Gianluca Zambrotta de se confier dans une interview amarcord pour Calciomio. Champion du Monde 2006, il est l’un des joueurs les plus capés de l’histoire de la Nazionale avec 98 sélections. Zambrotta a également tout raflé ou presque en club, avec le Milan, le Barca et la Juventus. Aujourd’hui entraineur de Chiasso en D2 suisse, il raconte son parcours.

Comment ton histoire avec le football a-t-elle commencé ? Ta famille baignait dedans ?

A vrai dire, pas vraiment. Je savais juste que mon grand-père maternel avait joué à un niveau amateur, mais ça ne m’a pas forcément influencé. C’est bien simple, comme tous les enfants de l’époque, je jouais à l’oratoire du coin. Il s’agit des centres de divertissement gérés par les paroisses, et c’est comme ça que ça a commencé.

Plus jeune, tu allais au stade ? Tu étais “tifoso” ?

Quand j’étais au centre de formation de Como, j’étais ramasseur de balle durant les matches de l’équipe première. À l’époque, le club jouait en Serie C, Serie B et même en Serie A. C’est aussi l’équipe de ma ville natale, donc je la suivais.

Avais-tu une idole footballistique ?

Absolument. Moi, c’était Roberto Baggio mon idole quand j’étais petit. J’adorais ce joueur.

Quand as-tu compris que tu serais devenu footballeur professionnel ?

Quand vous faites tout le centre de formation, toutes les catégories de jeunes et que vous arrivez dans le groupe de l’équipe une. Là, vous commencez à comprendre si le football peut être votre profession ou pas, surtout vers l’age de 18-20 ans. Personnellement, je n’ai jamais eu aucun doute, je savais que j’allais devenir footballeur.

Comment se sont passés tes débuts en professionnel ?

C’était la saison 1994-95, j’avais 18 ans et je venais de la Primavera. Je suis entré pour les 15 dernières minutes d’un match comptant pour le championnat de Serie B contre Cesena. L’entraineur qui m’a lancé est Marco Tardelli. C’est après que j’ai enchainé sur ma première saison complète.

“La perte du scudetto et de l’Euro en 2000 ont été les moments les plus difficiles”

Si tu devais choisir le meilleur moment de ta carrière, ce serait lequel ?

C’est sans aucun doute la Coupe du Monde 2006. En plus d’avoir gagné le trophée, j’étais dans une période de forme excellente. C’est le top de ma carrière d’un point de vue collectif mais aussi au niveau des prestations individuelles.

Et le moment le plus difficile ?

L’été 2000 a été très difficile : d’abord à la Juve, je perds le scudetto sur la photo-finish contre la Lazio et quelques semaines plus tard l’Euro contre la France, toujours sur la fin…

Si tu devais retenir un coéquipier dans ta carrière, celui avec qui tu t’es vraiment lié d’amitié.

C’était à la Juve, une personne que je fréquentais également hors du terrain et pour qui j’ai toujours énormément d’estime. Il s’agit de Gianluca Pessotto. C’est celui avec qui j’ai eu le rapport le plus vrai et sincère.

Et un entraineur ?

Il y a bien évidemment Marcello Lippi que j’ai connu à la Juve et que j’ai retrouvé ensuite en Nazionale. Je citerais également Eugenio Fascetti à Bari qui m’a lancé en Serie A, il a cru en moi malgré mon jeune âge et alors que j’arrivais de la Serie C1 où j’évoluais avec Como. Il m’a beaucoup aidé.

A quel moment as-tu décidé de raccrocher les crampons. D’autant que tu es resté un an sans jouer.

C’est ça, après la fin de mon contrat au Milan en juin 2012 puis je suis allé à Chiasso l’été 2013. D’abord en tant que joueur et j’ai commencé à entrainer quelques mois plus tard en débutant adjoint aux côtés d’Ernestino Ramella. Il est normal qu’à un moment, on n’y arrive plus physiquement et mentalement, même si mentalement on a peut-être encore l’envie mais les pépins physiques vous empêchent de poursuivre. Il y avait également cette opportunité de commencer à entrainer à Chiasso et je ne l’ai pas loupée.

“En 2006, je pouvais choisir entre le Milan, le Barca, Chelsea et le Real”

Peux-tu nous révéler un transfert manqué de ta carrière ?

Ce n’est pas un transfert manqué, mais en 2006 après Calciopoli et le Mondial, j’avais le choix entre plusieurs clubs au moment de quitter la Juventus. Je pouvais rester en Italie puisque le Milan me voulait, mais il y avait aussi Chelsea, le Real où Capello venait d’arriver. J’avais beaucoup de possibilités et j’ai finalement choisi le Barca.

Aujourd’hui il y a un joueur évoluant au poste de latéral que tu estimes particulièrement ?

Le premier qui me vient à l’esprit c’est Mattia De Sciglio, jeune et prometteur. Je l’ai d’ailleurs connu alors qu’il débutait, on s’est entrainé ensemble. C’est un joueur qui a tout pour réussir.

Il y a un concurrent que tu as craint particulièrement dans ta carrière ?

Quand j’étais à la Juve, il n’y avait pas de vrai concurrent parce que je jouais à droite et à gauche. Au Barca, c’était Van Bronckhorst, Silvinho et aussi Oleguer. Mais je n’ai jamais mal vécu la concurrence. Pour moi, ça a toujours été une chose positive qui me motivait et me poussait à faire mieux. Et si un entraineur choisit un joueur plus qu’un autre, c’est qu’il estime tout simplement qu’il peut lui apporter plus.

As-tu un regret de ta carrière ?

Sans aucun doute le fait de ne jamais avoir gagné la Champions League. Je n’ai disputé que la finale de 2003 perdue aux tirs au but contre le Milan. D’un autre côté, j’ai remporté le Mondial, donc ça atténue largement la déception !

Qui est Gianluca Zambrotta aujourd’hui ?

Tout simplement une personne de 37 ans qui veut se remettre en question en tant qu’entraineur, en cherchant à rééditer ce qu’il a fait en tant que joueur, ne serait-ce qu’en partie. J’ai de toute façon l’intention de rester dans l’environnement du foot. J’ai voulu aller à Chiasso car je connaissais très bien. Ce n’est qu’à 4 km de Côme où j’habite. Et puis j’ai la possibilité d’entraîner en D2 suisse, un très bon championnat, pour commencer c’est très bien. Tout était réuni pour débuter cette nouvelle vie avec enthousiasme et envie.

D’ailleurs, on t’arrête souvent à la douane ?

(rires) Mais non, je les connais tous les douaniers désormais !