DOSSIER : La linguistique du Calcio – L’Histoire et le spectacle

Par Elio Gusti publié le 17 Sep 2019
Crédits

« Il Calcio », « Squadra Azzura », « Rete», « Regista » ils sont nombreux ces mots étranges qui peuplent nos dimanches après-midi et qui font le charme du football transalpin. Mais pourquoi justement le vocabulaire footballisitique est-il aussi particulier chez nous plus que dans d’autres pays ? Ne devrait-il pas répondre aux même expressions que pour nous autres ? Utiliser le champ lexical inventé outre manche ? Alors suivez Calciomio (sic) pour découvrir comment nous avons réinventé la mythologie du Bello Gioco.

Des débuts politiques

Turin 1887. C’est dans cette ville bourgeoise du nord de l’Italie que le football est arrivé grâce à Edoardo Bosio qui, revenant d’Angleterre, a créé le Torino Football & Cricket Club qui deviendra quelques années et fusions plus tard le Torino. Mais l’arrivée et le développement du football en Italie est une autre histoire…

Un long flash foward plus tard. Nous sommes dans les années 30, Mussolini est au pouvoir et le développement du Fascisme va s’opérer sur tous les fronts. Afin d’unifier l’Italie et permettre à ce jeune pays de dépasser les disputes régionales, le Duce va appliquer une politique linguistique fondée sur le « tout italien ». L’idée est d’italianiser tout les mots étrangers afin de lutter contre les différents dialectes et surtout l’influence du Français en Vallée D’Aoste et de l’Allemand en Haut-Trentin. Les premiers décrets s’appliqueront aux enseignes commerciales, puis le nom des municipalités, le milieu scolaire et l’administration. Ces réformes allèrent jusqu’à tenter de réformer l’usage du vouvoiement italien. Remplaçant le « Lei » par l’emploi du « Voi »… Le monde sportif prend rapidement le pli et l’ensemble des sports s’italianisent : le basket devient « Pallacanestro », le volley « Pallavolo », le water-polo « Pallanuoto » et cette italianisation restera même après la guerre avec le Pallamano pour désigner le handball. On notera que cette particularité s’appliquait même avant ces lois avec l’exemple de la boxe qui fût de tout temps appelé : « Pugilato ».

Mais revenons au Calcio où le vocabulaire n’est pas qu’une simple adaptation linguistique mais où tout le champ lexical s’en retrouve imagé et source d’une poétique unique au monde.

Le vocabulaire … artistique

La doxa veut que le football italien soit souvent le synonyme de théâtre. Avec une dramaturgie exacerbée par des joueurs se roulant dans l’herbe en (sur)jouant souvent des blessures, se justifiant face aux arbitres lors du moindre arrêt de jeu et célébrant exagérément leurs buts ou leur défaite. Cette métaphore de la théâtralité peut surtout se retrouver dans les commentaires des matchs et le vocabulaire employé pour décrire. De cette manière, plutôt qu’un poste les joueurs endossent un « Ruolo », un rôle.

Les positions sur le terrain changent aussi et se réfèrent donc non plus au sport mais au monde des arts : « Regista », qui est aussi un terme utilisé au cinéma pour désigner le réalisateur d’une oeuvre. Ou encore souvent une belle séquence de passes d’une équipe est qualifiée par les commentateurs de « Dialogo » et la possession de « Fraseggio ».

Le spectacle du calcio en est donc vraiment un et dépasse parfois le simple champ lexical artistique pour saluer l’esthétique de certaines performances comme des synonymes de la beauté : avec « Numero » pour une action individuelle, « Maestro » ou « Fuoriclasse » pour qualifier certains grands talents. Sans oublier le magnifique « Rosa » pour désigner la composition d’une équipe.

NB : Nous continuerons cet article avec l’application journalistique du vocabulaire et un lexique non exhaustif des termes les plus importants du Calcio. (A suivre)




🔥 Les sujets chauds du jour :

La Juventus condamnée à verser une fortune à Cristiano Ronaldo

L’Inter ne veut rien lâcher pour Gudmundsson

La Roma prolonge le bail de Daniele De Rossi

Gleison Bremer pourrait quitter la Juventus Turin à ce prix

Naples cible Jonathan David

Avatar

Elio Gusti

Romain par mariage, j'aime la Lazio, les cornetto al miele et les Fiat. Je n'apprécie pas le football moderne et les personnes portant des chemisettes à carreaux. Philosophiquement Maradonien à tendance Zemanienne.



Derniers articles