L’Inter, grande perdante de l’affaire Curva/Icardi

Par Christophe Malcangi publié le 19 Oct 2016
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icardi

Malgré un mercato estival actif et des ambitions à la hausse, l’Inter ne répond pas aux attentes. Désormais, le club est éclaboussé par une affaire footballistique née d’un passage de l’autobiographie d’Icardi, passage dans lequel l’attaquant relate les faits qui se sont déroulés lors d’Sassuolo-Inter en 2015. La Curva Nord ne l’a pas bien pris.

Retour sur les faits

Le litige est parti de quelques passages du livre publié il y a quelques jours. Dans son recueil Sempre Avanti, Icardi raconte un épisode ayant suivi Sassuolo-Inter en 2015, match remporté par les Neroverde qui a précédé des tensions avec les supporters. L’intéressé est allé se confronter aux tifosi et raconte alors l’épisode où il retire son maillot pour l’offrir à un enfant. « Malheureusement un chef ultra l’a volé, lui a arraché le maillot des mains et me l’a relancé droit vers moi avec mépris. A ce moment je ne l’ai plus vu, je l’aurais frappé pour le geste de batârd à peine accompli. (…) ‘Je suis prêt à les affronter un par un. Peut-être qu’ils ne savent pas que j’ai grandi dans l’un des quartiers d’Amérique du Sud avec le plus haut de taux de criminalité. Sont-ils cinquante, cent, deux cent? Ça me va, j’enregistre mon message et je le fais entendre : j’apporte cent criminels de l’Argentine qui les tuent sur place, puis nous verrons.’ J’ai craché ces phrases exagérées pour leur faire comprendre que je n’étais pas disposé à céder aux menaces. » 

Une réponse des représentants des ultras a été postée sur le web, intitulée « Icardi, le point final ». L’Argentin est accusé d’être l’artisan de l’histoire du maillot et de l’enfant, « pour se montrer supérieur à nous ». La réponse se conclut ainsi : « Il ne mérite pas l’Inter. Pour être clair, nous précisons : Icardi avec nous c’est fini. RETIRE LE BRASSARD. BOUFFON. Ceci, aujourd’hui oui, nous le réclamons. » Dimanche après-midi au cours de Inter-Cagliari, la Curva expose une banderole qui insulte celui qui « n’est pas un homme, mais une vieille merde. » Lorsque Icardi a obtenu un penalty, les ultras l’ont sifflé. Lui l’a manqué, eux ont exulté. Les contestations de ces quelques tifosi se sont poursuivies quand une trentaine de zigotos se sont rendus sous la maison de l’attaquant nerazzurro. Une banderole exposée. « Nous sommes là, quand tes amis argentins arrivent tu nous préviens ou tu fais la vermine ? ».  

Curva Nord Icardi banderole

La minorité fait sa loi

Les véritables raisons du litige ne sont cependant pas récentes. Icardi a 23 ans, il porte sur lui une réputation d’immature en dehors du terrain ainsi que les casseroles de sa femme Wanda, accusée de ne pas exécuter sérieusement son travail d’agent. Et évidemment, aux yeux des tifosi, le profil ne colle pas avec ceux des Facchetti, Bergomi ou Zanetti. Toutefois Icardi est depuis quelques années l’un des attaquants les plus prometteurs au monde en plus d’être un leader charismatique, et sur le terrain la démonstration est faite. Il est irréprochable. La décision de l’établir comme capitaine fut alors prise par Mancini, décision qui n’a pas été contestée par De Boer. Cependant, si l’on ajoute dans l’équation qu’il est un jeune élément, que l’Inter ne va pas au mieux depuis plusieurs années et qu’il n’a même rien gagné, voilà qui fait naitre d’imprévisibles antipathies de la part des ultras. En revanche lui mettre tout sur le dos ne serait pas juste, loin de là. Les faits relatés dans son livre ont été confirmés par nombre de sources et expliquent sa réaction (sans l’excuser pour autant), d’autant plus que sur ce match, il rentre en deuxième mi-temps à 2-0 et inscrit un but.

Sur cet épisode, la responsabilité des dits ‘représentants’ de la Curva est amplement signifiante puisque l’histoire part de leurs insultes et menaces. Lorsque l’on sait que les autres secteurs de San Siro n’ont pas eu leur mot à dire, et qu’ils n’ont pu que se solidariser par l’intermédiaire d’une pétition, il y a de quoi s’apitoyer. Pendant ce temps, la minorité (qui s’auto proclame majorité) donne ses conditions à Mauro Icardi. Le capitaine nerazzurro est prié de remettre en vente sa biographie sous une nouvelle forme. Il s’agirait dès lors d’une supposée condition pour ramener la paix entre les parties, mais la plaie est infectée.

Icardi Sassuolo Inter

« Un grand chaos… »

Parole de Moratti. « Les tifosi avant tout », phrase de Javier Zanetti, et le « règlement intérieur bien appliqué » évoqué par Ausilio, annonçant la tenue d’une réunion publique. Soixante dix minutes de face à face, au bout desquelles l’Argentin quitte l’enceinte en silence. Les dernières 72 heures nerazzurre annonçaient de la bourrasque en interne. Ce n’est pas arrivé, mais les ravages restent les mêmes. Parce que même si Icardi conserve son brassard et qu’il a promis de retirer le passage de son livre, l’Inter a démontré être incapable de gérer l’épisode. Le club a accepté de se plier aux humeurs d’une partie des tifosi les plus chauds, l’assumant également devant les caméras de télévision, ce sans consulter l’ensemble des tifosi. Majoritaire. Et parce que Dimanche, avant le match, Zanetti avait ouvertement affirmé la suprématie des tifosi sur son joueur. Une réaction passionnée pour celui qui reste encore dans l’âme un ex-capitaine mais qui doit absolument agir en vice-président.

Et au bout du compte une lourde amende. Dans tous les cas une énorme sottise collective, qu’elle soit sportive ou gestionnelle, a conduit à une fracture entre Icardi et la Curva, une autre entre la Curva et le reste des tifosi. Avec le risque que la fissure finisse par s’étendre, amenuisant les performances d’Icardi et sa valeur sur le marché. Tandis que la Juventus est déjà en fuite, l’Inter démontre être une fois encore à des années lumières et jubile dans son auto-scarification. A l’heure qu’il est, ni Icardi ni la Curva n’ont encore totalement gagné la conscience tranquille. L’Inter reste, en revanche, la seule à y perdre totalement.




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Christophe Malcangi

Rédacteur référent pôle news



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