Lors du dernier marché des transferts, le Napoli bénéficiait encore une fois de la plus grosse enveloppe mercato de la Serie A, le président De Laurentiis avait promis pas loin de 50 millions (qu’il n’aura pas dépensé entièrement, loin de là), alors comment un club qui a fait faillite il y a dix ans a-t-il pu ainsi renflouer ses caisses aussi vite ? Tout cela sans aucune aide extérieur d’un oligarque Russe, d’un émir du Qatar ou bien de Fiat… Une situation paradoxale pour un club qui a longtemps connu des problèmes financiers, venant ainsi balayer d’un revers de main tous les clichés sur la ville et ce club décidément renversant.

Rachat et bilans positifs

Nous sommes le 2 Août 2004, la sentence de la septième chambre du tribunal civile de Naples condamne la Società Sportiva Calcio Napoli à la faillite, (la dette est d’à-peu-près 79 millions d’euros) le club ne pouvant plus économiquement survivre il est contraint à la relégation en Serie C1. C’est dans ce chaos le plus total qu’un homme fait son apparition : Aurelio De Laurentiis, important producteur cinématographique en Italie, est l’homme providentiel, il formule une offre de 30M€ au tribunal pour racheter le club et présente un projet sportif intéressant et plein de promesses. Dix ans plus tard, malgré la crise économique qui touche aussi le football, c’est la septième année consécutive que le bilan des comptes napolitains est excédentaire. Et le bilan de cette saison 2013/2014 risque d’atteindre des records économiques, les nombreuses arrivées (Benitez et son staff, Higuain, Callejon, Albiol, Mertens) pourraient être amortis dès cette année. Cette excellente gestion des comptes permet au Napoli d’être la seule équipe italienne à pouvoir acheter sans devoir vendre absolument ses meilleurs éléments, en conséquence ils partent pour très cher, les meilleurs exemples étant Lavezzi et Cavani. Cependant le risque de coût de production élevé oblige de maintenir l’équipe à un haut niveau afin d’assurer une rentabilité. Ajoutez à cela la hausse du prix des abonnements au stade et le développement de la marque “Napoli” (produits dérivés, implantations de Napoli-stores à Milan, projet d’une chaîne tv du club), si chère à son président et vous comprendrez vite pourquoi le club a un avenir économique serein.

Une politique de transferts et de salaires

Si l’argent est le nerf de la guerre les dirigeants napolitains s’en font une règle d’or, avoir une attention toute particulière pour chaque transfert et pour chaque salaire, des leçons surement apprises du passé économique souvent tumultueux. Concernant la politique des transferts il est temps de rendre hommage à l’excellent travail de Marino qui a dégoté de nombreux joueurs qui ont explosé par la suite au plus haut niveau. Les meilleurs exemples sont Lavezzi et Hamsik (on aurait pu citer De Sanctis, Cannavaro, Campagnaro, Maggio, Zuniga ou bien Gargano aussi), des paris réussis qui ont accéléré la progression du Napoli à vitesse grand V. La valorisation comme investissement et plus-valus sur l’avenir donc sans pour autant devenir une Udinese bis qui ne survit que grâce à l’argent des transferts, le budget des mercati(enveloppe de 124 Millions cet été, rien que ça) n’est que de l’argent réinvesti des bonnes finances du club. Mais l’autre point de détail qui fait la force du Napoli est sa très faible masse salariale, tout du moins par rapport aux grands clubs Italiens, pour illustrer cela rien de mieux que se rappeler qu’en 2011 le seul salaire annuel de Zlatan Ibrahimovic au Milan AC égalait la globalité des salaires des onze joueurs titulaires du Napoli ! Aujourd’hui la masse salariale est de 74.1 Millions, la 5ème de Serie A mais loin des 4 premiers qui approchent ou dépassent la barre des 100. Malgré l’arrivée de grands joueurs comme Higuain, la politique reste la même, ne faire aucun excès au contraire de ce que font beaucoup trop de clubs concernant les joueurs lambdas. Autre spécialité napolitaine, les droits d’images des joueurs vont directement au club, ce qui rapporte encore un peu plus d’argent mais qui fait parfois échouer quelques transferts. Cependant, ce qui a rempli le plus les caisses, ce sont tout simplement les bons résultats sportifs, avec notamment les revenus de la Champions League qui rapporte une somme non négligeable en plus des droits TV supplémentaires. Le Napoli est maintenant le 22ème club le plus riche au monde.

Stade et fair-play financier

Afin de rester compétitif Aurelio De Laurentiis se bat bec et ongles pour racheter et rénover le San Paolo afin d’en être le propriétaire et ainsi s’assurer un avenir plus sûr. Un aspect fondamental qui apporterait beaucoup de bénéfices directement au club, la Juventus ayant une longueur d’avance sur ce point. Le président napolitain a bien du mérite quand on sait comment les projets et les appels d’offres sont compliqués dans le contexte napolitain, il a beau menacer les autorités de construire lui même son propre stade, la situation reste pour l’instant au point mort. Si cette question est si importante, c’est en prévision de l’instauration du fameux fair-play financier tant promis par Platini et les instances du foot avec qui De Laurentiis est en guerre permanente, on se souvient de sa crise de nerfs mémorable pour une histoire de calendrier et sa sortie en scooter. C’est un homme plein d’idées novatrices (réforme de la Champions League pour plus de bénéfices, réduire les championnats européens à 16 équipes) et qui n’hésite pas à dénoncer l’imposture des oligarques russes et qatariens face à l’inégalité du fair-play financier tant vendu par l’UEFA. Et même si le président du Napoli est critiquable sur d’autres points, sa gestion des comptes est un exemple à suivre pour la très grande majorité des clubs italiens, ce que certains tifosi partenopei semblent parfois oublier trop vite.