Arrivé sur la pointe des pieds en provenance de Cesena en début de saison dernière, Emanuele Giaccherini a connu les pires difficultés pour s’imposer au sein de la rotation piémontaise. Nous parlons bien de rotation et non pas du onze de la Juventus, car il n’en a jamais fait partie et peine encore aujourd’hui à y faire apparition. Utilisé en tant qu’ailier, son poste de prédilection, par Conte dans un schéma en 4-3-3 en début d’exercice 2011-2012, “la pulce di Talla” n’a finalement jamais convaincu. Trop timoré, il ne parvient pas à s’exprimer avec l’aisance entrevue à Cesena. On se dit alors qu’à l’image d’un Martinez, Giaccherini pourrait être une nouvelle erreur de casting de Beppe Marotta. Mais le joueur de poche dispose d’une qualité dont Antonio Conte raffole, la pugnacité. Il l’essaye donc en tant que mezzala (comprenez par là, dans le milieu à trois s’articulant autour de Pirlo) pour exploiter au maximum ses qualités de contre-attaquant : un coup de génie. Giaccherini se montre décisif et endosse à merveille ce rôle de douzième homme qui lui ouvrira les portes de l’Euro quelques mois plus tard. Une convocation qui divisera.

Fort de son titre de champion d’Italie et d’une saison quasi-parfaite, si on ferme les yeux sur la défaite en finale de la Coupe d’Italie face à Napoli, la Juventus va assommer la concurrence lors du mercato estival. Des arrivées de choix, combinées à des confirmations, vont placer Giaccherini devant un autre défi : confirmer. Et c’est là que le bât blesse, la libellule bianconera n’y arrive plus. Très peu utilisé par Conte, ses rares apparitions se soldent par une succession de crochets manqués et de balles perdues. Six apparitions pour un but et une passe décisive, convenable pour un milieu, mais plus assez face à la concurrence. Plus ou moins évincé de la rotation dans ce milieu à trois, notamment à cause de l’avènement de Paul Pogba, Giaccherini regardera ses coéquipiers depuis le banc de touche durant l’intégralité du mois de novembre et de sa titularisation au poste d’ailier face au Torino début décembre, on ne retiendra que son vol plané face au boucher Glik. Du “haut” de ses 27 ans, la puce ne bondit plus et son avenir pourrait (re)tomber dans l’anonymat.