Donnarumma, entre gâchis et air du temps
Ses larmes pour ses 18 ans fêtés par ses coéquipiers, sa joie sans précédent lors de son penalty arrêté contre le Torino ou celui de Dybala en Supercoppa, cet écusson qu’il a embrassé maintes fois en déclarant sa flamme au Diavolo ? Donnarumma a tout balayé en un après-midi. S’il a fait ça seul ? Non. Aidé par la stratégie de Mino Raiola, le sulfureux agent réputé pour obtenir les meilleurs contrats (financiers) à ses poulains. Déjà auteur du transfert du siècle l’été dernier avec Paul Pogba à Manchester United, l’italo-néerlandais voulait sans doute se montrer sur ce mercato ci. Avec le jeune italien, l’agent a déniché la poule aux œufs d’or. Adoubé par l’ensemble des observateurs du foot italien, Donnarumma n’a pas tardé à attirer l’oeil des gros d’Europe et pour Raiola, le dicton « l’argent n’a pas d’odeur » n’a pas tardé à retentir.
Le cash prize de la décennie
La stratégie est claire comme de l’eau de roche pour l’agent. Le gardien du Milan AC figure à la 5ème place de ses joueurs qui ont les valeurs les plus élevées. Pogba, Lukaku, Mkhitaryan et Matuidi figurent devant l’Italien. Mais au niveau du compteur de bougies et du potentiel, seul Gigio possède un avenir à en faire saliver plus d’un. L’échiquier se dessine et Raiola est prêt à avancer ses pièces. Un renouvellement ? Ok, mais avec une clause de départ en cas de non qualification pour la Champions League. Une première demande qui ne plait pas aux dirigeants milanais et qui ouvre la porte aux négociations. A ce petit jeu là, le jeune italien se fait discret, sa famille également, mais Mino, habitué aux joutes de ce type se presse d’agiter au nez et à la barbe des dirigeants milanais les « offres » d’autres grands clubs européens. Le plan de bataille est prêt, les doutes sur le renouvellement de Donnarumma arrivent dans la presse, la machine est lancée. Il s’agit dès lors de faire sauter le coffre fort des nouveaux investisseurs chinois pour obtenir la meilleur commission possible et un contrat plus juteux pour son poulain. Les Rossoneri iront même jusqu’à proposer un salaire de 5 millions par an à leur jeune pousse (il faut rappeler qu’il touchait 160 000 euros par ans en 2015) : offre repoussée. Dès lors, le joueur a fait savoir qu’il ne renouvellerait pas avec son club formateur et qu’il quittera donc vraisemblablement le Milan AC soit dès cet été, soit l’été prochain. Le PSG et le Real Madrid seraient sur le qui-vive.
Trahison ?
Sa temporisation au moment de renouveler avait déjà irrité nombre des tifosi. Il est vrai que Donnarumma cumule les facteurs aggravants. A 18 ans et alors que le Milan AC lui a tout donné, il décide d’aller voir ailleurs. Envolés les symboles d’affection de ces 2 dernières années. Une pilule forcément difficile à avaler pour tout un peuple qui en avait fait le nouveau Maldini, la nouvelle biandera du club. Oui car en Italie, pays des légendes et de la fidélité, le départ de Totti, intronisé dernier des derniers, a laissé un gout amer aux amateurs de « l’amour de l’écusson ». Gigio alors tout jeune, semblait être destiné à un futur semblable, si ce n’est plus grand avec le Milan AC. Son non renouvellement est un coup de massue pour le peuple milanais, en colère et qui ne semble pas prêt de se calmer, lui reprochant d’avoir gâché tout ce qu’il a construit en même pas 2 années de carrière professionnelle.
Si l’étiquette Mino Raiola prend le pas sur le joueur au moment de lâcher les critiques, il n’empêche que la décision de signer avec l’agent et de ne pas accepter l’offre du Milan AC vient du gardien de but lui même et de sa famille. Difficile de croire que son entourage et lui ne décident de rien malgré l’influence notable de celui qui est aux commandes. Quand on signe avec Raio’, on sait pourquoi. Autre questionnement, si la décision de partir vient de Donnarumma, que faut-il critiquer ? Les méthodes ? Oui. La communication ? Oui. Le départ ? Pas forcément. A 18 ans et après avoir définitivement lancé sa carrière sur la scène nationale et internationale, la soif de passer les paliers et d’avoir un nouveau challenge l’a peut être emporté sur la fidélité que le joueur voulait au premier abord mettre en avant, celle qui importe aux supporters. Si l’argent semble être le facteur important que retiennent les tifosi, le côté sportif joue beaucoup dans un choix de carrière même si dans ce qui transparait dans les médias, cela semble secondaire. Si un départ au PSG ou au Real Madrid se faisait, au delà de l’argent, sportivement et à ce moment même, Gigio passerait alors à l’étape supérieure, c’est indéniable, qui pourrait venir contredire cela ? En revanche sa côte de popularité en Italie est déjà bien salie à même pas 20 ans et ça, c’est bien regrettable. Dans toutes ces possibilités, deux choses sont sures : Mino se frotte les mains, heureux d’avoir encore frappé fort sur un mercato et Gigio va devoir cravacher fort pour faire oublier cet épisode. Et encore plus s’il passe chez la concurrence nationale. Bon courage. Pour les tifosi milanais, c’est une belle claque reçue qui rappelle que le football du XXIe siècle n’est plus le monde des bisounours. Et au fond, il ne l’a peut être jamais été. Business is business.
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