10ème épisode de la Coupe du Monde qui se dispute pour la première fois en Allemagne de l’Ouest. L’Italie se présente en tant que vice-championne du monde en titre et les protagonistes du Mondial mexicain sont pratiquement tous reconduits. Ça finira en eau de boudin.

La FIFA a choisi en une seule fois les pays organisateurs des trois prochaines Coupes du Monde, en respectant toujours l’alternance Europe/autre continent. Un accord est passé avec l’Espagne, cette dernière organisera le Mondial 1982 et la RFA celui de 1974. Simple et efficace.

Qualifications

La Nazionale est toujours entraînée par Ferruccio Valcareggi malgré l’échec à l’Euro 72 et une élimination en quarts de finale par la Belgique, il compte sur la même génération du Mondial 70. Le mode de qualifications est particulier pour la zone Europe, il y a 9 groupes, les 8 meilleurs vainqueurs se qualifient, le moins bon doit affronter le 3ème de la zone Amsud en barrages. Remporter son groupe peut ainsi ne pas suffire. L’Italie est donc opposée à la Suisse, à la Turquie et au Luxembourg. Un bon tirage qui se confirme sur le terrain, même si les débuts sont quelque peu laborieux. A la probante victoire au Luxembourg en ouverture, suivent deux matches nuls 0-0 contre la Suisse et la Turquie. La Nazionale embraye avec une importante victoire en Turquie signée Anastasi, puis finit en roue libre avec le duo Riva-Rivera qui se charge des deux derniers matches, l’attaquant de Cagliari signant même un quadruplé contre le Luxembourg ! C’est une première place tranquille avec 12 buts marqués contre 0 encaissé.

Ferruccio Valcareggi, sélectionneur de la Nazionale de 1966 à 1974

07.10.1972 (Luxembourg) Luxembourg-Italie 0-4 (Chinaglia, Riva x2, Capello)

21.10.1972 (Berne) Suisse-Italie 0-0

13.01.1973 (Naples) Italie-Turquie 0-0

25.02.1973 (Istanbul) Turquie-Italie 0-1 (Anastasi)

31.03.1973 (Gênes) Italie-Luxembourg 5-0 (Riva x4, Rivera)

20.10.1973 (Rome) Italie-Suisse 2-0 (Rivera s.p, Riva)

Groupe 2

Phase finale

Il manque quelques grandes nations du football à ce rendez-vous, l’Angleterre devancée par la Pologne en qualifications et l’URSS qui a renoncé au barrage contre le Chili pour des raisons politiques. L’Espagne est également sortie par la Yougoslavie tandis que les Pays-Bas font leur réapparition pour la première fois depuis 1938. Le Mexique loupe une des seules coupes du Monde au profit d’Haïti, l’Océanie est présente pour la première fois par l’intermédiaire de l’Australie venue à bout des concurrents asiatiques. Enfin l’Afrique a finalement une place assurée et c’est le Zaïre qui l’occupe. Trois rencontres ont été disputées par la Nazionale en guise de préparation dont une victoire historique en Angleterre signée Capello et des 0-0 contre la RFA et l’Autriche.

La Nazionale en préparation à Coverciano

La Nazionale de Valcareggi est certes vieillissante, mais elle se présente avec une série d’invincibilité de 12 rencontres soit 1143 minutes, un Dino Zoff infranchissable et bien aidé par les briscards interistes que sont Facchetti et Burgnich. L’armada offensive reste elle vraiment impressionnante, aux héros des années précédentes (Riva, Rivera, Mazzola et Boninssegna) s’ajoutent Chinaglia, Pulici, Causio et Anastasi ! Une grosse équipe, mais pas moins de 10 joueurs sur 22 ont passé les 30 ans au coup d’envoi du Mondial et la cohésion de groupe est tout à fait relative à cause des petits clans qui se sont formés. S’il y a toujours 16 équipes qualifiées, la formule a quelque peu changé avec une deuxième phase de poules qui vient s’ajouter à la première. On y trouve 2 groupes de 4, les premiers s’affrontent en finale et les seconds en petite finale. Seulement deux matches à élimination directe donc. L’Italie hérite d’un groupe de difficulté moyenne, l’Argentine, la Pologne (absente depuis 1938) et le petit Haïti.

C’est donc le Haïtien Sanon qui met fin à une série de 1143 minutes d’invincibilité de Dino Zoff

Valcareggi compte donc sur ses vétérans et transforme Burgnich en libéro, un Rivera hors de forme est aligné derrière les deux attaquants Chinaglia et Riva, ce dernier également dans une piteuse condition physique. La première sonnette d’alarme est tirée contre Haïti, certes le portier adverse Francillon sort le match de sa vie mais la Nazionale patauge et Sanon ouvre le score en contre-attaque après avoir pris de vitesse Spinosi. Zoff n’aurait jamais imaginé encaisser son premier but depuis deux ans par un Haïtien ! Heureusement l’Italie réagit rapidement et égalise par Rivera, elle prend ensuite l’avantage grâce à un csc d’Auguste puis clôt la marque 3-1 grâce à Anastasi. Ce dernier est entré à la place de Chinaglia, le sulfureux attaquant de la Lazio a envoyé paître son sélectionneur d’un geste très clair au moment de ce remplacement.

Capitan Facchetti course un intenable Kempes

Et comme à presque chaque édition, les problèmes internes perturbent l’équipe, tout le monde s’attend à ce que Long John soit renvoyé chez lui, mais Valcareggi choisit de le conserver grâce en grande partie à la médiation de Tommaso Mestrelli son entraineur à la Lazio. Plus tard, Giorgio expliquera son mécontentement, pour lui 5 ou 6 joueurs de l’équipe championne d’Italie doit composer la sélection et ils n’étaient que trois (lui, Wilson et Re Cecconi) à son grand regret. Bref tout rentre en théorie dans l’ordre et l’Italie affronte une Argentine battue 3-2 par la Pologne dans le premier match. On est plutôt confiant. Les 11 face à Haiti sont de nouveau alignés à l’exception d’Anastasi à la place donc de Chinaglia. Mais les Argentins sont des durs à cuire, ils ouvrent le score par Houseman et l’Italie n’égalise que par un csc de Perfumo sur une percée de Benetti. L’entrée de Causio pour donner un coup de fouet à l’équipe en seconde période ne change rien.

Un duel entre Spinosi et Gadocha lors de Pologne-Italie

Qu’importe, l’Italie reste tout de même en bonne posture pour se qualifier. Elle affronte la Pologne dans le dernier match, laquelle a déjà son billet pour le deuxième tour avoir remporté également son second match, 7-0 contre Haïti. Un nul et la Pologne conserve sa première place et les deux équipes passent. On pense alors au fameux petit arrangement entre amis, Valcareggi met Rivera et Riva sur le banc au profit de Causio et Chinaglia qui fait son retour. Mais les choses se compliquent, d’abord l’arbitre allemand Weyland refuse un penalty pourtant évident sur Anastasi lequel touche aussi le poteau. Burgnich sort ensuite sur blessure et il est remplacé par Wilson. Coup sur coup la Pologne inscrit deux buts par Szarmach et Deyna grâce à deux jolis frappes. Valcareggi tente la carte Pulici mais rien n’y fait, Capello réduit le score en fin de rencontre et l’Italie s’incline 2-1. Dans le même temps l’Argentine bat évidemment Haiti et se qualifie en tant que deuxième. Vice-championne du monde, la Squadra Azzurra sort par la petite porte et un cycle se clôt, pas de la meilleure des manières.

Les matches

1er Tour : 15.06.1974 (Munich) Italie-Haiti 3-1 (Rivera, Auguste csc, Anastasi / Sanon)

1er Tour : 19.06.1974 (Stuttgart) Italia-Argentina 1-1 (Perfumo csc / Houseman)

1er Tour : 23.06.1974 (Stuttgart) Italie-Pologne 1-2 (Szamarch, Deyna / Capello)

Groupe 4

L’effectif

Gardiens : 1 Zoff (Juventus) · 12 Albertosi (Cagliari) · 22 Castellini (Torino)

Défenseurs : 2 Spinosi (Juventus) · 3 Facchetti (Inter) · 5 Morini (Torino) · 6 Burgnich (Inter) · 13 Sabadini (Milan) · 14 Bellugi (Inter) · 15 Wilson (Lazio)

Milieux : 4 Benetti (Milan) · 7 Mazzola (Inter) · 8 Capello (Juventus) · 10 Rivera (Milan) · 16 Juliano (Napoli) · 17 Re Cecconi (Lazio) · 18 Causio (Juventus)

Attaquants : 9 Chinaglia (Lazio) · 11 Riva (Cagliari) · 19 Anastasi (Juventus) · 20 Boninsegna (Inter) · 21 Pulici (Torino)

Sélectionneur : Valcareggi

C’est une Nazionale multi-clubs que celle du Mondial 1974 avec sept équipes représentées. Le socle est juventino-interiste avec chacun cinq représentants et trois titulaires. La Lazio surprenante championne d’Italie a donc trois joueurs, tout comme le Milan. Enfin on compte deux torinisti, deux cagliaritani (les classiques Riva et Albertosi) et un pensionnaire du Napoli (Juliano). De quoi former des petits groupes et compliquer la cohésion de l’équipe.

Equipe-type

Zoff a repris sa place dans les buts après l’intermède Albertosi tandis que la défense se base sur les deux grognards interistes, Burgnich étant reconverti libéro. Cette fois-ci Valcareggi décide bien d’aligner Rivera et Mazzola ensemble, mais c’est ce dernier qui se sacrifiait en jouant pratiquement ailier droit. Le milanista Benetti est là pour – entre autres – cogner. Devant Riva est indéboulonnable, se sont alternés à ses côtés Chinaglia et Anastasi

Et le vainqueur est…

L’Allemagne fait coup double après l’Euro 72 et remporte ainsi sa coupe du Monde à domicile, la deuxième après celle de 1954, elle bat les Pays-Bas de Cruyff en finale. La Pologne tombeuse de l’Italie obtient une surprenante 3ème place en battant le Brésil dans la petite finale tandis que l’Argentine ne passe pas la deuxième phase.