Claudio Ranieri est un sélectionneur heureux. Appelé pour prendre en main l’équipe nationale grecque après la coupe du monde brésilienne, il peut continuer de suivre la Serie A tout en voyant à l’œuvre, chaque dimanche, plusieurs de ses internationaux. Pour les deux rencontres de qualification à l’Euro 2016 contre la Finlande et l’Irlande du Nord, le coach romain a convoqué neuf joueurs évoluant dans l’élite du Calcio. Un petit phénomène qui interpelle. Autant nous sommes habitués à voir débarquer tous les étés une pléiade d’Argentins, Brésiliens ou Uruguayens, autant toujours plus massive de footballeurs helléniques peut surprendre. Avec cinq grecs titulaires (plus un remplaçant), le dernier AS Roma-Hellas Verona a été le match référence qui confirme cette tendance. Ranieri, qui vit à Rome, a donc vu plus d’internationaux ce jour-là en restant dans sa ville qu’en faisant un aller-retour vers Athènes pour suivre un match de l’Olympiakos ou du Panathinaikos.

Les raisons de ce phénomène sont nombreuses. Tout d’abord, les joueurs grecs s’adaptent très facilement au football italien. Ils n’ont pas besoin de plusieurs mois, comme cela peut être le cas pour les sud-américains voire les Français, avant d’être compétitifs. La similitude des deux footballs d’un point de vue tactique, technique et de l’ambiance aide les joueurs helléniques à se caler parfaitement dans le Calcio. Cette saison, le défenseur Manolas (meilleur défenseur central débutant à la Roma depuis Aldair selon les notes des quotidiens sportifs) et le gardien Karnezis à l’Udinese sont l’illustration parfaite de cette facilité d’intégration. L’aspect financier n’est bien entendu pas à négliger non plus. Hormis l’Olympiakos (et encore), les autres clubs grecs souffrent de la mauvaise situation économique du pays et sont dans l’obligation de vendre. Les joueurs n’étant pas particulièrement gourmands en salaire, des bonnes affaires à petits prix sont fréquentes. Par exemple, pour 800.000 euros, Brescia a pu s’offrir Koné en 2010 et la famille Pozzo, Karnezis l’an passé. Quand on voit les sommes astronomiques dépensées par certains grands clubs européens pour des défenseurs centraux, le rapport qualité-prix d’un Manolas qui n’a couté que 13 millions d’euros est extrêmement intéressant. Mais, finalement, cette «mini-invasion » est-t-elle une bonne chose pour la Serie A ? Pas si sur car elle dénote deux aspects négatifs du Calcio. Le premier, celui que les clubs italiens préfèrent ne pas s’embarrasser à former des jeunes et à se servir à moindre coût dans les championnats étrangers dit mineurs. Le second, qu’ils n’ont tout simplement plus les moyens de se battre pour attirer les meilleurs étrangers de la planète foot.