Après un nouveau titre de champion et quelques records à la clé en Serie A, 2013-2014 aura cependant été la saison de la stagnation sur le plan européen. Une équipe peu remaniée mais avec un nouvel entraîneur à sa tête, telles sont les conditions dans lesquelles la Juventus aborde ce nouvel exercice. Dans ce contexte, les turinois sont-ils à nouveau partis pour truster les sommets ?

Objectif de la saison : Gagner sans Antonio Conte

Le scudetto d’abord, encore, et toujours pourrait-t-on dire… En cas de nouveau succès en Serie A, il s’agirait du quatrième d’affilé, un tour de force qui n’a plus été réalisé depuis les années 30. Sur la scène européenne, après la fâcheuse élimination en phase de poule de l’an passé, les dirigeants ont décidé de tabler sur un quart de finale. Mais plus que tout autre chose, l’objectif de ce groupe va être de prouver qu’il peut continuer à glaner des trophées sans son guide Antonio Conte.

La préparation et le début de saison

vs Lucento 2-3 (Llorente x2)

vs Cesena 0-0

vs Sélection indonésienne 8-1 (Pirlo, Llorente x3, Giovinco, Coman, Tevez, Pepe)

vs A-League All Star 3-2 (Llorente, Pepe)

vs Newcastle Jets 1-0 (Giovinco)

vs Sélection Singapour 5-0 (Pirlo x2, Pogba, Giovinco, Asamoah)

vs Milan 0-1 vs Sassuolo 1-0 (Pereyra)

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vs Chievo 0-1 (Biraghi csc)

Le mercato

Arrivées (17.8 Millions) : Evra (def. Manchester), Morata (def. Real Madrid), Coman (f.c PSG), Marrone (rch. Sassuolo), Romulo (p. Hellas), Pereyra (p. Udinese), Motta (r.p Genoa)

soit 3 italiens et 4 étrangers

Départs (25.7 Millions) : Quagliarella (def. Torino), Vucinic (def. Al Jazira), Peluso (def. Sassuolo), Isla (p. QPR), Osvaldo (r.p Southampton)

soit 3 italiens et 2 étrangers

p. = en prêt / r.p = retour de prêt / cop. = en copropriété / def. = définitif / rch. = rachat de l’autre copropriété / r.cop = rachat d’une copropriété / f.c = fin de contrat / opt. = option d’achat levée après un prêt / res. = résiliation de contrat / ret. = retraite / lib. = libre de tout contrat

Ils n’ont fait que passer : (liste non-exhaustive) De Ceglie rentré du Genoa et prêté à Parma, Sôrensen racheté à Bologna et prêté au Hellas, Rossi rentré de Valladolid et prêté à Cordoba, Boakye rentré de Elche et prêté à l’Atalanta, Spinazzola rentré de Siena et prêté à l’Atalanta, Rosseti libre et prêté à l’Atalanta, Magnusson et Leali rentrés de Spezia et prêtés à Cesena, Gabriel rentré de Spezia et prêté à Pescara, Fiorillo rentré de la Sampdoria et prêté à Pescara, Bouy rentré d’Hambourg et prêté à Panathinaikos, Martinez rentré de Novara et prêté à Juventud de Las Piedras, Beltrame rentré de Bari et prêté à Modena, Büchel rentré de Lanciano et prêté à Bologna, Pasquato rentré de Padova et prêté à Pescare, Immobile racheté au Torino et vendu au Borussia Dortmund, Troisi racheté à l’Atalanta et prêté à Zulte-Waregem, Castiglia rentré d’Empoli et prêté à la Pro Vercelli

Pas de folie à l’instar de l’an passé, mais un recrutement plutôt pertinent qui permet de faire évoluer progressivement le noyau de l’équipe. Le peu de moyens à disposition force à utiliser toutes les astuces possibles (prêt, joueur arrivant libre, voire même le transfert avec clause de contre-rachat pour Morata) pour amener du sang neuf. Entre jeunes prometteurs (Morata, Coman), vieux briscard (Evra), et polyvalents (Pereyra, Rômulo), des profils très différents ont donc fait leur arrivée. Peu d’Italiens dans cette nouvelle fournée (la tendance générale en somme), si ce n’est Rômulô (sic) et le retour de l’enfant du pays, Luca Marrone. En ce qui concerne les départs, quasiment tous les indésirables (Quagliarella, Vucinic…) ont trouvé preneur, à l’exception notable de Marco Motta (comme l’an passé).

La recrue phare : Patrice Evra

Il eut été simpliste de résumer Patrice Evra à ses sorties médiatiques pour le moins tapageuses. En recentrant les termes de cette opération sur l’aspect sportif, voilà un joueur expérimenté (au palmarès équivoque) qui devrait permettre d’élever le niveau général sur le côté gauche et de renforcer la concurrence. En tant que spécialiste de la défense à 4, il offre une vraie alternative tactique à Allegri, en plus de son vécu considérable sur le plan de la Champions League. Malgré son âge « avancé » (et encore, 33 ans…), Didier Deschamps continue de lui faire confiance avec l’équipe de France. En bref, un recrutement malin, qui plus est à risque modéré vu le prix relativement bas de son transfert.

La recrue farce : Alvaro Morata

Pas que l’on aime prendre les chiffres à contre-pied (il s’agit du plus gros investissement turinois cet été), ni que l’on voudrait écorner la réputation d’un joueur prometteur, mais la formule choisie pour l’arrivée d’Alvaro Morata a de quoi laisser perplexe. Un transfert de 20 M€, mais une clause de rachat à hauteur de 30 M€ en faveur du Real Madrid. Bref, c’est le reflet de l’ascendant pris par le gotha européen sur nos clubs de Serie A au rayon transferts. Histoire de s’assurer rapidement la venue du jeune attaquant (avant que la concurrence d’autres clubs ne pointe le bout de son nez), la Juve a dû accepter cette clause qui lui empêchera une belle plus value (ou de le garder) si Morata explose au plus haut niveau. En gros, un pari sur l’avenir mais à court terme, paradoxalement, et pour 20 M€ (tout de même…) : s’il s’avère gagnant, ce sont bien les madrilènes qui pourront tirer les marrons du feu. Mauvaise augure on espère pas, mais le joueur s’est blessé dès son arrivée, ce qui renforce le côté tragi-comique de cette opération.

L’entraîneur : Massimilliano Allegri

Suite au départ “surprise” et précipité d’Antonio Conte au début de la préparation estivale, l’offre qui s’est présentée à Max Allegri était bien trop belle pour être refusée. Après une fin de bail difficile au Milan (conclue par un limogeage en janvier au profit de Clarence Seedorf), cette saison doit lui permettre de prouver qu’il fait bel et bien partie du top des entraineurs de Serie A. Cela devra passer par rien de moins qu’un scudetto (chose qu’il était parvenu à obtenir lors de sa première saison chez les rossoneri). La hâche de guerre semble avoir été enterrée avec Andrea Pirlo (le départ du milieu de terrain de Milan étant en partie imputable à ses choix tactiques), et il semble pour l’instant emporter l’adhésion du groupe bianconero. Mais quoi qu’il en soit, la comparaison avec Conte ne sera jamais bien loin cette année, et les tifosi l’ont à l’oeil malgré tout.

L’effectif

vous pouvez le consulter ici 26 joueurs dans le groupe pro : 14 italiens, 12 étrangers

Rien de nouveau sous le soleil : les années passent et Gigi Buffon reste le numéro 1 incontesté dans la hiérarchie des gardiens. Le capitaine de la Juve entame là sa quatorzième saison à Turin. Derrière lui, Marco Storari se contentera des journées de Serie A les plus tranquilles et de la Coupe d’Italie. Un temps en partance pour Sassuolo (pour palier à la blessure de Pegolo), il a été retenu de justesse, faute d’un portier digne de ce nom pour le suppléer. Enfin, Rubinho l’homme de l’ombre est cette année encore le troisième gardien : difficile d’envisager ne serait-ce que quelques apparitions le concernant.

Côté défense, peu de changements on été apportés cet été, si bien que le trio formé par Barzagli, Bonucci et Chiellini devrait constituer le tiercé gagnant dans le cadre d’une défense à 3. Mais attention pour Barzagli : le champion du monde 2006 a vu en fin d’année dernière Martin Caceres lui grignoter du temps de jeu. De retour à Turin, Luca Marrone pourrait faire office de vice-Bonucci comme il y a deux ans, tout en restant une alternative possible au milieu. Lui et Angelo Ogbonna sont cependant les derniers choix dans la hiérarchie des centraux. Sur les côtés, Lichtsteiner semble encore intouchable. Nouvelle doublure à droite cependant en la personne de Rômulo. C’est à gauche que la concurrence s’annonce plus serrée entre Asamoah (le taulier ces dernières années) et le nouvel arrivant Patrice Evra. Le Français aurait éventuellement une carte à jouer si Allegri choisit d’évoluer à 4 derrière. Comme d’habitude, Marco Motta est lui probablement hors circuit et se contentera de toucher son salaire.

Le milieu de terrain est sans aucun doute le secteur de jeu le plus concurrentiel : le trio formé par Pirlo, Vidal et Pogba a fait plus que ses preuves l’an passé. Difficile de se résoudre à mettre Claudio Marchisio sur le banc, et pourtant il faudra faire des choix : Il Principino est par ailleurs le plus apte à dépanner en cas de forfait de Pirlo, mais Allegri n’exclut pas d’essayer le polyvalent (mais éternel remplaçant) Padoin à ce poste en cas de pépin. De polyvalence il est également question avec Pereyra, qui va devoir batailler pour se faire une place, mais qui selon le schéma tactique pourrait se rendre utile dans un rôle excentré. À noter qu’Asamoah et Rômulo peuvent également apporter leur contribution au milieu en cas d’absence(s).

Le duo d’attaque de l’an passé a lui aussi fait ses preuves, et il paraît clair que Carlos Tevez et Fernando Llorente ont pour l’instant une confortable avance sur les autres joueurs offensifs. Juste derrière, Morata fait office de potentiel titulaire à terme s’il se remet bien de sa blessure, alors que Giovinco semble un cran en dessous dans la hiérarchie. En cas de passage à 3 joueurs devant, Simone Pepe est bien placé pour postuler sur un côté, mais difficile de l’imaginer ailleurs que sur le banc sans cela. Enfin, le jeune Coman peut rendre des services, de par sa polyvalence et son talent précoce, sa titularisation face au Chievo en ouverture du championnat en témoigne.

L’équipe-type

L’ancien 3-5-2 de Conte et l’équipe type de l’an passé constituent une base de départ, mais Allegri a d’ores et déjà annoncé qu’un passage en 4-3-3 ou 4-3-1-2 serait envisageable à plus ou moins court terme. Ce changement tactique aurait pour conséquence le sacrifice d’un des stoppeurs au profit d’un latéral gauche, à voir entre Barzagli et Bonucci. De nombreux ballotages sont à prévoir au milieu, mais le positionnement des trois joueurs restera immuable, peu importe le schéma tactique adopté. Devant, les places de Tevez et Llorente semblent donc assurées. En cas d’ajout d’un ailier (Pepe, Morata, Pereyra…), l’Apache serait amené à occuper lui aussi un côté, pour laisser le champ libre à Llorente en pointe.