DOSSIER : Les plus grands duels franco-italiens, Milan AC-OM 1993

Par Sébastien Madau publié le 26 Mai 2020
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Depuis plus d’un siècle, les oppositions entre formations italiennes et françaises offrent des rencontres de légende. Des duels, souvent épiques, qui ont contribué à la légende de ce sport. Calciomio propose de revivre ces parties mémorables, en revenant aujourd’hui sur la finale de Champions League 1993 entre le Milan AC et l’Olympique de Marseille.

Deux ans à peine après la double confrontation de mars 1991 en quart de finale de la Coupe d’Europe des Clubs champions, l’OM et le Milan AC se retrouvaient, cette fois, en finale de la Champions League le 26 mai 1993 sur la pelouse du Stade Olympique de Munich. A cette époque, les deux clubs dominent l’Europe du foot et ont soif de revanche sur le sort. En effet, les Milanais ont été exclus de coupe d’Europe après avoir refusé de reprendre le jeu face à l’OM en 1991 suite à la panne du pylône électrique. Quant à l’OM, à la surprise générale, il avait été éliminé la saison précédente dès les 1/8 de finale par le Spartak Prague (3-2 ; 1-2).

Boli crucifie un Milan dominateur

A l’heure du coup d’envoi, les Italiens sont les favoris, bien plus habitués à jouer (et gagner) de tels événements par rapport aux Français. D’ailleurs, le scénario se confirme dès l’entame de match. Les Milanais étouffent les Marseillais. Daniele Massaro et Marco Van Basten butent sur le jeune Fabien Barthez auteur de deux arrêts décisifs tandis que l’arrière garde olympienne (Desailly-Di Meco-Eydelie-Boli) sauve les meubles dans l’urgence.
Petit à petit, le match se cadenasse. L’OM joue d’égal à égal, les occasions se comptent sur les doigts de la main. A la 44e minute, sur un corner tiré par Abedi Pelé, Basile Boli saute plus haut que Frank Rijkaard et Franco Baresi. Il trompe, d’une tête décroisée, le portier Sebastiano Rossi dont le second poteau a été déserté. L’OM rentre au vestiaire avec un avantage qui s’avérera décisif. Le score ne bougera plus.

JPP : un match dans le match

S’il y a quelqu’un pour qui cette finale a eu une saveur particulière, c’est bien pour Jean-Pierre Papin. Idole du public marseillais (1986-1992) avec lequel il a remporté 4 titres de Champion de France, 1 Coupe de France, 4 trophées de meilleur buteur et 1 Ballon d’or, JPP avait obtenu un billet de sortie du président Bernard Tapie pour se rendre chez son meilleur ennemi du Milan. Après avoir vu la première heure du match depuis le banc milanais, il rentrera alors que son équipe était déjà menée et filait vers la défaite. Son visage trahit une tension extrême. Le joueur se fait paralyser par l’enjeu et produit peu. Il rate même une reprise croisée dont il avait le secret. En face, ses anciens co-équipiers ne lui font aucun cadeau, à lui peut-être encore moins qu’aux autres. En témoigne, après un pied levé contre Barthez, cette altercation avec un Eric Di Meco enragé. Les deux hommes, amis pourtant, resteront longtemps brouillés. Au coup de sifflet final, JPP baisse la tête tandis que l’OM exulte. La coupe aux grandes oreilles file vers la Canebière. Côté italien, on ne sait pas encore qu’il s’agissait du dernier grand match de l’immense Marco Van Basten, harcelé par les blessures et qui sera accompagné dans son départ par son compatriote Rijkaard.
L’OM devient alors le premier (et seul à ce jour) club français à remporter la C1. Régulièrement, des soupçons de corruption viennent planer sur cette rencontre. Jean-Pierre Papin, lui-même, a accusé. L’arbitre suisse Kurt Röthlisberger -qui sera radié à vie en 1997 pour une autre affaire- aurait été acheté ; Tapie et Berlusconi se seraient arrangés pour des histoires de gros sous et de partage de pouvoir, etc. Le monde du foot est soi-disant fait de « gens qui savent ». Mais rien ne sort.
La période qui suivra cette finale sera vécue de manière diamétralement opposée selon que l’on se situe d’un côté ou de l’autre des Alpes. Alors que le Milan AC remportera dès la saison suivante la Champions League en surclassant à Athènes le Barça entraîné par Johan Cruyff (4-0), grâce notamment à un but du néo-Milanais Marcel Desailly, l’OM commencera lentement mais sûrement sa descente aux enfers jusqu’à la D2 dans le cadre de l’affaire VA/OM. Comble du sort, c’est Milan qui jouera la finale de la Coupe Intercontinentale (défaite 3-2 face aux Brésiliens de Sao Paulo) et la Supercoupe d’Europe (défaite 2-0, ap. contre Parma) normalement destinées au vainqueur de la C1. Entre temps, en effet, l’UEFA avait suspendu l’OM de toute compétition européenne, toujours dans le cadre de la même affaire.

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Feuille de match

Finale de la Champions League 1992-1993
Mercredi 26 mai 1993. Stade Olympique de Munich (64 400 spectateurs). Arbitre : Kurt Röthlisberger (Suisse)

Milan AC – Olympique de Marseille 0-1 (0-1). But : Boli (44e).
Milan AC : Rossi ; Tassotti, Costacurta, Baresi (cap.), Maldini ; Lentini, Albertini, Rijkaard, Donadoni (Papin 58e) ; Van Basten (Eranio 86e), Massaro. Entraîneur : Fabio Capello.
Olympique de Marseille : Barthez ; Angloma (Durand 62e), Boli, Desailly, Di Meco, Eydelie ; Sauzée, Deschamps (cap.), Pelé ; Boksic, Völler (Thomas 79e). Entraîneur: Raymond Goethals.

A lire aussi :

1 – Parma – OM 1999

2 – Cagliari – ASSE 1970

3 – France – Italie 2008

4 – Milan AC – AS Monaco 1994

5 – Bastia – Torino 1977

6 – Milan AC – OM 1991

7 – Milan AC – PSG 1995




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