Voici une nouvelle qui tombe à pic. Au moment où la Juventus vient d’enchainer deux déplacements dans des conditions très difficiles (arrivée du bus au stade sous les sifflets, insultes, jets de pierre et coups de bâtons) qui commencent à sérieusement inquiéter, une (si ce n’est LA) des raisons de ce comportement des tifosi adverses vient de prendre du plomb dans l’aile. Il s’agit du fameux but refusé de Turone connu dans l’Italie entière. Bref retour en arrière, saison 1980-81, la Juventus et la Roma sont au coude à coude pour le scudetto (un point les sépare), confrontation directe à l’Olimpico à trois journées de la fin de la saison (score final 0-0), le défenseur giallorosso Turone marque de la tête, l’arbitre Bergamo valide mais l’assistant Sancini lève le drapeau pour un hors-jeu peu évident. La moviola démontrera pourtant que le but était valable, la quoi ? Pour les moins avertis la moviola est une rubrique TV dans laquelle on revient sur les erreurs arbitrales, rubrique bien souvent lourdingue qui occupe la moitié des émissions de football mais dont les tifosi sont malheureusement friands. Inventée dans les années 60 par Carlo Sassi (aujourd’hui âgé de 83 ans), ce dernier a déclaré sur Radio Rai 2 il y a quelques semaines que la moviola de ce match avait été plus ou moins modifiée.

Rappelons que tout cela se passait dans les studios de la Rai (seule chaine nationale à l’époque), souvent comparée à la Curva de l’AS Roma, puisque basée à Rome “un machiniste a quelque peu truqué les images pour faire passer le but comme étant valable” a déclaré le monsieur moviola ! Plusieurs pistes de réflexion s’imposent, ce fait de jeu y est pour beaucoup dans la naissance de la rivalité entre la Juve et l’AS Roma et fait partie de l’histoire du football italien au même titre que le contact Ronaldo/Iuliano en 1998 ou le but fantôme de Muntari en 2012, entrant évidemment dans les mœurs du calcio pour justifier la facilité qu’a la Juventus à remporter des scudetti. On peut également se demander l’intérêt de faire une telle révélation 32 ans plus tard. Mais ce qui intrigue le plus finalement, c’est qu’une rivalité puisse naitre en grande partie sur un fait de jeu aussi difficile à juger, avec un hors-jeu (valable ou pas ce n’est pas la question) probablement millimétré devenant une des preuves clé de la légendaire “soumission arbitral” envers la Vieille Dame (à noter que dans cette même rencontre, la Juve joue à 10 pendant 30 minutes). Pourtant, cette saison encore, on a pu voir la différence de traitement médiatique entre une erreur en faveur de la Juve et en faveur d’un adversaire (ou contre le club turinois). Inutile de faire semblant de rien, l’accueil réservé aux bianconeri est justifié par ce qui s’apparente bien trop souvent à une orientation médiatique. Malheureusement, on ne se bouscule pas au portillon pour condamner tout ça, peut-être aurait-il fallu qu’Asamoah reçoive un pavé dans la tronche pour obtenir une prise de conscience d’un climat qui devient franchement irrespirable.