Le suspense Pogba

Par Leo Carta publié le 03 Août 2016
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Depuis quelques semaines, la planète foot s’affole concernant ce qui sera, peut-être, le plus gros transfert de l’histoire. Et tout le monde s’y met. Mino Raiola, son agent, pousse pour une vente qui lui rapporterait gros (on parle de 20% du prix d’achat). Les clubs eux négocient à l’infini. La Juventus fait monter le prix toujours plus haut obligeant les dirigeants de Manchester United à réviser leur offre presque tous les jours. Aux dernières nouvelles, le deal se conclurait si et seulement si les Red Devils prennent en charge le pourcentage de Raiola. À ce petit jeu vient également se greffer l’équipementier commun des deux clubs : Adidas. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est bien la marque allemande qui orchestre le deal. À tel point que tout ne semble dirigé que par elle. Peut être est-ce le cas. Dans tous les cas, le dernier, et non des moindres, concernés de l’histoire s’appelle Paul Pogba. Et, jusqu’à présent, difficile de comprendre ce qu’il veux vraiment.

Tu veux ou tu veux pas ?

Le comportement de Paul découle d’une stratégie marketing bien définie. Son mutisme amusé autour de la question affole les directs intéressés. On appelle ça du teasing. Qu’il s’en aille ou non, Pogba a d’ailleurs déjà réussi son coup. Son hésitation fait monter les enchères, d’un côté comme de l’autre tandis qu’il attend sagement de compter les billets. Car il ne s’agit ici, clairement, que d’une question financière. Au-delà du projet sportif (qui pourrait très bien exister, on ne juge pas le côté sportif), voire même du challenge que représenterait son retour, c’est de la monétisation de son transfert dont il s’agit. Une opération destinée à être la plus onéreuse de l’histoire du football et sur laquelle Mino Raiola, son agent, travaille depuis des années. À ce jeu là, tout le monde semble d’ailleurs gagnant. Même la Juve malgré la dynamique infernale dans laquelle elle s’est piégée. Et dont elle ne maîtrise, semble-t-il, plus rien. Le club bianconero est entré dans la cour des grands à tous les niveaux. Et au sommet, la couleur de l’argent peut vite asphyxier. Un manque de maîtrise qui se ressent dans les différents clips publicitaires de la marque à trois bandes et qui occulte complètement la communication du club. Non, cette fois-ci, c’est bien l’équipementier qui mène la danse.

Et si tous ces acteurs se satisfont du deal, le monde oublie les tifosi bianconeri. Si certains peuvent interpréter ça comme l’œuvre d’un karma en négatif depuis l’affaire Higuain, force est de constater que l’attitude de Pogba n’est pas des plus classes. Depuis plusieurs semaines, il s’amuse même de l’affaire entre deux matchs de baskets à Los Angeles : il signe un maillot de Manchester floqué à son nom puis répond par la positive à un supporter qui lui demande, aujourd’hui, s’il reste à la Juve. Ce jeu alternant silence et indécision a pourtant entraîné une rupture entre lui et ses futurs-hypothétiques-ex-supporters. Car c’est justement ce tira e molla (tergiversation) qui agace, couplé à la non-officialisation d’une affaire réglée depuis longtemps. Semble-t-il. Et c’est bien l’absence de certitude qui, en plus de tout cela, commence à rendre l’affaire insupportable. Rien n’est fait pour éclaircir les choses ou aider les tifosi à tourner la page. Non. Tous attendent bien sagement que quelqu’un se décide à déclarer le transfert aux médias ou à le faire définitivement capoter. Car cette option n’est pas à exclure, tant le transfert est lent et fastidieux. Reste que l’accouchement se fait dans la douleur. Et ce sont les tifosi qui, comme toujours, en souffrent le plus.

Profession homme-sandwich

Paul a passé 4 belles années à la Juve, et ce n’est pas le premier été qui le voit au centre des plus folles rumeurs de mercato. Son attitude et sa communication a pourtant toujours été propre et claire. Toujours ? Pas vraiment. En cherchant bien, on retrouve chez Pogba un certain goût pour la mercatique. Et pour cela, il faut une nouvelle fois retomber dans l’extra-sportif. Car parler de Pogba aujourd’hui ne revient plus à parler de football mais bien de sponsoring, de contrat et donc de salaire. S’il est aujourd’hui la figure de proue d’un Adidas jeune et décomplexé, force est de constater que les négociations de sponsoring ont été, elles aussi, terriblement longues. Permutant les paires, et les marques, de crampons comme des chaussettes Paul a sans aucun doute été la cible d’une bataille acharnée entre Nike et Adidas (les deux équipementiers dont il portait le plus souvent). Aujourd’hui sponsorisé exclusivement par la marque allemande (équipementier des divers Juve, Manchester United, Real Madrid, Bayern, Milan AC…), Paul est rentré cet été dans une spirale virale qui le voit protagoniste de plusieurs clips publicitaires. Une campagne qui joue des rumeurs de mercato et dont la première vidéo l’envoyait sans équivoque en Angleterre. Une stratégie rondement menée par le joueur et son agent, Raiola, que beaucoup désignent comme le principal responsable de cette infamie (il est le premier à lâcher sur son compte Twitter le fameux « bla bla bla » concernant son client).

Mais, si ces acteurs jouent des rôles de plus en plus importants dans les choix de carrières de leurs protégés, il ne faut pas non plus oublier que le dernier mot appartient au joueur. Notamment dans le traitement de son image. Pogba est maître de sa communication et de ses choix. De carrière sportive ou extra-sportive. Le choix d’un départ, ou non, se fera donc principalement autour de sa volonté. Car comme le disait Marotta, la Juventus ne vend pas ses joueurs. Elle libère seulement ceux qui veulent s’en aller. Pas question donc de retenir un footballeur contre son gré, comme nous avons pu le voir l’année passée avec Tevez par exemple. À ce jeu là, le numéro 10 de la Juve joue la carte de l’homme sandwich, se considérant, sur les réseaux sociaux, comme le « fier de représenter » la marque « autour du monde« . Des mots qui font tâche. Sans équipementier officiel il y a six mois, force est de constater que Pogba monétise son image marketing au maximum. Mais, surtout, à outrance.

 




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Leo Carta

Rédacteur Juventus



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