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Udinese, Granada, Watford, les triplés du Paron Pozzo

23 mars 2013 à 19h30         Gilbert Simonutti
Udinese, Granada, Watford, les triplés du Paron Pozzo

Udinese, Granada, Watford, les triplés du Paron Pozzo

Udinese Udinese 

Après, l’Udinese en 1986, la famille Pozzo a mis la main sur les clubs de Granada en 2009 et de Watford en 2012. Trois clubs de trois pays différents détenus par un seul et même patron, la chose intrigue et des questions se posent. Comment ce système marche t-il ? Mais surtout est-il viable d’un point de vue éthique et sportif ?

Qui a dit qu’investir dans le football ne rapporte rien ? Posez la question à un des membres de la famille Pozzo et vous verrez leur réponse. Giampaolo Pozzo est une personne pragmatique et charismatique qui met la valeur du travail au dessus de tout, mais il est surtout un homme d’affaires redoutable avec un flair hors du commun. Âgé de 71 ans, ce Furlan doc a fait fortune dans le matériel travaillant le bois grâce à deux sociétés, la Casal qu’il détient toujours et la Freud qui, après l’avoir implantée dans le monde entier, l’a revendue à la multinationale allemande Bosch pour une somme secrète mais qu’on se doute très élevée. Acheter à bas prix et revendre au prix fort, c’est la devise de la famille, et ce concept a été transplanté avec succès au football. Pour preuve, l’Udinese, achetée en 1986, est devenue en vingt ans l’un des clubs les plus rentables d’Italie voire d’Europe. Comment ? Avec une méthode simple en apparence mais complexe dans la réalisation, acheter des jeunes joueurs en devenir, à partir de 16 ans pour les ressortissants de la Communauté Européenne et 18 ans pour les autres, finir de les former soit dans la Primavera soit en prêt, les lancer en Serie A pendant deux ou trois ans et les revendre à prix fort aux plus grands clubs italiens ou européens. Et ça marche, aussi bien financièrement que sportivement car l’Udinese est aujourd’hui la seule équipe dite Provinciale d’Italie qui dispute régulièrement des compétitions européennes.

Élémentaire, mais pourquoi le club frioulan est un des seuls en Europe avec Arsenal à le faire aussi bien ? L’organisation est extrêmement bien huilée, Gino Pozzo (fils et bras droit de Giampaolo), secondé par l’ancien attaquant international Andrea Carnevale, chapeaute tout le système qui comprend un réseau de 50 recruteurs à travers le monde entier. Chaque région du globe est supervisée mais l’accent est mis sur l’Amérique du Sud, l’Afrique (Ghana et Nigeria principalement) et l’Europe dans sa globalité mais plus particulièrement sur l’Est depuis quelques temps, la Croatie étant le prochain marché porteur de part son entrée dans l’Union européenne en juillet prochain. Un recruteur est envoyé à chaque manifestation internationale et l’objectif est clair, anticiper et arriver avant les autres. Car comme le dit le directeur sportif Larini “dès qu’un gros club se positionne sur un joueur, on ne peut pas suivre.” De plus, un véritable laboratoire est mis en place au siège du club, avec une pièce contenant 75 télévisions et le suivi en continu de tous les matchs de football possibles et imaginables. Rien n’est laissé au hasard et chaque joueur est minutieusement supervisé avant de lui proposer systématiquement un contrat de 5 ans. Résultats de ce système que tout le monde appelle désormais “Modello Udinese”? D’importants profits et le passage de beaucoup de champions au Stadio Friuli, de Balbo et Sensini à Asamoah et Isla en passant par Bierhoff, Amoroso, Iaquinta, Inler ou Sanchez, la liste est longue. Directement ou indirectement via les prêts, les options et autres copropriétés, les bianconeri gèrent environ 120 joueurs pour seulement une vingtaine de places dans l’effectif et c’est à partir de ce constat que Giampaolo Pozzo a eu l’idée d’investir dans d’autres clubs.

En effet, pourquoi faire profiter une multitude de clubs sans véritable retour du savoir faire de la maison Udinese ? Depuis plusieurs années Giampaolo Pozzo souhaitait acquérir un club en Espagne, pays où il passe la moitié de son temps pour raison professionnelle. La première tentative pour racheter l’Espanyol Barcelone ayant échouée, il s’est rabattu en 2009 sur le club de Granada qui végétait en Segunda B, le troisième niveau espagnol, tout en étant en proie à de sérieux problèmes financiers. Sur le coup, la chose, presque anecdotique, passe quasiment inaperçue. Que va-t-il faire d’une équipe espagnole inconnue, moribonde et sans ambitions, pouvait-on entendre dans les bars du Frioul. Mais, dès la première saison, en partie grâce aux prêts de 11 éléments secondaires de l’Udinese, le club monte en deuxième division. Le passage au deuxième échelon est de courte durée car El Grana monte de suite en Liga, là encore grâce à l’apport de six joueurs en provenance d’Udine. Alors que les supporters attendaient ça depuis 35 ans, en l’espace de deux petites saisons, Giampaolo Pozzo a permis au Granada CF de rejouer contre le Real Madrid ou le Barça. Et la saison dernière se termine tout aussi bien avec le maintien du club parmi l’élite avec encore l’apport de plusieurs joueurs en prêt mais, fait nouveau, aussi d’éléments achetés grâce à la cellule de recrutement de la maison mère dont Gabriel Silva.

Satisfait de cette expérience, les Pozzo désirent acquérir un nouveau club pour la saison 2012-13 et ils ambitionnent d’accéder au juteux marché anglais. En quelques mois, l’achat pour 25 millions d’euros de Watford est acté. Ce club de la banlieue Nord de Londres se trouve en Championship mais a participé par le passé à plusieurs championnats de Premier League. Médiatiquement, le coup Watford interpelle et intéresse les médias britanniques. Que vient faire en D2 anglaise une personne qui ne parle pas anglais et qui est déjà propriétaire de deux clubs, se demandent-ils. L’élément de réponse qui revient le plus fréquemment concerne la renégociation des contrats TV de la Premier League qui apportera dans les caisses du dernier promu la saison prochaine, l’équivalent de ce que touche Manchester United cette année, c’est à dire une somme de près de 100 millions d’euros ! Voici une raison plus que valable d’investir outre-manche. Sportivement parlant, les Pozzo mettent les moyens de leur ambition dans l’ancien club d’Elton John. Gianfranco Zola est nommé entraîneur et 10 joueurs arrivent en prêt de l’Udinese. Et pas des moindres. Abdi, Ekstrand, Neuton ou Vydra pour ne citer que ceux ayant débuté en Serie A la saison passée. Les résultats sont bien entendu encore une fois à la hauteur, les Hornets se trouvant actuellement en troisième position à seulement deux points d’une promotion directe et quasiment déjà assurés de participer au moins aux barrages. En l’espace de quatre ans, la famille Pozzo pourrait se retrouver propriétaire de trois clubs engagés dans les trois plus grands championnats du monde. Une belle réussite sportive et financière.

Mais cette réussite intrigue et inquiète même. Que représente réellement Granada et Watford pour les Pozzo ? Si l’Udinese est aussi une affaire de cœur, les deux autres ne semblent avoir qu’un objectif, faire encore plus de profit en vendant encore plus de joueurs. Il Paron se défend des critiques voulant les deux autres clubs de simple filiale de l’Udinese “Granada et Watford bénéficient de notre travail de scouting. Tous les joueurs ne peuvent pas jouer à Udine. Mais attention, ces deux clubs ne sont pas des satellites de l’Udinese, ce sont des entités autonomes et indépendantes.” Toutefois, la pilule ne passe que très moyennement en Angleterre où le football est une tradition avec laquelle on ne badine pas. Les supporters n’acceptent pas d’avoir autant de joueurs en prêt et n’apprécieraient guère de voir leur effectif chamboulé à toutes les inter-saisons comme c’est le cas à Granada. L’identité du club est trop forte et ce foot moderne passe mal. Mêmes incompréhensions et critiques chez les adversaires des hornets qui voient une concurrence déloyale. Un club anglais ne peut se faire prêter plus de cinq joueurs par saison et en faire jouer deux simultanément mais les prêts internationaux sont considérés par la FA comme des transferts, d’où cette idée dont le coach de Crystal Palace, Ian Holloway se fait un porte-parole depuis plusieurs mois, “Il est injuste qu’un club puisse bénéficier d’un tel passe droit (Watford a affronté Crystal Palace avec 8 joueurs en prêt, ndlr), nous, nous ne pouvons faire jouer que deux joueurs prêtés. On doit leur faire respecter les règles.” Une nouvelle règle sur les prêts serait d’ailleurs à l’étude pour la saison prochaine.

L’UEFA, elle, ne s’intéresse pas trop à la question car depuis l’affaire ENIC, un fond d’investissement britannique qui au milieu des années 90 avait acheté d’importantes parts de plusieurs clubs (Tottenham, Rangers et Vicenza entre autres), un même propriétaire ne peut avoir deux clubs dans la même compétition européenne. Mais tout de même, imaginons les trois clubs en lutte pour une place en Europe, que va-t-il se passer ? Vont-ils faire lever le pied à une ou deux équipes ? Imaginez la réaction des supporters de Watford gagnant la Cup et ne pouvant participer à l’Europa League pour la première fois de leur histoire car l’Udinese termine 4ème de Serie A. Un sérieux problème d’éthique et de valeur sportive en perspective !  Car même si les résultats sont bons, ce sont surtout les supporters des trois clubs qui se posent des questions. A Udine, on se demande si l’argent dépensé pour les autres clubs ne pourrait pas permettre de jouer le titre dans un futur proche en gardant les meilleurs éléments et à Watford et Granada on se demande si on est simplement les équipes B1 et B2 de l’Udinese. Malheureusement, dans ce football moderne où seul le business compte, les supporters sont et seront toujours la dernière roue du carrosse.

Gilbert Simonutti       Twitter @Gilbert9176

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