Nous allons tenter d’étudier point par point une des plus grosses crise que traverse la Juve dans son histoire. Rarement on avait vu la vieille dame autant en difficulté, surtout après une campagne de transfert aussi pharaonique. Explications.

Il est impossible de trouver LE coupable ou LE problème. Les dirigeants ont très certainement commis des erreurs tout comme l’ex entraîneur Ciro Ferrara et son staff technique. Les joueurs ne sont pas à excuser, ce sont eux qui cavalent sur le terrain et qui fournissent des prestations indignes. Ajoutez à tout ça une certaine dose de malchance et une montagne de blessures et vous obtenez une bombe prête à exploser à tout moment.

Les blessures

On a beaucoup parlé de ce problème dans le passé. Depuis deux saisons la Juve est fortement handicapée par toutes ces blessures qui sont beaucoup trop récurrentes. Le changement de staff l’été passé n’aura pas eu les effets escomptés. Durant ces deux dernières saisons Ranieri et Ferrara ont eu énormément de mal à aligner ne serait-ce qu’une seule fois l’équipe type. Difficile de miser sur la continuité s’ils n’ont pas pu aligner plusieurs matchs d’affilé leur meilleure formation.

Des dirigeants inexpérimentés

Dans le passé, la Juve avait sûrement ce qui ce faisait de mieux en tant que dirigeants. Notamment dans le côté sportif et le sulfureux Moggi qui arrivait à dénicher de grands joueurs pour souvent pas grand-chose et qui disposait d’une myriade d’observateurs qui s’y connaissaient niveau ballon. Actuellement Blanc & Cie font sans doute un excellent travail administrativement mais ils manquent terriblement de compétences footballistique excepté Roberto Bettega qui a été rappelé il y a peu plus d’un mois. De plus, Jean-Claude Blanc qui est devenu en octobre dernier président exécutif a beaucoup trop de pouvoir au sein du club. Un homme qu’il y a peine 5 ans ne connaissait le football ni de près ni de loin et qui s’occupait de l’organisation du tournoi de Roland Gallos ne peut pas prendre des décisions sur le côté sportif. Il a essayé de combler son incompétence dans ce domaine en réengageant Roberto Bettega, mais ce dernier n’est que vice directeur général et n’a donc pas les pleins pouvoirs.

Difficile par contre de les critiquer pour le dernier mercato étant donné que la grande majorité des supporters et de la critique sportive ont félicité les achats de Diego et Melo. Si ces joueurs n’ont pas encore su exploité leur potentiel ce n’est certainement pas la faute aux dirigeants. Bien que sur le cas Melo on savait d’avance qu’il n’était pas un playmaker et pourtant ils l’ont pris pour le faire jouer dans ce rôle.

John Elkann

Les propriétaires, plus précisément John Elkann ne semble pas très intéressé par le sort de la Juve, certes son autre entreprise traverse une crise encore plus importante puisque dans ce cas ce sont de simples employeurs qui payent les pots cassés, mais son grand père Gianni Agnelli et son oncle, Umberto Agnelli avaient une passions débordante pour la Juventus. Avec les Elkann, la Juve semble un peu plus délaissé. Beaucoup réclament la venue du fils d’Umberto Agnelli, à savoir Andrea qui a l’avantage de porter le nom « Agnelli » et qui semblerait plus intéressé par la Juve, mais celui-ci a été écarté par le clan Elkann. On sait que la famille traverse également un moment délicat et que cette guerre de clan pour l’héritage de l’Avvocato Agnelli a forcément eu des répercussions négatives au sein de la Juventus.

Le choix de Ferrara

A la base, Ferrara devait entraîner la Juve pendant deux matchs et laisser sa place à un entraîneur confirmé. Ciro avait fait du bon travail, l’équipe a gagné ses deux derniers matchs et a même réussi à terminer deuxième du classement (alors que Ranieri l’avait laissé 3ème). On parlait de Spalletti, Giampaolo, Gasperini ou encore Conte (qui certes est aussi jeune que Ferrara mais il avait fait un excellent boulot à Bari) comme nouvel entraîneur pour cette saison. Mais Blanc et John Elkann après avoir étudié toutes les possibilités (notamment celle de Giampaolo qui a même été jusqu’au siège de la Juve pour signer un contrat qu’il n’aura jamais vu) ont décidé de confirmer Ferrara, avec dit-on, la bénédiction de Lippi qui aurait du revenir à la Juve la saison prochaine mais en tant que dirigeant. Blanc et Elkann sous l’effet Josep Guardiola pensaient peut être que Ferrara allait lui aussi faire des merveilles malgré son inexpérience. Malheureusement Ferrara n’avait ni les joueurs que dispose Guardiola au Barça et ne nous voilons pas la face ni son talent d’entraîneur. Donner la Juve à Ferrara c’était comme donner une F1 à un jeune de 18 ans qui vient d’avoir le permis, un échec couru d’avance. Au Milan Leonardo a également connu des difficultés, mais contrairement à Ferrara il a derrière lui une société solide avec des dirigeants qui sont dans le foot depuis plus de 20 ans et qui peuvent l’épauler en cas de besoin. Ferrara lui était seul. Ciro a pourtant fait tout ce qui était en son pouvoir pour redresser la barre, mais en vain. La tâche ardue revient désormais à Zaccheroni.

La fin d’un cycle ?

Si la Juve est revenue aussi rapidement dans le football qui compte elle le doit principalement à un seul homme qui a été Le leader de l’équipe, Alessandro Del Piero. Le capitaine emblématique de la Juve qui a marqué 70 buts ces trois dernières saisons doit faire face à sa carte d’identité et sa blessure qui l’ont freiné pendant toute une moitié de saison. Il est clair qu’il n’a plus les jambes pour être titulaire indiscutable de l’équipe et qu’il va falloir bien le doser à l’avenir pour qu’il puisse encore faire la différence. Il faudra donc lui trouver un successeur, mais qui a le talent et le mental suffisant pour remplacer Del Piero dans le panorama footballistique ? Pas beaucoup, et les seuls qui en seraient peut être capables, coûteraient trop cher pour la Juve. Cassano et Zarate (seulement cinq buts à eux deux en championnat cette saison), par exemple,  ne semblent pas en mesure de le remplacer. Ils ont tous deux un rendement très inconstant et si l’un créerait trop de problèmes dans le groupe et n’en ferait qu’à sa tête, l’autre croit jouer tout seul sur la pelouse. Giovinco ? Voyez ce qu’était et ce que faisait Del Piero à son âge… Des successeurs doivent également être trouvés pour Camoranesi, Cannavaro et Trezeguet qui sont également avancés en âge, et ce ne sera là non plus pas chose facile.

Des problèmes à tous les étages, dans tous les secteurs, le chemin de croix risque d’être encore long.