Bruno Cheyrou arpente les terrains de Serie A depuis maintenant deux ans pour BeINSPORTS. Le fidèle acolyte de Philippe Genin nous parle de sa nouvelle carrière et du derby milanais.

Tu es consultant chez BeIn Sports depuis un peu plus de deux ans, comment as-tu atterri là-bas?

A la création de BeIn Sports, Charles Biétry cherchait des nouvelles têtes en vue de l’Euro 2012, il m’a proposé de participer à cette aventure. Ponctuellement dans un premier temps, et vu qu’ils étaient satisfaits, on a tout simplement prolongé.

Et le duo avec Philippe Genin ?

Il s’est créé à ce moment-là, je ne sais pas de qui est l’initiative. Je crois que Philippe avait émis le souhait d’être avec moi. Puisque l’Euro s’est bien passé et qu’il s’occupait de l’Italie, il m’a proposé de venir avec lui. J’appréciais la Serie A, même si je connaissais moins. Alors je me suis dit « C’est parti ».

Qu’est ce qui te plait particulièrement dans le foot italien ?

Bon j’ai la chance de ne faire que des gros matches, donc j’ai un regard différent, même si j’essaie d’être complet et le plus général possible. Je fais rarement les petits matches qui doivent être entre guillemets moins intéressants. Là un derby milanais, même si les deux clubs sont moins bien classés, ça reste 80.000 tifosi à San Siro avec une passion incroyable. L’Italien aime le sport, la compétition et le jeu.

En revanche, qu’est-ce qu’il te plait le moins ?

D’un point de vue professionnel, la vétusté des stades malheureusement. Hormis le Juventus Stadium, ils mériteraient tous un coup de pinceau. Être à San Siro pour un derby milanais ça reste bien malgré tout, mais les conditions d’accès ou de confort sont vraiment old school.

As-tu eu l’occasion de jouer en Italie dans ta carrière ?

Après ma 3ème saison rennaise, le Chievo souhaitait me recruter. Ça ne s’est finalement pas fait, moi j’étais bien là-bas et puis leur intérêt s’est ensuite étiolé.

Tu as croisé peu de fois la route des clubs italiens, mais tu as éliminé Parma avec Lille.

C’était encore le grand Parme, avec Nakata, Milosevic, Di Vaio, Djetou, Micoud, etc… On a eu la chance de jouer un club italien qui était en pleine préparation estivale. Je pense qu’ils nous avaient pris un peu de haut à l’aller, ce qui nous avait permis de les surprendre en gagnant 2-0 là-bas. On n’avait perdu que 1-0 au retour, suffisant pour se qualifier. Un grand souvenir car c’était notre porte d’entrée pour la Champions League.

Parlons un peu du derby, Mazzarri était vraiment en bout de course ?

J’étais admiratif ce qu’il avait su faire à Naples : avec moins de moyens, il avait réussi à faire revenir le club sur le devant de la scène. A l’Inter, on attendait une progression dans le jeu et les résultats, la première année on peut être indulgent malgrè l’attente qui existait à l’Inter. Là on attendait à ce qu’il passe la vitesse supérieure, mais on n’a rien vu. Moi j’étais assez critique, je n’ai jamais été un grand fan de son espèce de 361 assez réducteur avec la qualité des joueurs qu’il avait. Il aurait pu faire mieux.

Il a été remplacé par Mancini, c’est un coach que tu apprécies ?

J’ai un souvenir un Liverpool-Lazio en pré-saison à Anfield. Il avait fait de la Lazio une belle équipe, puis obtenu des résultats intéressants à l’Inter et également à City. J’ai aussi un excellent souvenir quand il était attaquant à la Sampdoria, un joueur de très grande classe. Là sur le banc, sa prestance, la façon dont il s’habille, c’est un atout pour moi. S’il arrive à bien faire passer son discours, il peut faire revenir l’Inter dans le Top 3 dès cette année.

Le Milan de Pippo Inzaghi, ça tient la route ?

Il y a eu un gros début de saison avec un Menez inarrêtable, mais il commence à piocher un petit peu, aussi à cause des nombreux absents. Il a réussi à donner une fraicheur et de l’enthousiasme en début de saison, un peu comme la Roma l’an dernier qui n’avait rien à perdre. Honda a réussi à sortir des matches intéressants. Maintenant, il y a une fragilité défensive récurrente, ils n’ont pas tout à fait résolu le problème de leur gardien de but. La charnière centrale, une petite paire Mexes-Rami, ça tiendrait bien la route, d’autant que la dernière fois, Zapata rentre et fait n’importe quoi. C’est surtout ça qui les plombe. Le retour de Montolivo sera également important, il apportera de l’expérience au milieu. Sinon, dans l’ensemble, c’est plutôt sympathique.

Quand on t’entend à l’antenne, on se dit que tu ferais un bon entraineur, cela fait partie de tes projets ?

Il ne faut jamais dire jamais, en ce moment, je fais une formation de manager général à Limoges comme Dacourt et Zidane l’an passé. C’est plus pour être directeur sportif. Bien sur que ça me plairait de faire évoluer une équipe, voir progresser des joueurs, mais je suis plus dans le moyen terme, tandis que l’entraineur est dans le court terme et c’est souvent compliqué. C’est pas que j’aie peur, mais j’ai plus envie d’avoir du temps de construire une équipe, je me verrais un peu plus haut dans la hiérarchie.

Il y a un petit rituel que tu répètes à chacun de tes voyages en Italie ?

Je ne pouvais pas te le dire vraiment juste avant, mais quand tu me demandes ce que j’aime en Italie, c’est surtout sa gastronomie. Avant les matches ou après, on en profite avec Philippe… On a nos petits habitudes à Turin, Milan et Rome, et ce n’est pas négligeable , bien au contraire. On mange vraiment très très bien.

crédits photo : Panoramic