Juventus : l’ère Agnelli, tournant historique pour la Vieille Dame (2/2)

Par Arno Tarrini publié le 25 Mai 2020
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Il y a dix ans, le 19 mai 2010, Andrea Agnelli devenait le président de la Juventus. Retour sur une décennie victorieuse, qui a vu la Vieille Dame se transformer, pour devenir l’institution globale qu’elle est aujourd’hui. 

… et en dehors

On ne peut pas séparer les différentes dimensions qui font aujourd’hui d’Andrea Agnelli l’un des hommes les plus influents du football mondial. Il a été visionnaire en comprenant, peut-être avant d’autres, le potentiel marketing d’un club de football, et en se projetant sur le long terme dans un monde en pleine mutation. 

La stratégie sportive développée avec Giuseppe Marotta, basée notamment sur le trading de joueurs, a porté ses fruits. Avec une certaine capacité à flairer les bons coups, la Juve est devenue la spécialiste des plus-values. Certains paris se sont avérés payants, comme avec Andrea Pirlo, Paul Pogba, Alvaro Morata ou Arturo Vidal, et les résultats sportifs ont suivi. Les revenus du club, eux, ont significativement augmenté en conséquence. La Juve est passée de 156 millions d’euros de revenus en 2010 à près de 494 millions d’euros en 2020. Les excellents résultats sportifs ont permis au club de se développer, pour en arriver, après deux échecs en finale de Champions League, à s’offrir l’un des meilleurs joueurs du monde, Cristiano Ronaldo, pour passer un nouveau pallier et devenir un club « global ». Et c’est exactement ce qu’est devenue la Juventus.  Car entre temps, le club turinois a développé un peu plus son image de marque, grâce à des investissements massifs. Le président Agnelli a dépensé 400 millions d’euros d’investissement immobilier, en plus du sportif, pour diversifier les sources de revenus du club, en construisant le nouveau centre d’entrainement de la Continassa, mais aussi le centre médical J Medical, et le complexe J Hotel. La Juventus s’est aussi dotée d’une équipe féminine, et une équipe U23, ainsi qu’un fan club mondial grâce à un développement médiatique spectaculaire, notamment sur les réseaux sociaux. Les juteux contrats de sponsoring ont couronné le tout, avec les récents accords avec Allianz et Adidas, et l’augmentation des droits télévisés. Un seul chiffre permet de mesurer le chemin parcouru, : la capitalisation boursière de la Juventus est passée de 162 millions d’euros en 2010 à… 1 milliard 250 millions d’euros en 2020. La messe est dite. 

Agnelli a permis à la Juventus de renouer avec sa tradition victorieuse. Plus que cela, il a fait évoluer l’opinion publique. Désormais, la question que l’on se pose n’est plus “la Juve peut-elle gagner ?” mais bien “la Juve peut-elle perdre ?” Voilà l’héritage d’Andrea Agnelli. 

L’Europe (toujours) en ligne de mire

Cependant, un (gros) bémol vient ternir le bilan du président. Malgré l’arrivée de Cristiano Ronaldo, la Juve n’a toujours pas réussi à transpercer ce fameux plafond de verre, qui trône au-dessus de sa tête depuis plus de 24 ans. De plus, le club s’est considérablement endetté, au point que sa situation pourrait devenir inquiétante. 

Certes, le club s’est considérablement développé économiquement, mais l’objectif d’une troisième Champions League n’est toujours pas atteint. Après l’arrivée de CR7, les revenus commerciaux, les ventes de maillots et de produits dérivés ont grimpé en flèche. Mais ce n’est toujours pas assez pour rééquilibrer les finances du club, qui illustre – peut-être à son insu – le meilleur et le pire du foot business. Les résultats économiques flatteurs ne doivent pas cacher une gestion sportive qui s’est dégradée ces trois dernières années. C’est là tout le paradoxe. La Juventus termine cette décennie avec l’un des effectifs les plus faibles depuis l’arrivée de l’héritier Agnelli à la présidence, mais une masse salariale beaucoup trop élevée. N’est-il pas temps de changer de formule ? La question doit probablement trotter dans la tête du président de l’ECA.

Du logo, aux résultats sportifs, en passant par l’influence médiatique, l' »ère Agnelli » aura tout changé à la Juventus. Mais, comme le dit lui-même le principal intéressé : « Quiconque rejoint la Juventus sait que l’objectif le plus important n’est pas celui que vous avez atteint, mais le suivant ».




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Arno Tarrini

Étudiant en journalisme, passionné de sport, d'économie et de politique. Amoureux du ballon rond.



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