L’histoire des Cartes Sim Suisses est arrivée presque un an après le début de Calciopoli, en avril 2007 exactement, c’est un autre pan important de cette affaire, un autre pan plein de contradictions et d’inexactitudes. Un pan qui méritait un chapitre à part.

Avant que le Procès Pénal ne commence les enquêteurs avaient découvert que Moggi possédait des cartes SIM Suisses et qu’il en distribuait à Bergamo et Pairetto (désigneurs) sur leur demande. Moggi (selon ses dires) utilisait ces cartes SIM parce qu’il se sentait espionné (il entendait parfois des bruits étranges au téléphone). Il n’avait en effet pas tout à fait tord lorsqu’on s’aperçoit que Telecom (présidé par Tronchetti Provera deuxième homme fort de l’Inter) a fait un espionnage industriel massif en Italie. Vieri par exemple avait lui-même été espionné par Telecom sur demande de Moratti parce qu’il voulait connaître son emploi du temps. Les enquêteurs ont découvert par la suite que des arbitres en possédaient également, il s’agirait de De Santis, Gabriele, Pieri, Dattilo, Cassarà et l’arbitre assistant Ambrosino. Aucune preuve par contre que le distributeur était Moggi. Et les preuves que ces arbitres les possédaient sont très fragiles et contradictoires, les recherches des carabinieri montrent que les utilisateurs potentiels (les arbitres) étaient à tel endroit au moment des appels, lorsque les accusés peuvent facilement démontrer qu’ils étaient ailleurs.

L’opinion publique affirmait alors que Moggi utilisait des cartes SIM étrangères pour ne pas être mis sur écoute lorsqu’il devait appeler les arbitres pour leur dicter ce qu’ils devaient faire. Seulement, on a découvert lors du Procès Pénal de Naples que les cartes SIM étrangères pouvaient être légalement mises sur écoute (on se demande alors pour le Colonel Auricchio et ses enquêteurs ne l’ont pas fait). Une moyenne a été également faite pour savoir si la Juventus a bénéficié de points supplémentaires lorsqu’elle était arbitrée par les arbitres qui possédaient les fameuses cartes SIM suisses. Le résultat est assez étonnant puisque la Juve a une moyenne de points de 1.88 points/matchs avec ces arbitres alors que dans le championnat entier, sa moyenne est de 2.26/matchs ! Difficile de comprendre comment la Juventus aurait pu être avantagée, et les mathématiques ne sont pas une opinion.

Les Cartes Sim suisses restent sûrement le point le plus mystérieux de cette affaire, mais rappelons qu’il n’est pas illégal de posséder des Cartes SIM étrangères (pénalement et sportivement); que De Cillis, le commerçant qui vendait les cartes SIM suisses à Chiasso a affirmé sur serment que d’autres dirigeants venaient dans son magasin pour s’en procurer (notamment le Directeur Sportif de l’Inter, Marco Branca); étrangement, il n’y a que très peu d’écoutes (sur les centaines de milliers…) où Moggi parle de mercato. Cela soutien la thèse de ce dernier qui dit s’être servi de ces cartes SIM pour rester dans le secret professionnel. Le seul hic dans l’histoire c’est que les deux désigneurs (Pairetto et Bergamo) n’ont rien à voir avec le calciomercato.

Pour information, il faut savoir qu’à l’époque du Procès Sportif, personne n’était au courant de ces Sim étrangères qui sont si on veut la deuxième partie de Calciopoli. La Juventus n’a pas été condamnée à cause des sim étrangères. Le club turinois a admis ses responsabilités (deux ans plus tard) ainsi que celles de ses autres dirigeants en versant à la FIGC 300’000 euros même si Franz Grande Stevens ancien président et avocat de la Famille Agnelli a précisé “C’est un acte de générosité, pas de culpabilité”. Une sanction dans le cadre de la justice sportive et non pénale.