Elections législatives : quand calcio et politique ne font qu’un

Par Nawel Saïdat publié le 04 Mar 2018
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A l’approche des élections législatives italiennes de ce 4 mars, il semblerait que les italiens se soient désinteressés de la politique actuelle du pays, jugeant les gouvernements qui se succèdent comme identiques et déjà corrompus. Pas facile d’attirer les foules, et pourtant les politiciens semblent essayer d’attirer l’opinion publique grâce au football. Depuis la Nazionale sous l’ère Mussolini, le calcio n’a cessé d’être instrumentalisé et utilisé à des fins purement politiques. Après tout, quoi de mieux que de se servir du sport le plus répandu et apprécié dans le pays? Que ce soit pour détourner la population des véritables problèmes ou tout simplement s’attirer la ferveur des supporters, le calcio a bien des atouts pour les hommes de pouvoir.

Parler foot pour réunir les italiens

Les comparaisons entre la vie quotidienne et le calcio par les politiciens sont nombreuses, puisque l’on affirme souvent que le football n’est que la représentation de l’état actuel d’un pays.  Il suffit de prendre l’exemple de l’ancien premier ministre italien Giovanni Spadolini qui en 1982 lors d’un match qui opposait l’Italie au Brésil avait déclaré au sujet du gouvernement italien : « J’ai un bon présage pour cette équipe de foot appelée gouvernement, qui a traversé une période difficile et qui a encore beaucoup de matchs importants à jouer. » Un discours politique populiste dans lequel Spadolini encourageait le gouvernement à travers la Nazionale, et inversement, voyant en la Squadra Azzurra le reflet de l’Italie entière, mais aussi un moyen d’unifier une Italie bien trop souvent divisée. Impossible de ne pas également citer l’ancien président italien Sandro Pertini agissant comme un véritable supporter et non comme un homme d’Etat lors de la finale Italie-Allemagne de 1982, preuve de l’attachement des italiens pour le football. Au delà du simple amour pour le calcio de la part de l’ancien président, il y avait une sorte de volonté de distraire les italiens des vrais problèmes, comme celui de la faiblesse de l’identité nationale italienne qui, passé le match de la Squadra Azzurra, redevenait un problème.

Un véritable tremplin politique

Il n’est désormais plus rare de voir des dirigeants aspirer à une carrière politique, en se basant sur la réussite de Berlusconi. Ce n’est plus un secret pour personne, le football est un véritable tremplin pour se lancer en politique. Plusieurs choix s’offrent à eux. Certains se sont lancés et attendent désormais le vote des italiens en espérant secrètement pouvoir goûter au pouvoir. Des noms connus dans le monde du football italien apparaissent sur les listes électorales des prochaines élections. Claudio Lotito en fait partie. Le président de la Lazio depuis 2004 avait à plusieurs reprises fait quelques allusions en affirmant être prêt « à évaluer l’hypothèse » de se lancer dans une carrière politique si les tifosi le lui demandaient. « J’ai un sens de l’intérêt collectif » disait-il. Aujourd’hui Lotito se présente en tant que candidat de Forza Italia tout comme Adriano Galliani, qui après plus de 30 ans de bons et loyaux services au Milan décide de se lancer lui aussi. D’autres en revanche préfèrent se détacher des partis déjà existants comme Maurizio Zamparini, dirigeant de Palerme depuis 2002 pour créer un mouvement populaire à Rome : « Movimento per la gente ». Avec pour but de faire naître de nouveaux politiciens et non pas de se lancer dans une véritable carrière, Zamparini a pris un chemin légèrement différent mais tout de même similaire puisqu’au fond, l’intérêt reste le même.

Silvio Berlusconi, la représentation du triomphe politique par le football.

Berlusconi est un véritable symbole dans le monde du calcio et de la politique. Vu comme un véritable héro par les tifosi rossoneri, celui qui a su se servir aisément du football pour se forger une réputation de gagnant pourrait représenter à lui seul la politisation du football moderne. Preuve en est, à quelques heures du début des élections, beaucoup d’amoureux du Milan AC déclaraient vouloir voter pour celui qui a sauvé leur club de la faillite. Pourquoi cet engouement toujours présent depuis plus de 30 ans? Tout simplement parce que Berlusconi a compris que pour toucher les italiens, il fallait se tourner vers le calcio. Dans sa campagne politique, tout est intimement lié au football. Il suffit simplement de prendre son parti « Forza Italia » pour se rendre compte que ce nom pourrait aisément être le nom d’un chant de supporters. La couleur bleue, symbole du parti n’a pas non plus été choisie au hasard puisqu’elle rappelle le bleu azur de la Nazionale. L’ancien président n’hésitait également pas à mélanger politique et calcio dans ses discours comme en 2008 lorsqu’il affirmait vouloir recruter Ronaldinho s’il était élu. L’éternel tifoso rossonero se sert de l’image positive véhiculée par son passage légendaire au Milan AC  pour attirer de nouveaux votants depuis plusieurs décennies. Après tout, il est facile de croire que si Berlusconi a réussi à faire du Milan un club de renom international, il pourrait bien en faire de même avec l’Italie. Malgré les nombreux scandales dont il a fait part ces dernières années, l’ancien président italien n’a rien perdu de sa notoriété puisqu’il se pourrait bien que l’homme de 81 ans fasse une nouvelle fois son retour sur le devant de la scène.




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Nawel Saïdat

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