Championne d’Italie en titre, en pole position pour le conserver et une place dans le G8 de la Champions League. De 2006 à 2013, la Juve aura mis sept ans à reprendre sa place, la boucle est en passe d’être bouclée.

L’enfer de la B et un sentiment d’injustice

A l’issue de la saison 2005/2006, la Juventus est seule, abandonnée. Pointée du doigt par le monde entier, elle est rétrogradée au purgatoire de la Serie B. La rime n’était pas voulue, bien au contraire. Le football italien prend un sérieux coup, une de ses meilleures vitrines sur le banc des accusés. Le présumé innocent n’a que peu existé dans l’esprit des hautes autorités transalpines ; le coupable était trop beau, comme une pêche au gros qui ne pouvait être plus belle. La prise est de taille, pas de meilleure publicité pour la justice italienne : vous trichez comme la Juve, vous payez cash. Bien entendu, ce ne sera pas si simple, plus les années passent, plus des failles dans les enquêtes et les procès (sportif et civil) du Calciopoli voient le jour, renforçant l’idée que la vieille dame est la seule à avoir payé le lourd tribu de la mise au cachot, elle finira même pas être totalement innocentée, les championnats eux seront finalement considérés réguliers. La suite on la connaît ; durs moments dans la vie des tifosi bianconeri. Les railleries pleuvent sur l’équipe turinoise, un sentiment de honte pour certains, une rage de vaincre pour d’autres. L’étendard aura été affaibli, le onze magique se disloquant de toutes parts, les vautours planant autour de la carcasse. Une première saison de son histoire en Serie B, c’est d’ailleurs sûrement à ce moment là qu’est née une nouvelle Juventus. L’ambition n’a jamais cessé, et le retour au sommet, une question d’années.

Le plus bel écrin pour la plus belle des histoires

Les premières saisons du retour en Serie A auront été pénibles mais le jeu en valait la chandelle. Passant de la troisième place lors de la saison 2007/2008 à deux septièmes places sur la période 2009/2011, la Juventus peine à recouvrer son aura d’antan. Il faudra le retour de deux noms historiques à la tête du club pour faire enfin tourner la roue : Agnelli et Conte. La saison 2011/2012 est la saison du renouveau pour la vieille dame avec en tête de gondole un nouvel écrin tout beau tout neuf. Le Juventus Stadium sera donc sorti de terre à l’endroit même où se dressait le Stadio Delle Alpi. Une belle image du phénix renaissant de ses cendres en somme, que la Juve endossera également. Les railleries ne cesseront pas pour autant mais elles ne seront plus liées à la Serie B. Pourtant force est de constater que le mercato n’avait pas été une réussite au niveau des attentes car il serait mentir que de dire que tout le monde était plus que satisfait de voir arriver Mirko Vucinic après une saison très moyenne à la Roma, Arturo Vidal que pas grand monde ne connaissait ou encore Pirlo qu’on disait presque en pré-retraite. Les craintes se seront bien vite envolées ; une saison magnifique couronnée par un titre de champion d’Italie et pas la moindre défaites en 38 matchs de championnat faisant d’elle la première formation en Italie à réaliser une saison sans revers depuis la mise en place du championnat à 20 équipes. Mythique ! Le scudetto sera donc de nouveau brodé sur le maillot bianconero et Del Piero, pourra partir avec le sentiment du devoir accompli

Le Graal qui exalte et fait rêver

Si l’invincibilité a été perdue et les défaites en championnat sont déjà au nombre de quatre, la vieille dame reste tout de même en pole pour conserver son titre. Parallèlement, il y a avait le retour en Champions League à gérer avec une belle qualif pour les quarts et là aussi une invincibilité qui dure. Une renaissance sur le plan européen est en train de se mettre petit à petit en place. Après s’être extirpé d’un groupe relevé avec notamment l’élimination du tenant en titre, Chelsea, les hommes d’Antonio Conte font partie du cercle fermé des huit meilleures équipes d’Europe. Voir la Juve à ce niveau là ne devrait pas être surprenant ; c’est pourtant une demi-surprise, en effet, la dernière fois que les bianconeri s’étaient hissés à ce niveau de la compétition remontait à la saison 2005/2006 et une élimination contre Arsenal. Il est vrai que la Juve ne possède peut-être pas l’équipe nécessaire et l’expérience pour aller au bout mais le bloc équipe créé par Conte, l’ambition dévorante de tous et l’essence même du club ne peuvent que faire croire en l’exploit. Elle est un véritable outsider et est probablement bien placé derrière les deux grands favoris que sont pour le moment le Real et le Bayern. Enfin comme pour la Juve de Capello, celle de Conte est l’ossature d’une équipe d’Italie qui a retrouvé les sommets (championne du Monde en 2006, vice-championne d’Europe 2012). Stade de propriété, entraineur et équipe moderne, moteur de la Nazionale. Modèle de réussite d’un football italien qui a plus que jamais besoin d’être tiré vers le haut. Sept ans plus tard, la vieille dame est de nouveau la locomotive du calcio et même assurément plus qu’avant, comme pour dire que le poids de l’Histoire est bien plus fort que toutes les adversités. Bentornata Juve.