Alors qu’elle espérait franchir un palier pour enfin prétendre à une place sur le podium, la Fiorentina ne réalise pas vraiment un début de saison en adéquation avec ses ambitions. Méconnaissable dans le jeu, la Viola éprouve toutes les peines du monde à enchaîner les bons résultats et stagne aujourd’hui en milieu de tableau, loin des cadors du championnat et de ses rêves européens. Retour sur une affaire qui ne se déroule pas totalement comme prévue

“Je vous invite à tous rester unis, car c’est cette empathie qui a fait la force de la Fiorentina ces deux dernières années. Nous ne pouvons pas nous permettre de la perdre et nous mettrons tout en œuvre pour que la situation s’améliore rapidement.” Le ton est solennel, la mine plutôt grave. Avant même la première question des journalistes vendredi dernier en conférence de presse, le directeur sportif florentin Danièle Pradè a tenu à prendre la parole pour tenter d’apaiser un climat qui se fait de plus en plus pesant sur les bords de l’Arno. Un appel à l’union sacrée jugé nécessaire à l’heure où la Viola traverse très certainement la période la plus délicate depuis son retour au premier plan il y a deux ans. Le groupe florentin est en effet sous le feu des critiques après un premier quart de championnat pour le moins décevant. Incapables d’enchaîner deux succès consécutifs, les Toscans ne l’ont emporté que trois fois en 11 matchs pour quatre nuls et quatre défaites dont deux à domicile. Tant est si bien qu’ils accusent aujourd’hui un retard déjà important sur le duo Juve-Roma et pointent à huit points de la troisième place occupée désormais par leurs derniers bourreaux partenopei. Autant dire que si les ambitions de Ligue des Champions ne sont bien sur pas définitivement remises en cause, il est évident que la Viola s’est tirée une sacré balle dans le pied et va devoir réagir. Vite.

Un secteur offensif à l’agonie

Et si réaction il doit y avoir, il faudra avant tout retrouver de la constance dans le jeu. Car au vue des prestations du début de saison, force est de constater que les Florentins sont bien loin du niveau de performance qui leur avait permis de retrouver le haut du tableau depuis deux ans. Il suffit d’ailleurs de regarder les chiffres pour s’en convaincre. Alors qu’elle faisait partie des attaques les plus prolifiques ces deux dernières années, le secteur offensif de la Viola ne survit aujourd’hui qu’avec les trop rares fulgurances de Cuadrado ou Ilicic et l’activité du tout jeune Babacar. Le résultat n’est ainsi pas bien glorieux. Les Florentins n’ont inscrit pour l’instant que 10 petits buts en 11 matchs de Serie A, soit deux fois moins qu’à la même période l’an passé. Un total famélique, preuve des difficultés actuelles d’une Fiorentina qui balbutie un football sans imagination, sans saveur, qui se résume trop souvent à des phases de possessions stériles et stéréotypées. Habituée à maîtriser son adversaire au milieu de terrain, la domination florentine est aujourd’hui moins évidente. Le jeu de passes, moins fluide, trop souvent axial, ne parvient plus à surprendre des équipes bien regroupées profitant de la moindre perte de balle pour piquer en contre une défense parfois fébrile. Alors on peut bien sur invoquer les blessures longues durées du duo Gomez-Rossi, celle du malheureux Federico Bernardeschi rejoint tout récemment par le capitaine Pasqual, mais ces absences, si handicapantes soient-elles, ne peuvent pas expliquer à elles seules une telle involution.

L’Aeroplanino et ses cadres en proie aux doutes

Comme souvent dans ce genre de situation, beaucoup d’observateurs pointent alors du doigt la responsabilité du mister, et bien qu’il conserve entièrement la confiance de ses dirigeants, Vincenzo Montella essuie depuis quelques semaines de nombreuses critiques. Qu’elles soient justifiées ou non, le fait est que l’Aeroplanino connaît effectivement les premières vraies difficultés de sa jeune carrière d’entraîneur et semble à cours de solution pour relancer la machine. Et ce n’est pourtant pas faute de tenter. Face aux limites de son 4-3-1-2, il avait décidé de revenir à ses premiers amours en reconduisant avec succès un 3-5-2 face à l’Udinese, pour finalement repasser à la défense à 4 face à la Sampdoria au Napoli avec deux défaites à la clé. Des choix mitigés donc, et une flexibilité dans sa gestion tactique qui, si elle pouvait un temps être considérée comme une force, apparaît plutôt comme une forme d’impuissance, le témoin de certitudes aujourd’hui ébranlées.

Mais si on ne peut nier la part de responsabilité du technicien napolitain dans ce début de saison poussif, il est cependant difficile de ne pas évoquer la méforme de beaucoup de ses cadres, et notamment celle son trio de milieu de terrain. Habituel garant de la qualité de jeu de la machine viola, Borja Valero a en effet connu un gros coup de moins bien en début d’automne tout comme Alberto Aquilani qui s’est progressivement éteint après quelques prestations encourageantes, alors que David Pizarro se distingue lui plus par ses pertes de balles assassines que ses ouvertures lumineuses. Il va sans dire que c’est toute l’animation offensive qui s’en trouve alors affectée, à l’image de Juan Cuadrado qui n’a marqué qu’une seule fois en championnat pour l’instant. S’il est toujours aussi déconcertant balle au pied, le Colombien a tendance à trop souvent vouloir faire la différence tout seul face à l’absence de mouvements, multipliant ainsi les mauvais choix. Bref, la situation n’est pas glorieuse et il n’est pas incongru de penser qu’un turn-over plus régulier pourrait apporter un nouveau souffle tout en relançant une concurrence à même de concerner de nouveau l’ensemble de groupe.

L’Europe pour mieux repartir ?

Vous l’avez bien compris, les éclaircies se font rares dans le ciel florentin et il n’y a guère que la scène européenne pour apporter un peu de baume au cœur à des tifosi amers et inquiets. Le contraste est en effet saisissant entre les débuts en Serie A et le parcours en Europa League où la Viola s’est qualifiée en seizièmes de finale après seulement quatre matchs. Même s’il est vrai que le tirage au sort a une nouvelle fois été extrêmement clément, le bilan est flatteur (3 victoires, 1 nul, 8 buts marqués 1 encaissé) et l’opportunité intéressante pour des Florentins qui se verraient bien aller loin dans la compétition. Du reste, Vincenzo Montella peut se réjouir des retours simultanés de Mario Gomez et Marko Marin qui ne seront pas de trop pour étoffer le secteur offensif et offrir de nouvelles solutions, alors que Giuseppe Rossi devrait rentrer très prochainement des Etats-Unis pour entamer son processus de réathlétisation. Si tout se passe comme prévu, l’international italien pourrait ainsi retrouver les terrains en début d’année prochaine et on pourrait alors enfin (re)voir à l’oeuvre son duo avec Gomez pour la deuxième partie de saison. D’ici là, les hommes de Montella devront impérativement profiter d’un calendrier plus abordable pour retrouver de leur superbe et tenter ainsi de reconquérir une place plus en phase avec leurs ambitions.