Le stade de la Juventus est-il devenu trop petit ?

Par Boris Abbate publié le 30 Mar 2018
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Si vous êtes un fan de la Juventus, vous avez forcément du vivre cette situation au cours des 6 dernières saisons. Cette envie folle et débordante de braver les kilomètres pour aller assister à une rencontre de la Juventus dans son nouveau stade. Pris d’un élan d’excitation extreme, vous vous empressez alors d’aller sur le net pour tenter de décrocher votre précieux billet. Mais en quelques secondes, votre rêve s’anéantit, et vous vous rendez compte qu’il sera finalement très difficile de venir voir un match à l’Allianz Stadium cette saison. Et pour cause, avec une capacité maximale de 41 500 places, dont environ 30 000 sont réservées aux abonnés, dégoter un siège dans l’enceinte turinoise est quasiment synonyme de parcours du combattant pour tout tifoso non affilié à un groupe de supporter.

Un choix trop prudent ?

Mais alors pourquoi avoir choisi « seulement » 41 000 places pour un nouveau stade d’un club blasonné comme la Juventus ? Premier élément de réponse, en 2008, année de lancement du projet, la Juve venait tout juste de faire son retour en Serie A, et elle tentait tout doucement de se relever du Calciopoli. A l’époque, personne n’aurait imaginé revoir la Vielle Dame retrouver si vite les sommets du football italien et européen. De plus, il est peut être utile de rappeler qu’aux moments des faits, les finances de la Juventus se portaient très mal, et pour ajouter 15 000 à 20 000 places supplémentaires, le prix du stade aurait évolué d’environ 130 millions d’euros, ce qui peut expliquer cette stratégie « minimaliste » du club bianconero.

Un choix encore jugé trop frileux aujourd’hui par certains tifosi, qui n’hésitent pas à critiquer ce manque d’ambition, même si la direction bianconera affirme le contraire, comme l’a récemment souligné Gino Zavanella, l’un des architectes du stade, dans une longue interview accordée à Calciomercato : « Avant le Juventus Stadium, les matchs de la Juventus étaient suivis par une moyenne de 20 000 spectateurs. Aujourd’hui, nous sommes à 39 000 spectateurs en moyenne, donc tout a été extrêmement bien calculé avec le club, pour garantir la meilleure capacité possible ». De ce fait, l’Allianz Stadium affiche maintenant un taux de remplissage exceptionnel en Italie, avec plus de 90 % de présences à quasiment chaque match. Mais ces sold-out à répétitions finissent aussi par créer quelques problèmes, et nul besoin d’être primé en économie pour le comprendre.

(Banderole de protestation des tifosi) Virage du Bayern : 140 euros l’année, mégaphones, tambours et beaucoup de drapeaux ! On peut etre au top et respecter ses supporters ! 

Peu d’offre + forte demande : envolée des prix

La principale conséquence de cet « excès d’attractivité » est sans aucun doute visible dans le porte monnaie des supporters. La Juventus reste sur 6 Scudetti consécutifs, et c’est comme si elle semblait encore plus progresser saisons après saisons. Alors la demande ne faiblit pas autour du stade, et le prix des billets augmente logiquement. Depuis 2012, année du premier abonnement à l’Allianz Stadium, le prix moyen a évolué de plus de 44%. Ainsi, certains supporters ont vu leurs abonnements passés de 275 euros à environ 500 euros en 6 ans, le tout pour une simple place en curva ! Une nouvelle augmentation, qui avait provoqué la colère de quelques tifosi, qui n’avaient pas hésité à montrer leur mécontentement dès le coup d’envoi de la campagne d’abonnement de cette année (voir plus haut). Mais ce n’est pas tout. Certains sièges de l’Allianz Stadium dépassent carrément la barre des 1600 euros à l’année, des prix complètement dingues en Italie, et qui placent même la Juventus 4 ème dans le classement des stades les plus chères d’Europe, derrière le PSG ou encore Arsenal.

(Classement des abonnements les plus chers en Europe)

Non à l’agrandissement du stade

Fondé sur les ruines du révolu Stadio Delle Alpi, l’Allianz Stadium a toutefois était pensé de façon à ce qu’un agrandissement soit envisageable, avec la possibilité de rajouter un troisième anello, pour arriver à une capacité totale de 52 000 places. Seulement, la direction juventina n’en a pas la moindre intention. Son stade constitue toujours une excellente source d’argent, les recettes augmentent d’années en années et la fréquentation ne baisse pas malgré des tarifs qui ne cessent de grimper. Mieux encore, les revenus liés aux activités commerciales autour du stade sont passées de 4 millions d’euros à 15 millions entre 2012 et 2017. Donc pourquoi changer un modèle qui fonctionne à merveille ? « Nous avons construit notre stade d’une façon précise, quelques places en plus ne servent à rien. Avec 95% de taux de remplissage, nous sommes sur la moyenne allemande, c’était notre objectif. Mieux vaut avoir 2 000 personnes sans billets à l’extérieur, que 10 000 places vides à l’intérieur » déclarait même Andrea Agnelli en début de saison.

(Les revenus autour de l’Allianz Stadium)

Au final, la Juventus semble donc tout doucement se diriger vers un modèle à l’anglaise, en tentant d’attirer un certain type de supporter dans son enceinte. Une sorte de sélection qui pourrait peut être mettre à mal le tifo populaire dans les années à venir, avec le risque de voir l’Allianz Stadium devenir comme ces quelques grands stades européens, dépourvus d’âme et avec une ambiance de plus en plus glaçante. Et avec une Juventus toujours en lice pour un septième Scudetto d’affilé et encore en course en Champions League, la situation n’est pas prête de s’arranger.




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