DOSSIER : la diaspora italienne, Maurizio Gaudino

Par Christophe Mazzier publié le 24 Jan 2021
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Aujourd’hui Calciomio vous emmène à la rencontre de la diaspora italo-allemande. Destination peu connue, terre d’accueil aux lois spécifiques, l’Allemagne accueille aujourd’hui la 2ème plus grande colonie de citoyens italiens au monde derrière l’Argentine. Plusieurs joueurs allemands aux racines italiennes ont foulé les stades allemands, mais nous avons choisi de mettre en lumière le premier à endosser le maillot de la Mannschaft : Maurizio Gaudino.

Ce 3 mai 1989, finale aller de la Coppa Uefa

Ce soir-là la grande équipe de Maradona reçoit Stuttgart. L’équipe du Napoli après avoir éliminé sur son chemin les cadors du Bayern et de la Juventus, est la hype du moment. Carnevale, Careca et El Pibe de Oro composent une attaque de feu, bien aidée par le surnommé Allemand au milieu, Alemao. Le match aller est crispé et le premier à se mettre en évidence d’une frappe lourde des 30 mètres, qui surprend Giuliani, et qui fait douter le Napoli, est un tout jeune allemand de 21 ans, au nom chantant de Maurizio Gaudino.

Le Napoli s’emparera du trophée (2-1 ; 3-3), au dépend d’un fougueux Klinsmann et du capitaine mythique des Rouges, Bodo Buchwald. A la fin du match aller au stade, l’italo-allemand au micro d’un journaliste italien lui répond en napolitain, presque sans accent. «Amm pers ma va bbuono ’o stesso. Il 2-1 ci abbasta.» Ce moment fait sourire le journaliste, surpris, qui termine le direct en reprenant le « allora via abbasta... », pour se corriger sur le champs « …vi basta« , amenant des sourires et rires au studio.

Les Germanese comme on les appelait de retour au pays

Cette démonstration orale fera les gros titres le lendemain. Gaudino sera rebaptisé der Napoletedesco. Le natif de Brülh devient le symbole de cette immigration italienne, et d’une problématique centrale de la société allemande dont la politique d’intégration repose sur le droit du sang, le jus sanguinis. La transformation du code de la nationalité en 2000 au profit du droit du sol, fera par la suite, les beaux jours de la Mannschaft « Multikulti » pilotée par Joachim Löw.

Maurizio Gaudino, milieu de terrain offensif made in Germany, a été l’un des premiers, sans racines allemandes comme les polonais ou russes, a endossé le maillot de la Nationalelf (5 sélections). Il sera même appelé par Berti Vogts en 1994 pour être la doublure de Matthäus lors de la Coupe du Monde aux Etats-Unis. Toutefois les plus grands moments de sa carrière, il les vivra à Stuttgart (1987-1993), club avec lequel il deviendra champion d’Allemagne. Ensuite il endossera la tunique de l’Eintracht, avant de faire le globe-trotter (Angleterre, Mexique, Suisse, Turquie). Il participera à plus de 355 matchs professionnels en 20 ans de carrière.

L’Allemagne, terre d’accueil

Suite à un accord commercial bilatéral entre les deux pays, entre 1956 et 1976, 4 millions d’italiens vont venir travailler en Allemagne. Ils viennent renforcer la force de travail de l’industrie automobile et de la construction, notamment, et se localisent, majoritairement, autour du bassin de la Ruhr, surtout dans le Land Baden-Württemberg, comme les parents de Gaudino, qui sont venus des terres de Campanie (père de Orta di Atella, mère de Frattamaggiore). Ils ne feront pas comme les 3,5 millions d’italien repartis dans leur pays. Cette proportion élevée de retour peut s’expliquer par les conditions de vie, l’impossibilité d’obtenir la nationalité, la barrière de la langue…

Aujourd’hui la population italienne est la 4ème du pays (2ème si l’on exclue les cousins germanophones de Pologne et de Russie). Plusieurs italo-allemands jouent au haut niveau. Daniele Caligiuri, Vincenzo Grifo (dont le papa est originaire de Sicile et la maman de Lecce), Diego Contento ou avant eux Marco Caligiuri ou Giovanni Federico. Pour la petite histoire, le fils de Maurizio Gaudino, Gianluca, formé au Bayern, a joué une année au Chievo en 2017-2018.

Lors de ce fameux interview, suite au match face au Napoli, les projecteurs ont souligné en Italie le rapport qu’entretenait l’Allemagne avec ses italo-allemands. Alors qu’ils sont de plus en plus intégrés, il reste néanmoins que 30% des mariages se font encore aujourd’hui au sein de la communauté, ce qui expliquerait cet attachement viscéral des générations suivantes. La société est communautaire et les italo-allemands côtoient les autochtones très souvent à partir du lycée, après avoir côtoyé les écoles italiennes.

Toutefois depuis les conditions de travail ont changé, les nouvelles générations sont diplômées, et l’emploi s’orientent, aujourd’hui, dans les commerces, la banque, ou la restauration. Il existe encore de nombreuses associations italo-allemandes qui parsèment le territoire. Un journal en langue italienne, le Corriere d’Italia, est toujours publié.

https://www.youtube.com/watch?v=2PpZrwY5BC4

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