La cérémonie du ballon d’or vient de se terminer, c’est l’occasion de revenir sur l’histoire récente entre ce trophée et l’Italie. Les sacrés mais aussi les grands oubliés, de Baresi à Cannavaro en passant par Maldini et Baggio.

Pour démarrer, quelques statistiques, cinq joueurs italiens l’ont remporté : Sivori, Rivera, Rossi, Baggio et Cannavaro. Avant l’intronisation de Messi et du Barça, c’étaient même les clubs italiens qui dominaient ce trophée. N’en déplaisent aux négationnistes, la Juventus en a remporté pas moins de huit dont trois de 1998 à 2006 (sous entendu, ce n’est pas Moggi qui jouait à leur place), autant que le Milan AC et donc même plus (neuf précisément) si on compte Cannavaro pour 2006 (au Real au moment où il reçoit la récompense). L’Italie n’a donc pas à se plaindre et pourtant…

Les grands oubliés

Et pourtant, des noms mythiques se distinguent par leur absence au palmarès de ce trophée, contentons nous du dernier quart du siècle. On va tout d’abord se tourner vers le Milan et les années Sacchi/Capello. Les rossoneri n’ont pas eu à se plaindre car ils ont parfois trusté un podium complet (1988 et 1989), mais presque exclusivement composé de son fantastique trio néerlandais, faisant donc passer au second plan Franco Baresi, capitaine au long cours de cette formidable génération. A l’époque, on préférait récompenser Van Basten, légendaire certes, mais pas toujours en pleine possession de ses moyens…Bref, plus dur pour Paolo Maldini qui a laissé passer plusieurs occasions, surtout celle de 1994, visez un peu, scudetto, Champions League et finale de la Coupe du Monde, vainqueur du trophée ? Hristo Stoickhov, fantasque attaquant bulgare…que Maldini a éliminé en demi-finale de la Coupe du Monde et écrasé en finale de la Champions League (4-0 !), un bon porca troia! s’impose. Il aurait également pu y prétendre en 2003 avec la victoire du Milan en Champions League, mais on a préféré Nedved (le lobby de l’Est disent certains, le même qui aurait élu Shevchenko l’année suivante). Évidemment ces deux joueurs étaient pénalisés par leur poste de défenseur, ce qui n’a pourtant pas empêché à Matthias Sammer d’être sacré lors des mêmes années, grâce surtout à une victoire dans une grande compétition estivale, soit l’Euro 96 (en suivant cette logique dont les limites sont plus que reconnues, deux ans plus tôt, c’est une loterie des tirs aux buts qui fait la différence…).

Plus récemment, il y a eu Alex Del Piero, 15 ans de très haut niveau avec la Juve et de multiples trophées n’auront pas suffi, à moindre mesure Totti, rarement en vue sur la scène européenne avec sa Roma mais dont la carrière et le talent n’ont par exemple rien à envier à un Roberto Baggio, pourtant lauréat en 1993 grâce à une Coupe de l’UEFA. On peut également citer Gigi Buffon et Andrea Pirlo, mais cela concerne l’édition 2006, année qui a sacré un autre italien Cannavaro (on y reviendra plus tard). Pour Pirlo, il y a bien entendu cette année, mais on le sait, l’amour rend aveugle…et les passionnés du football italien n’ont pas brillé par leur lucidité concernant ce sujet, criant au scandale après l’exclusion du podium du milieu de terrain. Alors, soyons rapides et efficaces :

- Messi, jérémiade la plus récurrente “mais il n’a rien gagné ?” Premièrement, il n’y peut rien si l’Argentine n’est toujours pas autorisée à disputer l’Euro et si malgré un total de 91 points le Barca n’est pas champion d’Espagne. Ajoutons à ça, l’habituel demi-finale du Barça en Champions League (minimum syndical), puis pour finir, 91 buts sur l’année civile (pas 50, 60, 70 ou 90, non 91, quatre-vingt-onze, novantuno !) battant Müller qui affrontaient des taverniers teutons semi-pros. Bref, des stats d’une autre époque ou d’un autre monde (virtuel, cf Nikiforenko ou Tsigalko.) Alors, on se reprend, voyons.

- Ronaldo, Liga, demi de la LDC et de l’Euro, une avalanche de buts

- Iniesta, l’Euro, le Barça et un rôle aussi fondamental que Messi chez les blaugrana.

Bref, difficile de contester un trio aussi incontestable, Pirlo n’a pas été devancé par Busquets, Sergio Ramos et Rooney par exemple. Là où il y aurait à redire (et comme trop souvent avec le Ballon d’or), c’est à propos de la liste de prétendants, l’absence de Barzagli ou de Cavani pour citer un représentant du Calcio, alors que Balotelli lui est bien là (un doublé en demi d’une grande compet’, même Thuram l’a fait).

Les lauréats italiens

Après les oubliés, les lauréats, et là, mettons fin à une légende (ça tombe bien il était de remise de trophée ce soir) qui veut que Fabio Cannavaro soit un des mystères du ballon d’or au même titre qu’un Owen ou un Sammer. Rafraichissement de mémoire, en l’an de grâce 2006, Capitan Cannavaro remporte le Mondial après un niveau de jeu ahurissant pendant le tournoi, que probablement aucun autre défenseur italien n’a atteint, ni même ses glorieux prédécesseurs (oui, oui). Ajoutez à ça un rôle prépondérant dans une Juve stratosphérique qui battait tous les records en Serie A, voilà qui faisait de lui un sérieux prétendant. S’il ne possédait pas la classe et n’inspirait pas autant le respect que les Maldini, Nesta ou autre Baresi, on parle de là du joueur le plus capé de l’histoire de la Nazionale qui a été au top du top pendant 10 bonnes années (hormis sa parenthèse interiste). Hein, on est loin du rouquemoute germain qui raccroche les crampons à l’age de 31 ans ou du rosbeef aux os de verre. S’il y a bien un scandale cette année-là, c’est l’absence de Materazzi parmi les prétendants, inutile de vous en expliquer les raisons (un mec avec deux Z comme initiales, ou plutôt sa sœur).

A bien y regarder, il y a bien pire que Cannavaro, suffit de s’en tenir aux représentants du Calcio, malheureusement le Ballon d’Or n’est pas encore médium et ne peut prévoir des chutes de niveau et des carrières qui partent en sucette complet. Mais regardez Ricky Kakà (vainqueur en 2007), aux oubliettes depuis plus de trois ans, Andriy Shevchenko (primé en 2004), pitoyable après son départ du Milan à l’age de 29 ans. C’est pour ça qu’on peut se demander si l’absence de Sneijder (pour l’édition 2010) au palmarès d’un trophée qui permet – qu’on le veuille ou non – de rentrer dans la postérité pour toujours est si regrettable, quand on voit où en est le hollandais aujourd’hui. D’où l’importance qu’avaient les autres critères du Ballon d’Or de l’époque (fair-play, carrière, rayonnement, ceux que l’on a d’ailleurs repris pour le joueur de l’année Calciomio) qui s’ils avaient été appliqués à la lettre auraient offert un palmarès (parfois ce sont même plus les podiums qui choquent) dignes de l’importance de ce trophée. Et là aussi, qu’on le veuille ou non, tout le monde en parle et lui donne de l’importance, même ses plus ardents détracteurs.