Huitième édition de la Coupe du Monde, si le football de clubs est rayonnant avec les victoires de l’Inter et du Milan en Coupe d’Europe des clubs champions, celui de sélection continue d’éprouver des difficultés et touche là un des points les plus bas de son histoire.

C’est l’Angleterre qui accueille ce Mondial, elle qui en a boudé les trois premières éditions considérant qu’elle était d’office la meilleure nation de football au monde. La candidature anglaise a devancé celle de la RFA tandis que l’Espagne a retiré la sienne.

Qualifications

L’Italie est entraînée par Edmondo “Mondino” Fabbri en poste depuis l’été 1962 et le Mondial chilien. Deux ans plus tard, la Nazionale se fait éliminer en 8èmes de l’Euro et enchaîne donc sur les qualifications de la Coupe du Monde. Enfin de vraies éliminatoires pour l’Italie qui doit affronter l’Écosse, la Finlande et la Pologne et ça commence en fanfare avec un succès 6-1 contre les Finlandais. Après un nul en Pologne, la Nazionale se déplace en Scandinavie et s’impose de nouveau grâce à un doublé de Sandro Mazzola reconverti attaquant par le sélectionneur. La qualification est donc très bien engagée à mi-parcours, reste trois matches de qualifs qui concernent tous l’Italie. Encore un autre 6-1 mais cette fois contre la Pologne avec un triplé du romanista Barison, toutefois la Squadra Azzurra s’incline 1-0 en Écosse dans la foulée et en toute fin de rencontre. Le 7 décembre 1965 à Naples a lieu une véritable finale entre Italiens et Écossais puisque les deux équipes sont à égalité, un nul et on va aux barrages, mais l’Italie s’impose sans coup férir 3-0 et décroche son billet pour l’Angleterre.

Edmondo Fabbri porté en triomphe par ses joueurs après la victoire contre l’Écosse

- 04.11.1964 (Gênes) Italie-Finlande 6-1 (Facchetti, Holmquist (csc) Rivera, Bulgarelli, Mazzola x2 / Peltonen)

- 18.04.1965 (Varsovie) Pologne-Italie 0-0

- 23.06.1965 (Helsinki) Finlande-Italie 0-2 (Mazzola x2)

- 01.11.1965 (Rome) Italie-Pologne 6-1 (Mazzola, Barison x3, Rivera, Mora / Lubanski)

- 09.11.1965 (Glasgow) Écosse-Italie 1-0 (Greig)

- 07.12.1965 (Naples) Italie-Écosse 3-0 (Pascutti, Facchetti, Mora)

Classement Groupe 8

Phase finale

Le format est identique depuis quelques éditions, 4 groupes de 4, quarts, demis et finale et la proportion de nations européennes est toujours prépondérante, 10 sur 16. Si bien que les équipes africaines déclarent toutes forfait pour protester puisqu’une seule place est réservée à trois continents (Asie, Australie et Afrique). Tout le monde est là hormis la Tchécoslovaquie vice-championne du monde en titre et devancée par le Portugal d’Eusebio durant les qualifications. L’Italie a de grandes ambitions durant cette coupe du Monde, son sélectionneur Edmondo Fabbri a construit une équipe qui développe un bon football en opposition à celui défensif de l’Inter d’Herrera qu’il haïssait (il se passe d’ailleurs de Picchi et Corso, deux joueurs clés de la Grande Inter).

L’Italie se prépare, elle est une des favorites avant d’aborder la compétition

Les matches amicaux ont mis l’Italie en confiance, nul en France puis victoires contre la Bulgarie, l’Autriche, l’Argentine et le Mexique, 15 buts marqués et un seul encaissé. Bref le moral est au beau fixe. Cette Nazionale joueuse pouvait compter sur la solidité défensive de Burgnich et Facchetti et la créativité de Mazzola et Rivera, les joueurs symboles des clubs milanais, elle est clairement un des favoris désignés avant que la compétition ne démarre. Par ailleurs, le tirage au sort est plutôt clément, l’URSS certes mais le Chili et la Corée du Nord, cette dernière étant le véritable petit poucet de ce Mondial.

Sandro Mazzola exulte après avoir marqué le second but contre le Chili

Quatre ans après la bataille de Santiago, l’Italie a l’occasion de prendre sa revanche sur le Chili et c’est fait avec une victoire 2-0 signée Mazzola et Barison. Seulement la prestation ne convainc par Fabbri qui le fait savoir à ses joueurs lesquels ne comprennent pas cette sévérité. Comme nombre de ses prédécesseurs, il met sa cohérence de côté et opère une véritable révolution face à l’URSS de Yachine. Pas moins de trois titulaires, Rivera, Barison et Perani sont remplacés par Pascutti, Leoncini et Meroni. L’Italie joue le nul, est dominée physiquement et se fait surprendre par un but de Cislenko, une superbe frappe en pleine lucarne. Reste donc le match contre la Corée du Nord qui est une sorte de finale, les amateurs asiatiques ont obtenu un nul in-extremis contre le Chili, celui qui l’emporte se qualifie pour la phase suivante.

Le dentiste Park doo Ik inscrit le but de la victoire pour la Corée

Les joueurs italiens pensent que ce sera une formalité et le briefing de l’entraineur conforte leurs impressions. Le point fort de l’adversaire est l’endurance et rien d’autre. Ainsi le onze italien est une nouvelle fois révolutionné avec 6 nouveaux joueurs dont 3 sur 4 en défense, on pense déjà à faire tourner en vue des quarts de finale….Le match commence bien pour l’Italie qui obtient plusieurs occasions via Perani. Seulement Bulgarelli sort sur blessure à la demi-heure de jeu, problème, il n’y avait pas de remplacements à l’époque…. A 11 contre 10, la Corée prend confiance et ouvre le score à la 42′ par Park Doo Ik, dentiste dans la vie civile. Le gardien Li Chang Myung stoppe ensuite toutes les tentatives azzurre, d’autant qu’un nul suffit pour passer mais rien n’y fait. L’Italie est éliminée et Fabbri prend la responsabilité de ce désastre et n’est pas prolongé, c’est une quatrième élimination au 1er Tour depuis l’après-guerre. Le retour en Italie est une vraie mission de sauvetage, accueillis à l’aéroport de Gênes par des huées et des tomates, joueurs et staff filent à l’anglaise pour éviter le lynchage car cette défaite est impardonnable.

Les matches

- 1er Tour: 13.07.1966 (Sunderland) Italie-Chili 2-0 (Mazzola, Barison)

- 1er Tour: 16.07.1966 (Sunderland) Italie-URSS 0-1 (Cislenko)

- 1er Tour: 19.07.1966 (Middlesbrough) Italie-Corée du Nord 1-0 (Park Doo Ik)

Classement Groupe D

L’effectif

Gardiens: 1 Albertosi (Cagliari) · 2 Anzolin (Juventus) · 18 Pizzaballa (Atalanta)

Défenseurs: 5 Burgnich (Inter) · 6 Facchetti (Inter) · 8 Guarneri (Inter) · 9 Janich (Bologna) · 11 Landini (Inter) · 21 Rosato (Torino) · 22 Salvadore (Juventus)

Milieux:  4 Bulgarelli (Bologna) · 7 Fogli (Bologna) · 10 Juliano (Napoli) · 12 Leoncini (Juventus) · 13 Lodetti (Milan) · 17 Perani (Bologna)

Attaquants: 3 Barison (Roma) · 14 Mazzola (Inter) · 15 Meroni (Torino) · 16 Pascutti (Bologna) · 19 Rivera (Milan) · 20 Rizzo (Cagliari)

Sélectionneur: Fabbri

L’Inter d’Herrera domine le football italien et européen mais Fabbri qui a une aversion pour l’entraineur argentin ne convoque que 5 membres, autant que Bologna équipe dont il avait un sérieux penchant lui le natif de Castel Bolognese. On compte aussi trois pensionnaires de la Juve, 2 du Milan et 1 de la Roma, du Torino et de l’Atalanta.

L’équipe-type

On arrive à dégager une équipe-type malgré trois compositions de départs assez différente, la défense guidée par le capitaine Salvadore a pratiquement été toujours la même, avec Albertosi dans la boite, les mythiques terzini de la grande Inter sur les côtés. Bulgarelli faisait tourner la boutique au milieu de terrain tandis que Mazzola était aligné en pointe, lui habitué à jouer milieu offensif en club.

Et le vainqueur est…

L’Angleterre remporte donc “sa” Coupe du Monde et justifie enfin le titre de meilleure équipe au monde qu’elle s’était auto-décernée en boudant les premières éditions de la grande messe du football. Elle bat la RFA en finale, parmi les champions du monde on trouve Jimmy Greaves passé furtivement au Milan en 1961 (10 buts en 10 matches tout de même !). L’URSS et la Corée du Nord – qui avaient devancé l’Italie en poules – font respectivement 3ème et 1/4 de finale.