Un moment que tonton David et son blaze tout droit descendu du conquistador Francisco traînent leur carcasse sur les terrains de Serie A. Mais cette saison le défi a été renouvelé avec l’endossement du maillot violet. Un défi à l’envergure du joueur et de son environnement puisqu’il est entouré de coéquipiers de qualité et surtout chapeauté par un entraîneur aux côtés duquel il a joué et qui le connaît bien. Sur le terrain Pizarro est donc la pierre angulaire du projet florentin. Comme son homonyme de colon avait la main mise sur le Pérou de Tumbes à Cuzco, El Enano de la Providencia (le nain de la providence) règne à coups de pieds sur un territoire s’étendant de la défense à l’attaque. C’est quand il n’est pas là que son importance saute aux yeux: la Fiorentina s’est retrouvée comme un junkie en manque en son absence. C’est une équipe pâle et tremblotante qu’on a aperçue sans lui, alors que sa présence l’a remplie d’assurance et de créativité. Et si son apport ne peut être mesuré par des stats de buteur ou de passeur, il peut l’être grâce à d’autres chiffres d’autant plus pertinents: la Viola tourne à 2 points par match en moyenne avec tonton dans ses rangs, quand il n’en est pas la récolte est divisée par deux.

La générosité est un trait de caractère du bonhomme que l’on retrouve aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Offensivement ou défensivement il n’économise pas ses efforts pour se placer et se replacer, comme son don de 70 millions de Pesos au pays pour réparer habitations et écoles suite au séisme de 2010. Pizarro a une fonction de métronome au sein de l’équipe: il récupère, distribue, oriente, calme et accélère. Son sens du collectif sur l’aire de jeu trouve écho dans sa ville natale au travers des différentes tâches sociales accomplies par le Chilien. Véritable plaque-tournante du milieu le plus technique de Serie A, Pizarro montre encore ses valeurs quand sa destinée de joueur rejoint son destin d’homme. Son seul but cette saison sera dédié à sa soeur décédée quelques jours auparavant. Contrairement au fondateur de Lima qui captura et rançonna le chef Inca Atahualpa sur un coup de traître, le nain ratisse et contrôle malgré des adversaires prévenus de ses intentions. Quant au défi il sera considéré comme relevé si la Fiorentina s’assoit sur un siège européen en fin de saison.