Après un an et demi à Milan, Mario Balotelli quitte une nouvelle fois l’Italie en direction de l’Angleterre. Après avoir passé sa visite médicale ce week-end, l’officialisation de son transfert ne saurait tarder. Encore un gros départ pour le Milan AC et la Serie A même si beaucoup y voient un mal pour un bien.

“Quand un joueur s’en va, cela veut dire que toutes les parties prenantes ont pris cette décision : l’entraineur, le club et le joueur. Certes nous perdons un grand joueur mais nous y gagnons probablement sur d’autres points comme l’envie et l’esprit de groupe“. Filippo Inzaghi ne fait pas dans la langue de bois pour commenter le départ de Mario Balotelli. Il faut dire que l’interprétation du poste d’avant-centre de SuperMario n’a sans doute jamais réellement convaincu SuperPippo. Peut-on alors dire que le Milan ne s’affaiblit pas avec la perte de son supposé atout numéro 1 ? Analyse d’un paradoxe.

CHASSEZ LE NATUREL, IL REVIENT AU GALOP

Pourtant à son arrivée (en fanfare) fin janvier 2013, Balotelli fut accueilli à Milan comme le sauveur de la nation. Adulé par les tifosi rossoneri, le néo numéro 45 répondait même aux attentes avec une deuxième partie de saison de haut vol en témoignent ses 12 buts en 13 matchs de Serie A. La qualification pour la Champions League dans la poche, sa fâcheuse tendance à rester muet face aux grosses écuries passait aux oubliettes. Finies les balotellades (un néologisme pour évoquer ses écarts de conduite), Mario allait porter le nouveau Milan. Cependant comme souvent, “chassez le naturel, il revient au galop“. Malgré un début de saison personnel correct, Mario ne parvient pas à tirer les siens vers le haut. Pis, il pète les plombs face au Napoli s’en prenant violemment à l’arbitre de la rencontre (Luca Banti) après le coup de sifflet final. A son retour de suspension et après avoir raté le choc face à la Juve – il n’affrontera jamais les bianconeri en un an et demi, 2 fois suspendu, 1 fois blessé – son rendement baisse. San Siro le prend alors en grippe excédé par sa nonchalance et son manque de combativité en dépit des résultats catastrophiques. Si la nomination de Seedorf provoque un semblant de renouveau, le feu du paille ne dure pas longtemps. Au bout du compte la saison s’achève dans la douleur même si avec 18 buts en 41 matchs toutes compétitions confondues, Balotelli présente un bilan acceptable. Une coupe du monde ratée et une préparation tronquée plus tard, l’heure est aux adieux.

WELCOME BACK MARIO

C’est dans le Nord-Ouest de l’Angleterre, sur les bords de la Mersey et précisément au sein de Liverpool, mythique adversaire du Diavolo, que la carrière de Balotelli va se poursuivre. L’offre de 20 millions d’euros des Reds a satisfait la Casa Milan pas vraiment réfractaire à l’idée de vendre son meilleur buteur sur la saison passée. 4,5 millions annuels (hors bonus) sur 3 ans – merci Raiola – attendent le joueur qui aura la lourde tâche de faire oublier un autre enfant de chœur : Luis Suarez. Brendan Rodgers, l’entraineur de Liverpool, n’a donc pas peur des forts tempéraments et il se murmure déjà que SuperMario disposera du même psychologue que l’uruguayen. Mario… You’ll Never Walk Alone. Si cette devise et ce chant historique accompagneront ainsi les sorties du natif de Palerme, la pression n’en sera pas moins décuplée. Car à tout juste 24 ans, ses retrouvailles avec l’Angleterre, qu’il a fréquenté de 2010 à 2013 sous les couleurs de Manchester City, sonnent déjà comme sa dernière chance. Seulement quand on se souvient de sa première conférence à Milan – Balotelli avait exprimé son aversion pour la vie outre-Manche et aussi refusé de répondre au Sun – on ne peut s’empêcher d’exprimer des doutes. Notamment sur sa relation avec les médias britanniques qui à n’en pas douter sera encore tumultueuse. De même son avenir avec la Squadra Azzurra est en jeu et si Mario ne parvient pas à exprimer son immense potentiel à Liverpool, Antonio Conte ne s’embarrassera probablement pas de sa présence.

MILAN EN CHASSE AU NEUF

Du côté de Milanello, on s’active dorénavant pour trouver son remplaçant. Cependant et comme d’habitude depuis un moment les hauts dirigeants lombards semblent avoir manqué de recul. En vendant Balotelli maintenant, le Milan réalise une moins-value financière – son achat à City avait coûté 23 M d’€ – un comble pour un jeune attaquant international surtout au vu de la démesure actuelle du marché. De plus, plusieurs options internes et low cost auraient pu/du être anticipées comme la relance de Matri ou le rachat de Paloschi. Certes beaucoup moins tape à l’œil mais suffisant en relais de Pazzini sur une saison sans coupe d’Europe. Surtout cela aurait permis de renforcer d’autres secteurs de jeu largement plus déficitaires. Mais Adriano Galliani ne parait pas l’entendre de cette oreille puisqu’il a placé le poste de numéro 9 tout en haut de ses priorités actuelles de recrutement. Jackson Martinez serait d’ailleurs la cible principale de l’administrateur délégué rossonero mais seule une offre XXL pourra convaincre Porto de lâcher son joyau colombien. A une semaine de la fin du mercato, l’effectif du Milan est ainsi déséquilibré et Inzaghi doit commencer à trouver le temps long en attendant ses éventuelles recrues.