Entretien exclusif avec Mark Iuliano : ancienne gloire de la Juventus et de la Nazionale



Entretien exclusif avec Mark Iuliano : ancienne gloire de la Juventus et de la Nazionale
Mark Iuliano s’est confié dans une interview amarcord pour Calciomio, il a été pendant neuf ans un des piliers de la Juventus de Lippi et a également participé à l’Euro 2000 et au Mondial 2002 avec la Nazionale. Aujourd’hui entraîneur des U16 de l’équipe de Pavia, il est revenu sur les bons et les mauvais moments d’une carrière à succès.
Qui étais-tu Mark avant de devenir joueur professionnel et de quelle façon as-tu atterri dans le monde du football ?
Mon histoire est très commune et ressemble à celles de nombreux autres joueurs italiens ou étrangers. Je suis issu d’une famille très modeste dans un contexte de l’Italie du Sud avec peu de structures et où il y n’y avait pas grand chose à faire. Né à Cosenza, j’ai vécu quelques années en Calabre avant de déménager à Salerne pour des raisons liées au travail de mes parents. L’unique débouché pour les jeunes était le foot, même si ça ne te plaisait pas, tu te forçais à ce que t’as te plaise. J’ai d’abord joué avec mes copains, mes voisins, puis j’ai pratiqué l’athlétisme dans un premier temps, coureur de demi-fond, 3000 steeple et je faisais les compétitions avec mon collège, j’aimais bien mais bon c’était un peu ennuyant de courir. Ensuite j’ai fait des essais dans des clubs de foot, mais j’étais tout petit et mon physique me pénalisait. En fait j’ai eu un développement rapide entre mes 13 et 15 ans, un jour je tente avec la Salernitana qui jouait en Serie C à l’époque. Ils m’ont pris et j’ai commencé avec les Allievi (U16), pendant ce temps l’équipe une était montée en B et donc il y a eu la création de la Primavera que j’intègre à 16 ans et demi. C’était également compliqué pour moi parce que j’aimais bien l’école et j’aurais aimé continué d’étudier.
Tu allais au stade durant ta jeunesse ?
J’étais un grand tifoso de Cosenza qui à l’époque jouait en B ou C, même quand j’habitais à Salerne à partir de l’age de 10 ans, je continuais à aller voir les matches en Calabre où mes grands-parents habitaient encore.
Raconte-nous ton tout premier match chez les professionnels
L’équipe une avait du mal, plusieurs joueurs se sont blessés et à 17 ans je m’entraînais avec le groupe pro. Le coach m’a conservé et a décidé de me faire débuter. C’était un Messina-Salernitana 1-1, le 4 avril 1991 ! Une émotion particulière, un match qui comptait pour les supporters par ailleurs et puis à Salerne on parlait beaucoup de cette Salernitana qui était montée en Serie B. J’ai joué 35 minutes en tant qu’arrière gauche, moi grand et maigre j’étais au marquage d’un joueur tout petit, très rapide qui était la star de Messina, un certain Cambiaghi, je n’ai jamais réussi à le museler ! Certes ça ne s’est pas super bien passé mais j’étais vraiment content de faire mes débuts et j’ai également disputé d’autres matches cette année-là. Ensuite on a été relégué en Serie C1, mais ce fut une chance pour moi car j’ai pu jouer plus régulièrement et être titulaire à seulement 18 ans.
Avec le recul, comment décrirais-tu le joueur qu’était Mark Iuliano ?
J’ai toujours été un joueur très appliqué, je n’ai jamais envié mes coéquipiers mais j’ai toujours essayé d’apprendre quelque chose d’eux. Ce serait très simple de citer ceux de la Juventus mais dans les séries mineures il y avait pas mal de joueurs qui avaient évolué pendant longtemps en Serie A qui étaient très bons et dont je m’inspirais. Je n’ai jamais été un joueur arrogant qui se considérait plus fort que les autres, j’ai eu aussi de la chance de côtoyer des entraîneurs qui me faisaient confiance même si les résultats de l’équipe n’étaient pas bons. J’étais aussi quelqu’un d’opiniâtre qui ne lâchait rien mais aussi capable de se remettre en question et de redémarrer des bases quand ça n’allait pas en bossant à fond sur mes points faibles. Lors de mon retour à la Salernitana en 1994 avec Delio Rossi comme coach, on jouait dans un 433 à la Zeman et toujours dans la moitié de terrain adverse. Alors que j’étais un défenseur plutôt rude, là j’ai appris à jouer le ballon et fait de gros progrès techniquement, on formait d’ailleurs un bon duo avec Salvatore Fresi qui a été vendu à l’Inter en 1995 tandis que je pars à la Juve l’année suivante.
Quel est pour toi le sommet de ta carrière ?
Je pense que c’est la première saison à la Juve qui devait être une année de rodage, finalement je joue beaucoup et je marque même le but synonyme de scudetto à Bergame. La semaine suivante, je suis titulaire lors de la finale de Champions League contre le Borussia, un match qu’on gagnerait 1000 fois si le rejouait. On remporte également la Coupe Intercontinentale, la Supercoupe d’Europe, bref, j’ai tout gagné sauf la Champions League lors de ma première année, vraiment des débuts en fanfare. Je me souviens du 6-1 en Supercoupe d’Europe à Paris au Parc des Princes, un des stades les plus fascinants dans lequel j’ai joué. On leur a mis une rouste incroyable. Après il y a eu également l’Euro 2000 qui a également été un grand moment de ma carrière. Ce match perdu contre la France, peut-être celui qu’on aurait le plus mérité de gagner, on avait réussi à museler Zizou, sans oublier la demie-finale incroyable contre la Hollande, à 10 pendant 100 minutes suite à l’expulsion de Zambrotta.
A l’inverse, le moment le plus difficile ?
Quand Lippi est parti de la Juve la première fois car je le considère comme un père qui m’a enseigné beaucoup de choses. C’était en février 1999, l’équipe éprouvait de nombreuses difficultés, je ne sais pas trop ce qui s’est passé, en tout cas quelque chose s’était rompu dans le vestiaire et ça a donné une très mauvaise année, Ancelotti arrive, un entraîneur et une personne incroyable, et je continue de jouer sauf qu’au début de l’année suivante, je ne réussissais pas à trouver ma place dans une défense à trois avec Ferrara, Montero et moi sur le centre droit et j’ai même fini sur le banc de façon méritée et connu les premiers sifflets. Ensuite moi et Ferrara avons échangé nos positions en se concertant avec Ancelotti, ça c’est mieux passé et on s’est repris. Seulement la fin de saison a été très difficile puisqu’on perd le scudetto dans la tempête de Pérouse et un mois plus tard la finale de l’Euro à la dernière seconde, en fait c’était une belle année mais les deux finales ont vraiment été deux grosses claques.
As-tu un regret particulier, un choix que tu ne referais-pas ?
Ma plus mauvais décision a été de revenir en Italie l’hiver 2006 alors que je jouais au Real Majorque depuis un an. Là-bas, j’étais apprécié des supporters, ma famille se plaisait bien, le soleil toute l’année, la plage à deux pas de la maison… Mais pour des raisons fiscales et autres, j’ai dû rentrer au pays alors que je m’étais adapté au football espagnol et à son rythme, tout en technique et où je prenais plaisir, j’avais presque oublié le foot italien si physique ! Mais je suis revenu à la Sampdoria coachée par Novellino et avec qui on avait une vision du football totalement différente, en plus je me suis blessé tout de suite. Cela dit, ça m’a permis de connaitre Marotta, une personne extraordinaire et d’ailleurs je suis très content des succès qu’il obtient avec la Juve.
Si tu devais nous parler d’un coéquipier dans ta carrière, lequel serait-il ?
Et bien mon ami historique Paolo Montero avec lequel j’ai passé dix ans à la Juve et que je fréquentais quotidiennement, on a tout partagé ensemble, les joies et les douleurs, c’est mon frère juventino. Mais j’ai eu aussi un super rapport avec Zidane, Davids, Amoruso. On était vraiment un groupe très uni à la Juve qui restait toujours ensemble, on sortait souvent, les mecs mariés nous rejoignaient dés qu’ils réussissaient à se libérer.
On peut aussi dire que Montero a été le véritable concurrent à ton poste durant toutes ces années ?
Oui, mais comme c’était mon meilleur ami si le coach le choisissait plutôt que moi, j’étais le premier à être content pour lui. Je me souviens d’un match où j’ai marqué et lui ne jouait pas, j’ai traversé tout le terrain pour fêter le but et lui était très heureux pour moi alors que je jouais à sa place. Concernant la sélection, à l’époque, il y avait Nesta, Cannavaro et Maldini dont l’équipe ne pouvait pas se passer, pour te dire j’ai eu 100 convocations mais je n’ai joué que 20 matches en sélection. Seulement à l’Euro 2000, j’ai eu la chance que Zoff avait décidé de décaler Maldini à gauche et de me titulariser dans le trio de défenseurs centraux. C’était le top, une défense pratiquement imbattable.
Y-a-t-il un adversaire que tu as craint plus qu’un autre ?
On ne craignait personne à la Juve car on était tellement fort mais assurément le premier Ronaldo à l’Inter faisait vraiment peur, un joueur extraordinaire. On l’a respecté plus que craint, mais il était vraiment difficile à marquer.
Cites-nous un entraîneur ou un dirigeant dont tu te souviens volontiers.
Je me souviens volontiers de la Triade des dirigeants juventini composée de Luciano Moggi, Antonio Giraudo et Roberto Bettega, on peut dire ce qu’on veut avec Calciopoli et tout ça, mais il devrait toujours y avoir des dirigeants comme ça dans toutes les équipes. On ne manquait de rien, ils savaient prévenir à l’avance les problèmes et comment les gérer. De gros bosseurs, je me souviens de Giraudo qui était au turbin dès 7h00 du matin. De grands professionnels qui ont modernisé le football italien. Comme entraîneurs, Lippi et Ancelotti sont ceux que j’ai le plus appréciés car ils m’ont vraiment tout donné.
Peux-tu nous révéler un transfert qui ne s’est pas conclu ?
Quand Ancelotti a débarqué au Milan, il voulait me faire venir mais la Juve avait refusé, il y avait eu aussi Liverpool à un moment donné. Mais moi j’étais tifoso juventino et j’aurais quitté la Juve peut-être que pour Ancelotti, d’ailleurs je prenais à peine en considération les offres que je recevais.
Un joueur que tu apprécies aujourd’hui ?
J’apprécie énormément les défenseurs de la Juve, notamment Chiellini que j’ai pris sous mon aile et dont je suis le premier fan. Il a la grinta et la détermination que j’avais. Il y a aussi Barzagli qui est pratiquement le meilleur joueur de la Juve à chaque rencontre depuis qu’il y a signé.
Parlons un peu de ta fin de carrière, quand as-tu compris qu’il étais temps de raccrocher ?
Il y a eu l’expérience à Messina en 2006-07 où j’ai passé une belle année avec un bon entraîneur comme Bruno Giordano. Après cette année là, j’ai refusé deux offres de grosses équipes de Serie A car je n’avais plus de motivation, c’était une période négative de ma vie. J’étais fatigué de voyager et je voulais me consacrer à ma famille, bref je n’y étais pas. Ensuite, habitant à Milano Marittima en Romagne, j’avais envie de m’entraîner et de rester un peu en forme, histoire de perdre un peu de poids ! Alors Ravenna m’a proposé un contrat en Serie B, j’ai disputé quelques matches mais mentalement je n’y étais plus. Puis j’ai eu des problèmes personnels, j’avais d’autres soucis et j’ai fait cette connerie avec ce contrôle anti-dopage positif à la cocaïne en 2008. Mais je n’ai pas cherché à me dédouaner, j’ai admis ma faute, pris mes responsabilités et payé les conséquences en acceptant sans problème cette suspension de deux ans.
Tu as récemment débuté ta carrière d’entraîneur avec les jeunes de Pavia (dont l’équipe une évolue en 1^ Division de Lega Pro), quel est ton projet ?
Pendant ces deux ans de suspension j’ai décidé de reprendre ma vie en main, reconstruire ma famille, comprendre ce que je voulais, ce que je pouvais être puis j’ai commencé à suivre les cours à Coverciano pour devenir entraîneur et parallèlement j’ai eu cette opportunité de coacher les U16 de Pavia. Il me reste un dernier examen à passer pour obtenir le Master et là je pourrai entraîner toutes les équipes. Ce qui est bien c’est que tout en entraînant les jeunes, j’ai le temps d’aller rendre visite aux collègues des équipes professionnelles pour m’informer, d’ailleurs vous les français, vous avez Garcia qui est vraiment très fort ! Bref, je me prépare à un futur dans une équipe une, tout en essayant de m’améliorer en tant qu’entraîneur car on peut toujours progresser.
Valentin Pauluzzi
@CalcioBilly
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