Encore une saison débutée par la vente des meilleures éléments et un début de championnat mediocre mais encore une qualification européenne à l’arrivée après une longue remontée conclue par huit victoires d’affilée. Un résultat prestigieux pour la meilleure des provinciales d’Italie.

Au soir de la défaite de Catania le 16 mars dernier, le championnat de l’Udinese paraissait terminé. Il restait neuf matches à disputer et un insipide titre de champion du ventre mou à défendre. Trop peu pour un club qui venait d’obtenir deux qualifications consécutives pour les barrages de Champions League. L’insouciance de l’équipe qui pouvait jouer libérée et surtout le juste mix finalement trouvé, après plusieurs essais, par Francesco Guidolin, ont permis aux bianconeri de réaliser une fin de saison à vrai dire peu croyable. Huit victoires et un match nul plus tard, l’Udinese se retrouve cinquième et qualifiée pour l’Europa League devant des formations aussi prestigieuses que l’AS Roma et l’Inter. Un résultat inespéré mais pas inexplicable. Le coach frioulan a encore une fois dû faire face à une intersaison agitée avec les départs de deux pièces maîtresses comme Handanovic et Asamoah remplacés par des joueurs en devenir mais encore acerbes pour la Serie A ou par des paris tentés au Brésil. L’élimination contre Braga lors du barrage pour accéder à la Champions League aux tirs aux buts sur une panenka manquée de Maicosuel a été très longue à digérer et le début de championnat en a sérieusement pâti. Les blessures successives de certains éléments moteur comme Benatia, Domizzi, Basta ou encore Muriel ont fait le reste et l’Udinese s’est retrouvée coincée au milieu du classement pendant de longs mois. Mais celle qui devait être une simple saison de transition s’est transformée au fil des matchs de la phase retour en un véritable exploit, terminée par une nouvelle qualification européenne avec quatre points de plus que l’exercice précédent.

Si les mérites de ce prestigieux résultat sont à partager, il en va de soi que deux personnes y tiennent un rôle prépondérant : Francesco Guidolin et Antonio Di Natale. Le coach de Castelfranco Veneto, une fois évacuée sa déception post-Braga, a de nouveau reconstruit une formation conquérante en insérant les révélations Allan et Pereyra dans un 3421 bien huilé autour d’une défense solide et d’un jeu de contre rapide finalisé par le talent de Di Natale. Le capitaine s’est encore un fois distingué en inscrivant 23 buts en championnat et en dépassant pour la quatrième fois d’affilée la barre des 20 réalisations en Serie A, chose assez rare pour être signalée. La montée en puissance des Frioulans a coïncidé avec la nouvelle année et le retour d’une bonne partie des blessés. Muriel, tantôt aux cotés de Di Natale, tantôt dans un rôle de joker de luxe, a apporté des solutions nouvelles et beaucoup de souci aux défenses adverses. Si Brkic ne sera jamais Handanovic et si Willians et Maicosuel ont largement déçu, les autres nouveaux venus ont tous apporté leur pierre à l’édifice avec une mention particulière pour Allan, un milieu défensif qui rappelle à la fois Emerson et Verratti. Une autre trouvaille de la famille Pozzo bien façonnée par Guidolin. Le rush final avec les huit victoires consécutives (record pour le club) dont un cinglant 5-2 sur le terrain de l’Inter lors de la dernière journée n’est que le fruit d’un long travail en amont qui a permis à l’Udinese de se construire une identité de jeu articulée autour d’une défense et d’un milieu de terrain travailleurs au service du buteur Toto Di Natale. Reste maintenant à savoir si Guidolin pourra continuer de travailler avec ce groupe ou s’il devra encore une fois tout recommencer à zéro ou presque.

La saison de l’Udinese

- 5ème du championnat et qualifié pour les préliminaires de l’Europa League

- Éliminé en 8ème de finale de la Coupe d’Italie par la Fiorentina

- Éliminé en phase de poule de l’Europa League

- 47 matches, 19 victoires, 14 nuls, 14 défaites, 72 buts marqués, 65 buts encaissés

L’équipe-type

Meilleur buteur : Di Natale 26
Meilleur passeur : Lazzari, Di Natale 6
Joueur le plus utilisé : Danilo 3627 minutes de jeu
Joueur le + de fois entré en jeu : Ranégie 19
Joueur le + de fois remplacé : Di Natale 21
Joueur le plus averti : Domizzi 15
Joueur le plus expulsé : Heurtaux, Danilo 2
Joueur le plus âgé : Di Natale 35
Joueur le plus jeune : Reinthaler 18

Le man to man

* statistiques toutes compétitions confondues, source www.transfermarkt.co
* le barème des notes est italien

ZELJKO BRKIC (37 matches, 44 buts encaissé)

6

Propulsé titulaire après le départ de Handanovic à l’Inter, il a alterné le bon et le moins bon. Saison en dents de scie avec des arrêts magnifiques et des erreurs macroscopiques. A des qualités mais ne sera jamais au niveau de Samir “iceman” Handanovic.

DANIELE PADELLI (12 m. 16 b.e)

6

Il a remplacé Brkic pendant sa blessure avec le même rendement inégal. Des parades de champion suivis de bourdes de débutant. En fin de contrat, il ne sera pas conservé.

WOJCIECH PAWLOWSKI (0 m.)

Non noté

Jeune gardien polonais de qui on dit le plus grand bien. Il sera prêté en Serie B la saison prochaine.

GABRIELE ANGELLA (15 m. 4 buts marqués)

6,5

4 buts en seulement 14 matchs pour ce défenseur central au jeu de tête impressionnant. Titulaire en puissance la saison prochaine si Benatia ou Danilo viendraient à partir.

DANILO (41 m. 2 b. 1 p.d)

7

Un peu à l’image de l’équipe, il a débuté la saison de façon poussive pour ne pas dire médiocre avant de monter crescendo jusqu’à la fin du championnat. Ses trois derniers mois ont été impressionnants d’assurance et de régularité. Lorsqu’il est au top, Danilo n’a rien à envier aux meilleurs défenseurs centraux de la Serie A.

MAURIZIO DOMIZZI (37 m. 2 b. 5 p.d)

7

Encore une saison de haut niveau pour l’un des meilleurs interprètes gaucher de la défense à trois. Efficace dans le jeu (5 passes décisives) et premier râleur avec les arbitres qui le lui rendent bien (15 cartons). Un peu le Materazzi du “pauvre”.

MEHDI BENATIA (25 m. 2 b. 1 p.d)

6,5

Après un début de saison largement en deçà de son standing, le Franco Marocain s’est blessé fin Octobre et n’a rejoué en Serie A qu’au retour de la CAN début février. Il a tout de même retrouvé son niveau pour contribuer au rush final de son équipe. Le vrai Benatia ne s’est vu qu’à partie du 30 mars et l’Udinese n’a plus perdu. Simple coïncidence ?

THOMAS HEURTAUX (20 m.)

5,5

Une adaptation un peu difficile à la défense à trois et au calcio en général. Il a remplacé Benatia pendant sa blessure sans toutefois démériter. Ça devrait aller mieux la saison prochaine.

GIOVANNI PASQUALE (23 m. 2 b. 1 p.d)

6

Titulaire durant une bonne partie de la saison, il a ensuite perdu sa place au profit de Gabriel Silva. Fait son job lorsqu’il joue et ne dit rien quand on l’envoie sur le banc.

GABRIEL SILVA (19 m. 1 b. 3 p.d)

6,5

Après une période d’adaptation de quelques mois aux schémas de Guidolin, il a pris possession du flanc gauche du milieu en lieu et place de Pasquale. Trop timide dans ses premières apparitions, il a part la suite pris de l’assurance et laissé entrevoir beaucoup de qualités. Progressera encore la saison prochaine.

DUSAN BASTA (34 m. 2 b. 5 p.d)

6,5

Plusieurs petits problèmes de santé l’ont empêché de bien débuter la saison. Sa mise en route a donc été plutôt lente et il n’a commencé à tourner qu’après la trêve de Noël. Sa fin de championnat a toutefois été très intéressante et lui permet de confirmer son année précédente. Basta est très convoité et pourrait quitter le Frioul.

ALLAN (37 m. 5 p.d)

8

Inconnu du grand public a son arrivée dans le Frioul, Allan a su se rendre indispensable au fil des matches. Toujours au cœur du jeu, il joue juste et bien. La révélation de l’année. Consécration en vue la saison prochaine et pourquoi pas une place dans les 23 avec la Selecao ?

EMMANUEL BADU (32 m. 2 p.d)

6

Comme la saison d’avant, Badu étale ses nombreuses qualités au milieu de terrain mais n’arrive pas à franchir le dernier palier. Encore une année dans un rôle de 12ème homme.

DIEGO RODRIGUEZ (1 m.)

Non noté

Le sud-américain mystère du mercato de janvier. Pas sur de le revoir à Udine la saison prochaine.

MAX REINTHALER (1 m.)

Non noté

Jeune joueur de la Primavera. Son heure arrivera bientôt.

ALEXANDER MERKEL (5 m.)

5

Où est passé le joueur qui faisait des merveilles au Milan AC au début de sa carrière ? Une demi-saison décevante à Udine.

GIAMPIERO PINZI (25 m. 3 b. 3 p.d)

6,5

Deux blessures assez longues ont conditionné sa saison. Pour le reste, toujours le même Pinzi, généreux dans l’effort, son petit carton quasiment à chaque match et quelques buts contre les gros.

MARCO FARAONI (17 m. 1 p.d)

5

Titulaire quelques fois en début de saison sans jamais convaincre. Le reste du temps sur le banc. Risque de rester un éternel espoir comme Marco Motta avant lui.

MATIAS CAMPOS (4 m.)

Non noté

Essai d’appendre le football italien, mais ses quelques apparitions ne laissent rien présager de bon. A revoir tout de même.

ANDREA LAZZARI (29 m. 1 b. 6 p.d)

6,5

Udine et Guidolin lui ont fait le plus grand bien. Excellent passeur, très bonne entente avec Di Natale et quelques belles rencontres comme au bon vieux temps de Cagliari. Il a été freiné par quelques blessures.

PIOTR ZIELINSKI (9 m. 2 p.d)

6,5

La prochaine pépite des Pozzo. Première partie de championnat à s’entrainer avec les pro et jouer avec la primavera. Changement de décor à partir du mois de mars avec quelques titularisations qui n’ont laissé personne indifférent. Un nom à retenir.

ROBERTO PEREYRA (46 m. 5 b. 2 p.d)

7,5

Essayé à presque tous les postes du milieu de terrain par le Mister, il a convaincu tout le monde en position de milieu offensif. Titulaire indiscutable, sa marge de progression est encore importante.

MAICOSUEL (23 m. 2 b. 2 p.d)

5

“O Mago” s’est présenté aux tifosi par une panenka ratée contre Braga. Une erreur à 20 millions d’euros qui l’a hanté toute la saison. Sa deuxième expérience en Europe est manquée et surement déjà terminée.

ANTONIO DI NATALE (42 m. 26 b. 6 p.d)

9

Cette saison lui permet de rentrer dans le cercle très fermé des attaquants ayant inscrit plus de 20 buts pendant quatre championnats d’affilée. Les stats parlent pour lui tout comme ses gestes et ses buts de grande classe. Une légende.

MATHIAS RANEGIE (26 m. 1 b. 2 p.d)

6

Arrivé du championnat suédois à 28 ans, il ne fallait pas s’attendre au nouveau Ibrahimovic. A fait le job quand Guidolin a eu besoin de lui. Le suédo-guadeloupéen s’est rendu célèbre pour son but contre le Milan AC et son allergie aux noix.

LUIS MURIEL (23 m. 11 b. 3 p.d)

7

Handicapé par une blessure à la hanche pendant plusieurs mois, son championnat n’a vraiment commencé qu’à la fin décembre. Cela ne l’a pas empêché d’inscrire 11 buts sans être un titulaire inamovible. Futur crack en puissance, l’avenir lui appartient.

Ils sont partis au mercato

ANDREA CODA (13 m. 1 b.)

5,5

Les dirigeants l’ont laissé partir au mercato de janvier après une première moitié de championnat très moyenne. Un éternel espoir qui n’arrive pas à passer un cap.

WILLIANS (12 m.)

4,5

Le pitbull brésilien s’est cassé les dents sur un championnat trop dur pour lui. Rentré au pays dès le mois de janvier.

CRISTIAN BATTOCCHIO (1 m.)

Non Noté

Parti gagner du temps de jeu et de l’expérience du coté de Watford. Le talent y est, le reste on demande à voir.

PABLO ARMERO (18 m. 1 b. 3 p.d)

5,5

A demandé à partir et ses dirigeants n’ont rien fait pour le garder. Des problèmes extra-sportifs et un manque de discipline y sont pour beaucoup.

DIEGO FABBRINI (14 m. 1 b. 1 p.d)

5,5

Pas trop dans les petits papiers de Guidolin. A besoin de jouer avec continuité ce que l’Udinese ne pouvait pas lui offrir.

PAULO VITOR BARRETO (4 m.)

Non noté

La concurrence était trop rude pour un joueur revenu de blessure. A fait le bon choix en rejoignant Ventura au Torino.

L’entraineur

FRANCESCO GUIDOLIN

9

L’envie de tout plaquer après Braga était forte mais il a su aller de l’avant et réaliser un championnat encore plus épatant que les deux précédents. Ses dirigeants lui donnent chaque saison une tache plus ardue que la précédente et il s’en sort à chaque fois. Le meilleur cultivateur de talent de la Serie A. Septième qualification européenne sans jamais avoir coaché un top club. Chapeau.

La saison prochaine

A chaque fin de saison, la même question se pose, Pozzo va-t-il vendre ses meilleurs joueurs ? Si oui, Guidolin devra une nouvelle fois reconstruire une équipe avec de nouveau joueurs quasi-inconnus et pour la plupart étrangers. Dans le cas contraire, une qualification en Champions League pourrait être à nouveau envisageable. La base est solide avec plusieurs titulaires de moins de 23 ans (Pereyra, Allan, G. Silva, Muriel) et un noyau dur (Di Natale, Pinzi, Domizzi) qui peut tenir encore un an ou deux. Les nouvelles têtes seront encore une fois nombreuses (déjà six achats) et parmi eux se trouve certainement le nouvel Allan. Reste à savoir avec quelles ambitions, le paron Pozzo souhaitera rentrer dans le nouveau stadio Friuli lors de la saison 2014-15.