Fratelli del mondo (asiatico ?)

Par Fabio Pendolino publié le 09 Juin 2016
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ThohirSuning

Après quelques rumeurs dans la presse qui auront filtré depuis plusieurs semaines, l’annonce officielle a été faite : la Suning Holdings Group est l’actionnaire majoritaire de l’Inter avec 68,55% du capital, achetés pour une somme avoisinant les 270 millions d’euros. Ainsi, Moratti n’est plus actionnaire car ses dernières parts ont été vendues à Thohir, qui conserve environ 30% du capital et qui s’est occupé des négociations avec la Suning. Si Thohir était le premier investisseur asiatique en Serie A, la tendance est globale avec des groupes présents partout en Europe (Sochaux, Leicester, Valence, Espanyol Barcelone par exemple). De moins en moins de clubs sont tenus par des propriétaires locaux et le football continue se mondialiser.

Suning Holdings Group, qui ?

La Suning est une entreprise de distribution basée en Chine, mais s’est tant étendue qu’elle détient désormais une compagnie locale et une autre pour les affaires étrangères. Son activité commerciale touche toute l’Asie à travers 600 villes entre la Chine, Hong-Kong et le Japon. L’acquisition de l’Inter par la Suning est d’ailleurs le premier investissement d’une telle ampleur qu’elle réalise en Europe, mais ce n’est en réalité que la suite d’un plan bien établi pour s’installer durablement mondialement dans le milieu du sport et étendre l’influence de la marque. Des académies de jeunes seront d’ailleurs ouvertes en Chine, principalement pour développer les deux marques, une première étant déjà inaugurée à Pékin. Suning est aussi propriétaire du club chinois Jiangsu Suning, dont les principaux faits d’armes sont les transferts d’Alex Teixeira du Shaktar Donetsk et de Ramires de Chelsea, pour un total de 78 millions d’euros. Le but annoncé de Zhang Jindong, dont la fortune est estimée à 3,7 milliards d’euros, sera de « faire une équipe magnifique pour retourner au glorieux passé de l’Inter« .

Une situation économique qui pourrait enfin quitter la zone rouge

Après deux ans passés à la tête de l’Inter, Thohir a donc décidé de passer la majorité du club à un partenaire pour créer un management plus puissant et ne plus supporter seul le financement du club. Le fait est que les pertes sont toujours présentes et que les recettes ne sont pas au niveau du statut du club, comme le souligne le tycoon indonésien : « En deux ans, les recettes sont passées de 164 à 186 millions d’euros, sans jouer l’Europe. L’année prochaine nous devrons être au dessus des 200 millions. Mais le football change et aujourd’hui est l’ère des super clubs. L’écart entre les top clubs et les autres s’agrandit. »

Thohir a également souligné l’importance d’un partenaire économique important en Serie A. En comparaison par exemple avec la Premier League, les clubs italiens ne peuvent compter sur la manne financière des droits TV. De plus, s’appuyer sur le marché asiatique (très attiré par le championnat italien et ses écuries historiques) pourrait également donner un coup de fouet aux finances nerazzurre grâce notamment au merchandising ; c’est d’ailleurs le projet de Suning qui vise fortement sur ce point grâce aux réseaux de l’entreprise (600 villes). Enfin, ce nouveau partenariat pourrait permettre à l’Inter de renégocier l’accord du FairPlay Financier et donc de pouvoir investir à hauteur de ses nouvelles ambitions. En effet, en proposant une modification du plan sur 3 à 5 ans entamé par Thohir, l’UEFA pourrait consentir à assouplir ses règles.

graphique pertes Inter

Graphique des pertes réalisées par l’Inter depuis 2008 (saison 13/14 trompe l’œil, un emprunt obtenu change le résultat) Source : ecofoot.fr

Les changements possibles pour la società nerazzurra

Si la majorité n’est plus détenue par Thohir, l’organigramme ne devrait pas changer profondément. Du moins dans l’immédiat. Thohir restera président pour l’instant, on l’annonce au moins pour un an après quoi Javier Zanetti pourrait prendre le relais. Pour l’instant, Pupi garde son rôle de vice-président, tout en ayant aussi une fonction d’ambassadeur de l’Inter dans le monde et de relais entre Nankin et Milan. Mancini devrait rester entraîneur cette saison, les nouveaux propriétaires ont répété leur confiance envers le Mancio. Un retour de Leonardo est aussi évoqué pour apporter son expérience et ses contacts dans un rôle de directeur sportif ; exactement la fonction qu’il a accomplie au Paris-Saint-Germain à l’arrivée des qataris et au début de leur projet.

Moratti a officiellement quitté l’Inter après 21 ans de bons et loyaux services et ne devrait plus avoir de rôle particulier au sein du club. Il a néanmoins déclaré que le club avait besoin de gens qui connaissaient la ville de Milan, le club et les supporters pour accompagner les nouveaux venus au Meazza ; ajoutant avec humour que ses cinq enfants ont eux aussi l’Inter dans le sang. Il pourrait alors y avoir une troisième génération Moratti à l’Inter dans le futur ? Enfin, avec la possibilité de négocier l’accord de l’UEFA, le mercato pourrait être plus animé que prévu. Si le Jiangsu Suning ne pourra acheter des joueurs pour les prêter à l’Inter, les finances chinoises sont aussi là pour ramener au plus vite l’Inter en Champions League. Et un top player, après les arrivées programmées de Banega et Erkin, pourrait être l’élément manquant pour faire le fameux salto di qualità attendu depuis maintenant six ans.




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Fabio Pendolino

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